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John Bel Edwards inaugure la nouvelle bâtisse de l'École Pointe-au-Chien

En août, l'école a ouvert ses portes dans un lieu temporaire en attendant les rénovations de son site permanent, l'ancienne École Primaire de Pointe-aux-Chênes.

En août, l'école a ouvert ses portes dans un lieu temporaire en attendant les rénovations de son site permanent, l'ancienne École Primaire de Pointe-aux-Chênes.

Le gouverneur John Bel Edwards après son discours à l'École Pointe-au-Chien le mardi 7 novembre 2023. Wayan Barre/Télé-Louisiane

Par Jonathan Olivier

Lors de l'inauguration de l'École Pointe-au-Chien mardi, le gouverneur John Bel Edwards a souligné qu'il était temps de prendre des mesures pour préserver et faire progresser le français en Louisiane avant que la dernière génération de locuteurs natifs ne disparaisse.

« Ces enfants viennent ici et apprennent le français, mais ils rentrent chez eux avec des parents qui ne parlent pas français, a déclaré Edwards. Mais le français est renforcé par les grands-parents. Si nous avions eu une génération de plus, ce serait exponentiellement plus difficile, et cela ne serait probablement jamais arrivé, que nous nous accrochions à cela. »

Edwards s'est rendu mardi dans la petite communauté de Pointe-aux-Chênes pour l'inauguration officielle du nouvel endroit de l'école, situé dans un bâtiment des Chevaliers de Colomb. L'école publique, premier programme d'immersion française des États-Unis destiné à une population majoritairement amérindienne, a été créée par voie législative en 2022. Elle a été créée à la suite du tollé provoqué par la fermeture de l'École Primaire de Pointe-aux-Chênes en mai 2021 et d'un effort mené par la Tribu indienne de Pointe-au-Chien en collaboration avec des partenaires tels que Télé-Louisiane, le consulat de France et le ministère de l'Éducation de la Louisiane. L'école est désormais dirigée par un conseil d'administration indépendant.

Wayan Barre/Télé-Louisiane

Depuis la signature du projet de loi, Edwards a exprimé son soutien à l'école et à l'initiative historique menée par son administration. Lors de l'événement de mardi, il a réitéré son engagement en faveur du français dans l'État comme moyen de renforcer l'économie, la culture et les petites communautés de la Louisiane.

« Ils obtiendront de meilleurs résultats que les enfants des écoles qui ne pratiquent pas l'immersion française, et vous allez tous vous en rendre compte, a-t-il déclaré. Par conséquent, cette école va rapporter des dividendes pour les années à venir. »

L'École Pointe-au-Chien a été temporairement hébergée dans le Vision Christian Center à Bourge depuis le mois d'août, et après avoir déménagé au KC Hall vers l'Action de grâce, elle y restera jusqu'à l'année scolaire 2025-2026, lorsque les rénovations de l'ancien bâtiment de l'École primaire de Pointe-aux-Chênes devraient être achevées.

Christine Verdin, directrice générale de l’École Pointe-au-Chien, a déclaré que l'école a inscrit davantage d'élèves depuis le début de l'année scolaire et qu'elle travaille à l'acquisition d'un autobus, entre autres mesures visant à assurer la longévité du programme au sein de la communauté. Verdin a fait remarquer qu'en août, ses élèves ne savaient pas du tout parler français et qu'aujourd'hui, ils utilisent cette langue tous les jours.

« Pour voir eusse après chanter en français, prononcer le pledge en français et parler entre eusse en français, c'est vraiment quelque chose très positif, a-t-elle déclaré. Et eusse va back chez eusse et eusse parle français. »

En plus d’Edwards et Verdin, le Consul général de France Rodolphe Sambou, le président du conseil d'administration de l'EPAC et PDG de Télé-Louisiane Will McGrew et le représentant créolophone Mike Huval, R-Pont Breaux, ont également prononcé des discours lors de la cérémonie d'inauguration devant un public composé de membres de la tribu de Pointe-au-Chien, des parents, des fonctionnaires de l’État, des militants francophones et d’autres membres de la communauté.

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La Veillée revient back pour une deuxième saison sur LPB

Chaque semaine, Télé-Louisiane met en avant différents aspects de la culture et le mode de vie louisianais dans la seule émission TV de nouvelles en français louisianais. 

Chaque semaine, Télé-Louisiane met en avant différents aspects de la culture et le mode de vie louisianais dans la seule émission TV de nouvelles en français louisianais. 

Drake LeBlanc/Télé-Louisiane

Par Jonathan Olivier

La deuxième saison de La Veillée a été diffusée pour la première fois le 5 octobre sur Louisiana Public Broadcasting (LPB). Ce premier épisode était consacré à l'ouverture de l'école Pointe-au-Chien et aux efforts déployés par l'école pour enseigner le dialecte français local de la région.

La série est diffusée tous les jeudis à 19h45 en français de Louisiane et sous-titrée en anglais. Elle fait partie de l'engagement continu de LPB à mettre en valeur la culture et l'héritage français unique de la Louisiane. « L'engouement des téléspectateurs pour cette série souligne le grand intérêt des Louisianais pour la langue et l'histoire françaises, a déclaré Jason Viso, directeur de la programmation de LPB. Mais l'intérêt pour La Veillée dépasse notre public louisianais. Grâce au streaming, la culture française de la Louisiane a été mise en lumière dans le monde francophone, en particulier en France et au Canada. »

La deuxième saison de La Veillée couvrira à nouveau des histoires uniques et passionnantes à travers la Louisiane. Après l’École Pointe-au-Chien dans la première, le deuxième épisode a focalisé sur la langue et la culture singulières des Créoles de la Paroisse Pointe Coupée.

