L'École Pointe-au-Chien ouvre ses portes et devient la première école franco-indienne

Le 16 août, les professeurs et dirigeants  de l'école ont accueilli les premières classes de la maternelle et le premier livre.

Gaëtan Lombard présente les mots de base du français à la classe inaugurale de l'école Pointe-au-Chien le 16 août 2023. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane

Par Jonathan Olivier

Gaëtan Lombard était assis sur une chaise basse devant ses trois élèves, sa main dans une marionnette de panda. Il dirigeait une activité visant à briser la glace pour inciter ces enfants de cinq ans à prononcer leur premier mot de la journée en français.

Bonjour, répétait Lombard, jusqu'à ce que, l'un après l'autre, ses élèves commencent à répéter le mot eux-mêmes. Ces trois élèves, qui ont participé le 16 août à la première journée d'école de l'année scolaire inaugurale de l'École Pointe-au-Chien, ont poursuivi leur journée immergée dans le français en apprenant les jours, les mois, les nombres et des commandes simples.

Les responsables de l'école ont accueilli les élèves de la maternelle et du premier livre au Vision Christian Center à Bourg, où l'école sera logée pendant quelques mois avant de déménager dans le bâtiment des Chevaliers de Colomb de la Pointe-aux-Chênes. Après un an ou deux de rénovations sur le site de l'ancienne école primaire de Pointe-aux-Chênes, qui a fermé ses portes en 2021, l’école s'y installera de façon permanente.

L'École Pointe-au-Chien, autorisée et financée par la législature de l'État, est la première école d'immersion française à desservir une population majoritairement amérindienne. Christine Verdin, directrice générale de l'école et citoyenne de la Tribu Indienne Pointe-au-Chien, a déclaré que son école sera la première à intégrer, à grande échelle, les dialectes locaux de Louisiane parlés par les communautés indigènes et cadiennes des environs. Selon Verdin, le français est encore utilisé quotidiennement dans ces deux paroisses, en bas et en haut du bayou, par les grands-parents et d'autres membres de la famille.

L'École Pointe-au-Chien est la première école d'immersion française à desservir une population majoritairement amérindienne. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane

« Bien que Gaëtan vienne de France, il a déjà commencé à mettre les mots de le français de la Louisiane dans ses leçons, parce qu’il connaît c’est important pour nous-autres et nos enfants d'apprendre notre français aussi. On veut amener le français de la Louisiane, les Cadiens, les Indiens, et la culture de les deux. »

Cynthia Breaux Seitz, francophone du sud de la paroisse de Lafourche, enseigne l'anglais et sera secondée par Cynthia Owens, francophone de Thibodaux, qui enseignera aussi la vie sociale et l’art.

L'accent mis sur les enseignants locaux et le maintien du dialecte français régional est au cœur de la mission de l'école, qui consiste à préserver et à perpétuer la culture des nombreuses communautés du bayou qui composent les paroisses de Terrebonne et de Lafourche. Will McGrew, PDG de Télé-Louisiane et président du conseil d'administration de l'École Pointe-au-Chien, explique que cet aspect distingue l'école des quelques 30 programmes d'immersion existant dans le reste de la Louisiane.

« Si on considère d'autres situations de langues minoritaires, l'objectif des écoles de la langue minoritaire était de maintenir la langue et la culture vivantes telles qu'elles sont parlées, plutôt que d'être simplement une deuxième langue. Alors que parfois, lorsque les écoles d'immersion en Louisiane sont présentées, c'est un peu flou de nos jours, où on se demande si c'est juste pour apprendre une deuxième langue ou si c'est spécifiquement pour garder la langue et la culture louisianaises vivantes. À l'École Pointe-au-Chien, on peut vraiment voir que, bien sûr, on apprend une deuxième langue, mais que l'objectif principal de l'école est de maintenir la langue et la culture locales en vie. »

Afin d'initier les élèves au français de la région, Verdin a indiqué que des francophones de la communauté viendront participer à des ateliers culturels, discutant de sujets tels que la pêche à la chevrette et les pratiques locales, comme la vannerie de latanier. L'accent mis sur le maintien non seulement de la langue de la région, mais aussi de la culture à laquelle elle est liée, est l'une des raisons pour lesquelles l'École Pointe-au-Chien a obtenu un tel soutien de la part des dirigeants de l'État. Le gouverneur John Bel Edwards a insisté à plusieurs reprises sur ce point important lorsqu'il a apporté son soutien au financement de l'école.

L'École Pointe-au-Chien sera éventuellement installée sur le site de l'ancienne École Primaire de Pointe-aux-Chênes. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane

« La langue et la culture de nos communautés côtières, comme Pointe-aux-Chênes et l'Isle de Jean Charles, font de la Louisiane un État sans pareil, a déclaré Edwards. Je suis fier de voir le travail de cette communauté et des leaders de la législature, en particulier le président pro tempore Tanner Magee, pour transmettre cet héritage à la prochaine génération avec la création de la première école d'immersion française à Lafourche et Terrebonne. »

Magee, R-Houma, n'a pas hésité à soutenir l'École Pointe-au-Chien, soulignant qu'il s'agit d'une valeur ajoutée et d'un atout pour la région. « Je suis content que la Louisiane investisse dans nos communautés et notre culture en apportant ce type d'enseignement à Terrebonne. On peut construire toutes les levées du monde, mais ça va pas nous aider si on investit pas dans les personnes qui se trouvent icitte. »

Beryl Amédée, R-Houma, qui a assisté à l'inauguration de l'École Pointe-au-Chien, a déclaré qu'à une époque où les locuteurs natifs du français louisianais ont souvent plus de 60 ans, l'École Pointe-au-Chien est un outil important dans la lutte pour sauver ce qu'il reste. Amédée a souligné qu'en formant une nouvelle génération de francophones dans la région, ces communautés seront mieux équipées pour poursuivre ce qui a été transmis.

« Nous avons un avenir ici. Nous pouvons écrire de nouvelles chansons en français, par exemple. Nous pouvons avoir de nouvelles traditions et continuer à avancer avec les temps modernes, parce que nous ne voulons pas seulement préserver le passé : nous voulons continuer à faire vivre notre culture dans l'avenir. »

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