Drake LeBlanc/Télé-Louisiane

Plus tard dans la saison, l'équipe explore l’impact du magasin Sid’s One Stop Shop dans le Nord de Lafayette, retourne à la Pointe-aux-Chênes pour parler aux pêcheurs des chevrettes à propos  de la crise actuelle de l'industrie, visite les Festivals de l’Omelette Géante à Abbeville puis du Manger Français à Larose, fait une interview exclusive avec le nouveau Consul général de France en Louisiane Rodolphe Sambou et partage un portrait de la star de l’émission Swamp People Troy Landry.

Will McGrew, PDG et cofondateur de Télé-Louisiane, a déclaré que La Veillée était nécessaire dans le cadre des efforts déployés pour maintenir le français de Louisiane en vie. « Chaque épisode constitue une nouvelle ressource audiovisuelle attrayante pour les locuteurs et les apprenants du français en Louisiane, a-t-il déclaré. Mais La Veillée, c'est bien plus que du français : la série raconte aussi les histoires uniques des habitants de la Louisiane et nous rappelle que nous devons être fiers de notre culture incomparable. Nous sommes très heureux de nous associer à LPB dans cette entreprise pour une deuxième saison. »

Tous les épisodes de la Veillée sont disponibles en ligne sur Télé-Louisiane et LPB.

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La légende de Pachafa

Dans la paroisse des Avoyelles, il existe un conte louisianais qui transcende le temps et la langue.

Dans la paroisse des Avoyelles, il existe un conte louisianais qui transcende le temps et la langue.

Il n'existe pas d'images historiques du Pachafa, c'est donc un rendu d'artiste donne un aperçu de la créature mythique. Illustration par Burt Durand

Par Natalie Roblin

Cet article a été publié en partenariat avec Country Roads Magazine. Lire l’article en anglais sur leur site web ici. 

Si on prononce le mot « Pachafa » dans la paroisse des Avoyelles, on obtient probablement au moins la moitié d'une histoire. Depuis des générations, les enfants redoutent l'histoire de l'effroyable créature mi-homme qui vient les kidnapper. Quant à l'autre moitié de l'histoire . . . cela dépend à qui on la demande. 

« Quand t’étais un tit bougre, t’étais seul dans les bois, dans la cyprière, commence l'anthropologue Dustin Fuqua, originaire de la paroisse des Avoyelles. C'est très calme. T’entends un sifflement. » Il émet un sifflement aigu entre ses dents, puis marque une pause : « Et tu guettes en haut, en haut de l'arbre. Et voilà.  Le Pachafa ! »

Fuqua raconte l'histoire, tel qu'il l'a entendu des membres de sa famille lorsqu'il était enfant. « Pachafa commence à descendre du cyprès, poursuit-il en levant les yeux. Il voit le tit bougre. D'une main, il offre des herbes ; de l'autre, il offre un couteau. Si le tit bougre choisit les herbes, il devient un homme-médecine. S'il choisit le couteau, il devient un guerrier. »

Si l'histoire de Pachafa est familière aux habitants de toute la paroisse, elle est très présente dans la communauté de Bayou Blanc, qui se trouve à quelques milles du siège de la paroisse à Marksville, près de la réserve de la Tribu Tunica-Biloxi. Pour Fuqua, Bayou Blanc est la mise en scène effrayante de Pachafa. « Mon premier souvenir de Pachafa est celui d'un drive dans notre char vers la Spring Bayou Wildlife Management Area », raconte Fuqua, à qui sa mère a toujours dit que Pachafa vivait dans un ancien bâtiment, près de la rampe de mise à l'eau de Boggy Bayou, à une vingtaine de minutes de chez eux. Fuqua et sa famille faisaient souvent le trajet, avec une sorte de peur et d’anticipation au fur et à mesure qu'ils avançaient sur la route de gravier, de plus en plus près de la maison de Pachafa.

La zone de gestion de la faune de Spring Bayou s'étend sur 12 000 acres à travers le marais de la rivière rouge. Une série de coulées, de lacs et de bayous traversent la région et ses communautés, et les habitants de cette région connaissent tous le conte de Pachafa. Dans les alentours de ce marais, au milieu de la réserve de la tribu Tunica-Biloxi, se trouve la Coulée de Greus, qui se coule dans la Old River, et puis dans la zone de gestion de la faune de Spring Bayou. La Coulée de Greus et la zone de Spring Bayou, ainsi que le cimetière de Fort DeRussy dans la communauté de Brouiliette, sont des endroits importants dans les récits des Tunicas et des Créoles. Comme le souligne Fuqua, la Coulée de Greus est un lieu sacré où se trouvaient autrefois des cimetières et, selon certains récits des Tunicas, où le Pachafa reste. Bien que Pachafa n'ait pas de port d'attache explicite, il plane près et autour de ces cours d'eau et des côteaux amérindiens qui les entourent. « Son histoire est assez localisée et, d’après moi, c'est à cause des côteaux », explique Fuqua.

Langue et transmission

La langue influe sur la nature malléable du conte et du nom de Pachafa. Les nombreuses versions du conte illustrent l'interaction complexe de la culture et de la langue qui constituent historiquement la paroisse des Avoyelles. Si le nom le plus largement reconnu pour la légende est « Pachafa », il existe plusieurs orthographes et interprétations. Pour les enfants qui ont entendu le conte en français ou créole louisianais, il est devenu « Johnny Pachafa ». Certains, comme Fuqua, pensent qu'il s'agit d'une version anglicisée du conte populaire français « Jean à patte de fer », qui fait référence à un personnage doté d'une prothèse de pied. Pour les membres de la tribu Tunica-Biloxi, c’était « Tanapachafa », ou simplement « Tanap », un mot choctaw associé à la guerre.

Pete Gregory, conservateur du Williamson Museum de la Université d’État du Nord-Ouest, et Donna Pierite, du Tunica-Biloxi Cultural and Educational Resource Center, ont traduit la légende tunica comme « Tanap apah achafa », décrivant vaguement un mi-homme, mi-guerrier n'ayant qu'une jambe. D'après les recherches de Fuqua, Gregory et Pierite, le mot « tanap » pourrait également dériver du mot tunica « tana », qui signifie « louse », un terme d'argot courant pour désigner une personne canaille. Le mot tunica « pachafa » est utilisé pour décrire quelqu'un qui marche en boitant : une idiosyncrasie notoire de Pachafa.

Dans presque toutes les versions du conte, le Pachafa est mi-homme, mais l'autre moitié peut aussi être mi-cocodrie ou mi-cheval. Parfois, il est simplement décrit comme la moitié d'un homme, longeant les voies ferrées ou rôdant dans les bois et les clos.

Fuqua et Pierite pensent que le conte de Pachafa pourrait avoir été repris du conte choctaw du « petit peuple ». Dans cette légende, un petit garçon se promène dans les bois et doit choisir entre un couteau et des herbes. La Tribu Tunica-Biloxi comprend de nombreux descendants de Choctaw qui, au fil des générations, ont pu réinterpréter ce conte et préserver l'histoire de « Tanapachafa ». Certaines versions tunica font référence aux herbes et au couteau, tandis que d'autres versions opposent Tanap au jeune garçon dans un combat de lutte.

Un rite de passage

Les membres de la Tribu Tunica-Biloxi considèrent l'écoute du conte de Tanapachafa comme un rite de passage. Pierite, qui est la gardienne des légendes et des chansons de la tribu Tunica-Biloxi, éprouve des sentiments complexes à l'égard de Tanap. « Il y avait de la peur, mais aussi du respect », explique-t-elle. Elle se souvient de la manière cérémoniale dont sa grand-mère partageait les contes : elle barrait la porte d'entrée, puis la porte de sa chambre, asseyait les enfants sur le côté du lit et, à voix basse, transmettait le savoir de Tanap à la génération suivante.

Pour Pierite, entendre ces contes était un événement privé et personnel. Dans son enfance, on lui a dit de ne raconter à personne les contes qu'elle entendait, ce qui a été une façon de se protéger d'éventuels jugements ou moqueries. Pierite décrit une telle difficulté qu'elle a eue au début à partager ces contes avec le public lors des Pow Wows des Tunica-Biloxi. Au fil des ans, cependant, sa fierté a vaincu ses craintes. « C'est notre héritage. C'est notre trésor », dit-elle.

La nature intime des contes populaires autochtones, ainsi que le départ d'un grand nombre de Tunicas de la région des Avoyelles au cours des cinquante dernières années, peuvent contribuer à la forte association de Pachafa avec la tradition de la communauté créole des Avoyelles. Cependant, comme la plupart des meilleures traditions louisianaises, ce conte est un amalgame des nombreuses cultures qui composent la région. Chacune de ses diverses versions est essentielle à sa préservation.

Un conte oral

Depuis près de dix ans qu'il effectue des recherches sur la légende de Pachafa, Fuqua n'a trouvé aucune référence historique ni aucun récit écrit sur cet esprit légendaire, à l'exception d'une brève description qu'il a contribué à créer pour la bière « Pachafa Pale Ale » de la Broken Wheel Brewery de Marksville. L'histoire est toujours changeante, toujours en évolution, préservée uniquement dans les archives de la mémoire individuelle. C'est peut-être ce qui rend ces traditions orales si sentimentales ; nous nous accrochons à nos variations subtiles des histoires comme un moyen de rester proches de nos identités et de nos ancêtres. C'est aussi ce qui fait du folklore un agent unificateur, qui nous permet de nous unir autour de points communs et d'expériences partagées. Comme l'explique Nathan Rabalais dans son livre « Folklore Figures of French and Creole Louisiana » : « Le paradoxe de la spécificité et de l'universalité est ce qui donne aux lecteurs et aux auditeurs du monde entier l'impression particulière d'être à la fois familiers et nouveaux. »

Le pachafa est régional et spécifique : il se cache toujours dans des endroits proches tels que les clos de maïs, les bayous ou sous les ponts des alentours. Selon Rabalais, ce processus de substitution d'éléments décoratifs ou superficiels d'une histoire—comme ce que pourrait être l'autre moitié de mi-homme—s'appelle la « localisation ». « La localisation est responsable de la relativité du récit et de la proximité affective avec l'auditeur. Les histoires changent et prennent des aspects contemporains afin de devenir plus pertinentes pour chaque communauté, chaque famille, chaque personne », explique-t-il.

Conclusion

Il est pratiquement impossible de démêler les différentes versions du conte de Pachafa, tant ils sont imbriqués les uns dans les autres : tous se prêtant, au fil du temps, les uns aux autres. Aujourd'hui, les créoles des Avoyelles se souviennent avoir entendu l'histoire de Johnny Pachafa en tant que « tit garçon », lors des promenades de fin de semaine au camp avec les frères et les oncles ou les pères et les grands-pères, sans nécessairement se rendre compte de que ce conte était lui-même une adaptation des contes folkloriques de la tribu de Tunica-Biloxi.

La façon dont Pachafa, dans toutes les versions, est devenu un mi-homme n'est pas claire. Cette partie du conte semble changer à chaque fois, mais elle est toujours horriblement créative : une tronçonneuse, un train, une machine à couper le bois, le diable. Les contes de Pachafa n'existent pas en lignes droites parallèles les uns aux autres, mais plutôt en courbes et torsions, s'entrelacent comme des étendues d'eau, s'écoulant parfois en harmonie. Et parfois se coupant les uns les autres. 

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Les habitants de Pierre Part travaillent pour maintenir leur français

Grâce aux efforts des anciens et des enfants inscrits dans un programme d'immersion, cette petite ville de Louisiane possède l'un des pourcentages les plus élevés de locuteurs du français aux États-Unis.

Grâce aux efforts des anciens et des enfants inscrits dans un programme d'immersion, cette petite ville de Louisiane possède l'un des pourcentages les plus élevés de locuteurs du français aux États-Unis.

Par Sara Guillot

« Je t'aime grand comme ça », me disait mon grand-père, les bras les plus tendus que possible. J'étais jeune, avant l'âge scolaire, et ces mots m'étaient étrangers. Mon grand-père, qui n'est pas d'ici, n'a pas grandi en parlant français. Cependant, chez nous-autres, à Pierre Part, il est pratiquement impossible d’y vivre sans apprendre quelques expressions familières.

Pierre Part est un petit village situé dans la paroisse de l'Assomption, où les Acadiens sont arrivés à la fin du XVIIe siècle. Aujourd'hui, près de 40 % des habitants de Pierre Part parlent encore au moins un peu de français, selon le Bureau du recensement des États-Unis, ce qui représente l'un des pourcentages les plus élevés de tout le pays. Bien que le nombre de locuteurs de langue maternelle française ait diminué au fil des ans, la langue et la culture occupent une place particulière dans le cœur de la communauté.

J'ai commencé à apprendre la langue quelques années plus tard grâce au programme d'immersion française de l'école primaire de Pierre Part. À ce moment-là, j'ai pu comprendre ce que mon grand-père me disait.

J'ai considéré le français comme un nouveau superpouvoir. Je pouvais écouter des adultes qui bavardaient en ville et comprendre ce qu'ils disaient sans attirer l’attention. Lorsque ma petite sœur a commencé à apprendre le français, nous avons traité la langue comme un code secret, étranger à nos parents anglophones. Ce n'est que bien plus tard que j'ai pu apprécier ce que l'apprentissage du français signifiait pour moi et pour ma communauté.

La langue française à Pierre Part a commencé à décliner lentement lorsque les enfants ont commencé à fréquenter les écoles publiques au milieu du XXe siècle, après que la Constitution louisianaise de 1921 a déclaré que la langue d'enseignement dans les écoles publiques de l'État devait être l'anglais, malgré la présence de majorités francophones dans de nombreuses communautés. Ray Crochet, qui a grandi à Pierre Part, m'a raconté que même si ses enseignants décourageaient les enfants de parler français en classe, ils tenaient en compte des difficultés qu'ils rencontraient au début.

Ray Crochet a grandi en parlant le français louisianais à Pierre Part. Ethan Castille/Télé-Louisiane

« Ils sympathisaient avec nous-autres. Ils pouvaient pas bien enseigner s'ils comprenaient pas. Nous-autres, on était aussi étrangers pour eux-autres qu'ils l'étaient pour nous-autres, et puis ils voyaient bien qu’on faisait le mieux possible. » Il a expliqué qu'il était enthousiaste à l'idée de répondre à une question en classe, mais que les mots sortaient à moitié en anglais et à moitié en français.

En grandissant, Crochet a enduré la stigmatisation que les américains, ou les anglophones, associaient à sa langue maternelle. La barrière linguistique le sépare, lui et les autres habitants de Pierre Part, du reste de la paroisse qui a adopté l'anglais à plus grande échelle.

« Comme tu pouvais pas t’exprimer en anglais aussi bien que l’autre, il y avait du monde qui pensait que toi, t’as manqué d'intelligence, a-t-il déclaré en faisant référence au fait de travailler aux côtés d'anglophones. Mais on mesure pas notre intelligence par rapport à la langue qu’on parle, ou même à la maîtrise de cette langue. »

Crochet a dit qu'il revient encore souvent au français lorsqu'il parle avec sa femme, Bessie, ou lorsqu'il rencontre ses anciens amis. Il a mentionné à quel point le français leur est apparu plus naturellement et qu'ils sont plus à l'aise pour le parler que l'anglais.

Malgré la trajectoire descendante du nombre de francophones en Louisiane au cours des décennies, de nombreux gens du Pierre Part ont insisté pour transmettre la langue. Carol Ann Aucoin, ancienne directrice de l'école primaire de Pierre Part, a transmis la langue à ses filles parce que leurs grands-parents et arrière-grands-parents parlaient français.

« Mes filles parlent le français non pas parce qu'elles l'ont appris à l'école, mais parce qu’on pensait que c’était important qu’elles avaient la possibilité de communiquer avec leurs grands-parents », elle a déclaré.

En 1990, Aucoin a été contactée par Ed Cancienne, l’ancien surintendant des écoles, pour discuter des améliorations à apporter au système éducatif de Pierre Part. Aucoin a exprimé son désir de mettre en place un programme d'immersion française. Cancienne lui a donné le feu vert et elle a obtenu le soutien enthousiaste des habitants et de certains enseignants de l'école.

Il existe encore de nombreuses gens qui parlent français comme langue maternelle à Pierre Part. Ethan Castille/Télé-Louisiane

En 1991, le programme d'immersion française de Pierre Part a officiellement démarré avec deux classes, la maternelle et le premier livre, ce qui en fait l'un des programmes les plus anciens de l'État.

« Nous-autres, on a pensé que c’était mieux de commencer avec ces deux classes, puis d'ajouter une autre classe chaque année, jusqu'à la huitième livre, a expliqué Ruth Blanchard, ancienne enseignante de français à l'école primaire de Pierre Part et à l'Assumption High School. Comme ça, les enfants étaient d'abord exposés à la langue à un moment où ils pouvaient apprendre le français en même temps que leur langue maternelle, puis développer sur cette base tandis qu'ils progressaient à l'école. »

Chaque jour, Blanchard a enseigné une demi-heure de français à des élèves de la maternelle au quatrième livre qui n'étaient pas inscrits au programme d'immersion. Cela a permis à tous les élèves d'être exposés au français, même s’ils ne faisaient pas partie du programme.

Il était important pour les enseignants et le corps professoral d'impliquer la communauté. Les élèves ont participé à divers événements dans le village, notamment en chantant pour l'illumination de l'arbre de Noël et en servant la messe en français à l'église catholique Saint-Joseph le travailleur.

« C'était très important pour la communauté de voir ces jeunes gens parler français, a déclaré Blanchard. Beaucoup de personnes âgées sont venues à la messe parce qu’ils se rappellent de l'avoir entendue en français. Ils ont jamais pensé qu'ils auraient la chance de l'entendre une autre fois. »

Les étudiants ont également participé au « Fais-Do-Do », un événement musical et culinaire organisé par Les Amis du Français de Pierre Part, une organisation à but non lucratif qui vise à protéger le programme d'immersion, afin de mettre en valeur le patrimoine du village pour les jeunes générations.

Christopher Templet a suivi le programme d'immersion française de 2006 à 2015, notamment parce que les membres de sa famille, en particulier du côté de son père, parlent français. À la fin du programme, il a eu le sentiment d'être véritablement bilingue. Aujourd'hui, il parle français avec sa famille et s'est fait des amis francophones à l'école.

« Le français est quelque chose que je vais garder avec moi pour toujours. Cette langue m'a permis de me sentir vraiment en contact avec les racines de mon pays d'origine. Je comprends mieux la vie au Pierre Part, la vie en général, en sachant que c'est ce que faisaient mes ancêtres. Ça m'a vraiment aidé à construire mon identité. »

Si certains étudiants en immersion ont mis fin à leur aventure avec le français après avoir terminé le programme, d'autres ont pleinement adopté la langue et l'ont intégrée à leur vie quotidienne, comme Erin Barbier, qui a fait partie de la première classe en 1991. Bien que le français ait disparu de sa vie pendant un certain nombre d'années au cours de ses études secondaires, elle a été attirée à nouveau par cette langue en dernière année du lycée. Après avoir obtenu son diplôme, elle a continué à étudier le français à l'université.

Aujourd'hui, elle est coordinatrice de l'enseignement des langues du monde au sein de l'Austin Texas Independent School District et présidente sortante de l'Association des langues étrangères du Texas. Elle a ouvert deux programmes de français au Texas, qui sont toujours actifs. Son poste actuel dans l'administration lui permet de jouer un rôle plus important en aidant les étudiants qui cherchent à apprendre une deuxième langue.

« Pierre Part est un très petit village, mais le programme d'immersion en français m'a ouvert les yeux sur l'histoire de ce que cela signifiait d'être Cadien, de ce que cela signifiait d'être issu d'une famille de francophones », a déclaré Barbier.

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Saint-Luc met fin à son projet d’un campus immersif, mais la fierté demeure

Le conseil d'administration de l’organisation à but non lucratif a acheté l'hôpital à Arnaudville, ce qui est des années 1960, en 2019. Après des problèmes de financement et de rénovation, il vendra le bâtiment.

Le conseil d'administration de l’organisation à but non lucratif a acheté l'hôpital à Arnaudville, ce qui est des années 1960, en 2019. Après des problèmes de financement et de rénovation, il vendra le bâtiment.

Mavis Arnaud Frugé sur le campus de Saint-Luc à Arnaudville. Will McGrew/Télé-Louisiane

Par Jonathan Olivier

Le conseil d'administration de Saint-Luc, un centre d’immersion linguistique et culturelle basé à Arnaudville, a annoncé le 17 septembre la fin du projet et la vente du bâtiment.

Saint-Luc, une organisation à but non lucratif, a acheté le bâtiment de l'hôpital général St. Luke à Arnaudville en novembre 2019 dans l'espoir de le rénover pour accueillir des cours d'immersion française. Après avoir obtenu le bâtiment, qui a été construit en 1967 et est resté inoccupé depuis 1990, les responsables de Saint-Luc ont collecté des fonds et remplacé le toit, et ont commencé à nettoyer l'intérieur du bâtiment. Au fil des ans, Mavis Arnaud Frugé, fondatrice du projet, a fait appel à des bénévoles pour organiser des ateliers et des cours.

Malgré des progrès, il est devenu de plus en plus évident que les coûts d'investissement importants pour mettre le bâtiment aux normes seraient insurmontables pour la petite organisation communautaire. Le conseil d'administration va faire évaluer le bâtiment et, après la vente, il remboursera les investisseurs.

Frugé, l’ancienne présidente du conseil d'administration de Saint-Luc, a travaillé sans relâche pour donner vie au projet dans sa petite ville natale. Son idée de créer le programme Saint-Luc a commencé par une session d'immersion française de cinq jours en 2005, organisée au NUNU Art and Culture Collective à Arnaudville par Amanda LaFleur, ancienne professeure de français à l'université d'État de Louisiane. Avec LaFleur, Frugé a aidé à coordonner des sorties immersives avec les francophones d’Arnaudville, des activités comme la pêche à l'écrevisse ou le kayak. Le programme a été appelé Sur Les Deux Bayous, en hommage à Arnaudville qui se trouve au confluent des bayous têche et fuselier.

Le conseil d'administration de Saint-Luc a annoncé le 17 septembre la fin du projet et la vente du bâtiment. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane

« J'ai rencontré du vaillant monde à travers les années avec ce projet, a déclaré Frugé. Avec notre programme pilote, on avait beaucoup d’étudiants et d’écoles qui sont venus apprendre le français et découvrir notre culture. »

En 2008, Frugé et le fondateur de NUNU, George Marks, avaient élaboré un plan pour acheter le bâtiment vacant de l'hôpital et le transformer en un programme d'immersion française, le premier du genre dans le pays, en s'appuyant sur ce qu'ils avaient déjà établi et en s'inspirant de la structure du programme de l'Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse.

LaFleur, qui a récemment occupé le poste de présidente du conseil d'administration de Saint-Luc, a déclaré que le projet Saint-Luc n'a jamais été un bâtiment, mais plutôt une communauté avec Frugé en son centre. 

« Ceux qui ont participé aux activités organisées par Mavis et son armée de bénévoles— les tables françaises, les programmes d’immersion, les ateliers, les cours de langue et d’artisanat, des rencontres interculturelles, des soirées de cartes et des soirées de poésie—constituent une communauté dévouée à cette cause. Mavis, avec son enthousiasme et sa générosité, nous a invités tous à voir d’une nouvelle perspective le bijou qui est la Louisiane française. Et on constate définitivement par le grand nombre de monde qui revient encore et encore vers Arnaudville que ce projet réussit. »

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La Tribu Indienne Pointe-au-Chien achète l'ancienne école primaire de sa communauté

À la suite d'un procès avec la commission scolaire de la paroisse de Terrebonne, la Tribu a acheté l'ancien bâtiment pour y installer l'École Pointe-au-Chien, une école francophone.

À la suite d'un procès avec la commission scolaire de la paroisse de Terrebonne, la Tribu a acheté l'ancien bâtiment pour y installer l'École Pointe-au-Chien, une école francophone.

Christine Verdin, directrice de l’École Pointe-au-Chien. Drake LeBlanc/Télé-Louisiane

Par Jonathan Olivier

La Tribu Indienne Pointe-au-Chien a acheté de la commission scolaire de la paroisse de Terrebonne le bâtiment qui abritait autrefois l’ancienne École Primaire Pointe-aux-Chênes, selon les responsables de la Tribu. La Tribu prévoit d'utiliser le bâtiment pour accueillir l'École Pointe-au-Chien, un nouveau programme public d'immersion française qui a ouvert ses portes en août.

Patty Ferguson Bohnee, citoyenne et avocate de la Tribu Indienne Pointe-au-Chien, a indiqué que la vente du bâtiment pour un dollar ferait partie du règlement d'une bataille juridique fédérale de deux ans entre le conseil scolaire et les parents de l'ancienne école élémentaire. Les responsables du conseil scolaire de la paroisse de Terrebonne ont voté la fermeture de l'École Primaire Pointe-aux-Chênes, qui compte l'une des populations d'élèves amérindiens les plus importantes de l'État, en avril 2021, malgré les appels de la communauté et des représentants de l'État. Le lieutenant-gouverneur Billy Nungesser, par exemple, et le Speaker Pro Tempore de la Chambre de Représentants Tanner Magee voulaient permettre à l'école de rester ouverte dans le cadre d'un programme d'immersion française réorganisée.

Un procès intenté par 12 parents, majoritairement de la Tribu, en juin 2021 alléguait qu'en fermant l'école et en refusant l’immersion, le conseil scolaire avait violé la Civil Rights Act, ainsi que le 14e amendement de la Constitution et l'article 1 de la Constitution de Louisiane, en pratiquant une discrimination fondée sur la langue et donc sur l'origine nationale à l'encontre des élèves amérindiens et cadiens de la communauté. En outre, selon les parents, le conseil scolaire n'a pas respecté les exigences de la Immersion School Choice Act.

Après une année de manifestations publiques de la part des membres de la Tribu Indienne Pointe-au-Chien, ainsi que de nombreux activistes et partenaires francophones, la Législature de Louisiane a voté à l'unanimité au printemps 2022 le financement et l'ouverture de l'École Pointe-au-Chien en tant qu'école publique spéciale similaire au New Orleans Center for the Creative Arts (NOCCA) à l'initiative de Magee. L'école est dotée d'un conseil d'administration indépendant, distinct de la commission scolaire de la paroisse de Terrebonne, dont les membres ont été nommés par les Tribus indiennes de la région des bayous du sud-est de la Louisiane, ainsi que par des représentants de l'État, dont le gouverneur John Bel Edwards. Il s'agit aujourd'hui du premier programme d'immersion française dans la paroisse de Terrebonne.

« C'est une nouvelle historique que notre Tribu soit désormais propriétaire du bâtiment scolaire ayoù tant de nos membres tribaux et de nos ancêtres étaient interdits d'inscrire et ensuite étaient punis pour parler notre langue patrimoniale, le français indien", a déclaré Ferguson Bonhee. Nous sommes impatients de mettre le bâtiment à la disposition de l'École Pointe-au-Chien pour qu'il devienne sa dernière demeure après sa reconstruction, et nous savons qu'il continuera d'être un pilier pour la préservation de la langue et de la culture françaises de notre communauté indienne et cajun pour les générations à venir. »

L'École Pointe-au-Chien est temporairement hébergée au Vision Christian Center à Bourg, où elle offre des classes de maternelle et de premier livre. Les responsables de l'école ont indiqué qu’elle déménagera éventuellement dans le bâtiment des Chevaliers de Colomb à la Pointe-aux-Chênes, pendant que l'ancienne école sera rénovée. Chaque année, les responsables prévoient d'ajouter une classe, jusqu'à la cinquième. Les travaux de rénovation des bâtiments de l'École Primaire Pointe-aux-Chênes devraient durer deux ans, après quoi la propriété deviendra le siège de l'École Pointe-au-Chien.

« C'est vraiment un jour historique dans la lutte pour la côte, la culture et la langue française menacées de la Louisiane, a déclaré Will McGrew, président du conseil d'administration de l'École Pointe-au-Chien et PDG de Télé-Louisiane. Tant de gens ont dit qu'il serait impossible d'ouvrir une école d'immersion française en bas du bayou à la Pointe. Asteur, on sait que non seulement on aura l'école pour laquelle la communauté s'est battue, mais qu'en plus, elle sera située sur une terre tribale. »

McGrew a ajouté : « Outre le leadership de la tribu, cette victoire n'aurait pas pu avoir lieu sans Jimmy Domengeaux, l'avocat bénévole des parents et le neveu du fondateur du CODOFIL, James Domengeaux. »

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Les dirigeants soulignent l'impact de Nathalie Beras en Louisiane après son départ

Beras, ancienne consule générale de France à la Nouvelle-Orléans, a quitté son rôle au début du mois d'août, mais des dirigeants louisianais ont déclaré que son impact se fera sentir pendant des années.

Beras, ancienne consule générale de France à la Nouvelle-Orléans, a quitté son rôle au début du mois d'août, mais des dirigeants louisianais ont déclaré que son impact se fera sentir pendant des années.

Nathalie Beras dans la région côtière de Louisiane avec Albert Naquin, chef traditionnel de la nation Choctaw de Jean Charles. Photo fournie par Audoin de Vergnette

Par Jonathan Olivier

Début septembre 2021, Nathalie Beras, à l’époque la nouvelle consule générale de France en Louisiane, venait d'arriver dans l'État pour commencer son mandat à la Nouvelle-Orléans. À ce moment-là, l'ouragan Ida a touché terre dans le sud-est de l’État, provoquant des pannes d'électricité à travers la Ville.

Beras et son équipe ont décidé de passer les deux semaines suivantes à Lafayette, où ils ont travaillé avec des dirigeants francophones pour commencer à connaître la région de l'Acadiana. Dave Domingue, directeur du commerce international et du développement au Centre international de Lafayette, a travaillé avec Beras pendant cette période et a remarqué que son impact sur la communauté francophone de la région était évident dès le début.

Lors de l'une des premières réunions que Beras a tenues avec Domingue et d'autres dirigeants francophones de Lafayette, elle a recommandé à l'Université de Louisiane à Lafayette de s'associer à l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF). « Personne à la réunion n'avait jamais entendu parler de l'AUF, a déclaré Domingue. L'université a donc saisi l'occasion. »

À la fin de l'année 2022, l'AUF a officiellement approuvé l'adhésion de l'UL, qui est la première université américaine à faire partie du réseau montréalais d'universités mondiales à concentration francophone. Lorsque Beras est repartie avec son équipe à la Nouvelle-Orléans, Dominque a déclaré qu'elle avait laissé une trace indélébile à Lafayette et dans les alentours. Elle avait visité de petites communautés francophones autour de Lafayette, comme Arnaudville, et a montré un véritable intérêt pour la compréhension des défis et des atouts uniques de la région, ce que tous les anciens consuls n'ont pas fait de manière approfondie.

« Elle a apporté à la communauté francophone d'ici une grande validation et une grande reconnaissance », a déclaré Dominque.

Beras a quitté ses fonctions de consule au début du mois d'août, laissant derrière elle un héritage que des dirigeants de l'État et de la communauté francophone ont qualifié d'efforts sincères pour sortir de la Nouvelle-Orléans afin d’ tisser des liens avec la majeure partie de la communauté francophone de Louisiane, qui se trouve souvent dans des villes plus petites ou dans la campagne du centre-sud et du sud-ouest de l'État. 

Très tôt, Mme Beras a été marquée par l'accueil chaleureux qui lui a été réservé dans ces communautés, ainsi que par l'attachement généralisé à la langue française.

« J’y ai rencontré les gens les plus chaleureux, des communautés qui m’ont accueilli immédiatement en leur sein.» Beras said in a statement to Télé-Louisiane. « J’ai pu mesurer à quel point la francophonie est au cœur même de ce territoire et y connait une belle renaissance insufflée par la musique et ses traditions orales ».

Beras a notamment soutenu les efforts des populations amérindiennes du sud-est de la Louisiane, qui constituent souvent les plus grandes concentrations de francophones de l'État.

« Nathalie a beaucoup soutenu la tribu, a déclaré Patty Ferguson, citoyenne et avocate de la Tribu indienne Pointe-au-Chien. Elle est allée dans les communautés, tout en reconnaissant les dialectes des autres francophones de Louisiane. »

Beras lors d'une réunion pour l'ouverture de l'École Pointe-au-Chien en 2023. Photo fournie par Audoin de Vergnette

Beras a travaillé avec la Tribu indienne Pointe-au-Chien pour souligner ses besoins lors de la reconstruction après le passage de l'ouragan Ida, ainsi que lors de son combat pour la création de la première école d'immersion franco-indienne de l'État, qui a récemment ouvert ses portes en août.

« Elle est pas venue pour faire seulement une visite, a déclaré Ferguson. Elle a été très active au sein de la communauté et nous a invités à différents événements. Elle s'est assurée que nos dirigeants étaient sur la liste lorsque le président Macron est venu à la Nouvelle-Orléans. Notre président a pu serrer la main du président français, ce qui est incroyable. »

Parmi les autres contributions notables de Beras à l'accroissement de la visibilité de la Louisiane dans la francophonie figure la visite du président Emmanuel Macron en décembre 2022, qui était la première visite d'un président français en Louisiane depuis près de 50 ans. Avant que la visite soit publique, elle a joué un rôle indispensable en convainquant le président et son équipe de se rendre en Louisiane et elle a coordonné tous les aspects de la visite de Macron une fois sa décision prise. 

Elle a également assisté le gouverneur John Bel Edwards lors de ses deux visites officielles en France et a négocié la création d'une délégation de Louisianais pour assister à la Fête de la musique à l’invitation du Président Macron au palais présidentiel de l'Elysée en juin, convainquant Edwards de rejoindre la délégation. Cette visite était également une première en 40 ans: le gouverneur francophone Edwin Edwards étant le dernier gouverneur louisianais à visiter l'Élysée en 1984.

« Je tiens à remercier la Consule générale Nathalie Beras pour son travail historique en faveur de la langue française en Louisiane, tout en développant des partenariats économiques et culturels sans précédent entre la Louisiane et la France, a déclaré Edwards. J'ai été particulièrement fier de travailler avec elle pour accueillir le président Macron en Louisiane, une première en près de 50 ans, et pour créer un poste de conseiller français en matière d'énergie et d'environnement au sein de mon administration. Nous sommes tristes de la voir partir, mais je suis certain que son impact se poursuivra dans les années à venir. »

À travers la Louisiane, Beras a pu constater directement les effets du changement climatique et de la perte de terres côtières. Elle s'est donc fixée comme priorité d'aider les communautés francophones de Louisiane, qui sont souvent en première ligne face à ces problèmes climatiques. Plus précisément, elle a facilité la signature d'un accord unique en son genre entre le Gouverneur et la Ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna pour financer la création d'un rôle d'expert technique français en matière d'énergie et d'environnement au sein du gouvernement de Louisiane.

Beras a coordonné de nombreux aspects de la visite du président Emmanuel Macron en Louisiane en décembre 2022. Photo fournie par Audoin de Vergnette

L'expert Emmanuel Henriet est arrivé en Louisiane début août, juste avant le départ de Beras, et sera hébergé au sein de l'Agence de protection et de restauration des côtes (CPRA) de l'État et travaillera également avec le Département du développement économique (LED). Le rapprochement de la Louisiane avec la France dans ce domaine pourrait amener l'État à adopter une stratégie plus audacieuse en matière énergétique et climatique, qui ouvrira des perspectives économiques aux Louisianais.

Beras a également travaillé en étroite collaboration avec des programmes d'immersion, notamment ceux certifiés par l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger. Tiguida Mathieu, directrice académique du Lycée français de la Nouvelle-Orléans, le premier lycée français public des États-Unis, a noté que Beras a été un partenaire essentiel dans le développement de la mission de l'école.

« Le Lycée français a bénéficié de l'engagement profond de la Consul générale dans l'éducation et son engagement pour l'égalité et pour l'équité. Elle a nourri beaucoup d'intérêts pour le Lycée français parce que c'est une école qui plébiscite la diversité. C'est-à-dire que c'est une école diverse où tous les enfants de la Louisiane, noirs, blancs, d'origine hispanique, de tous horizons, se retrouvent. Et ça, Nathalie Beras l'a beaucoup soutenue et beaucoup développée. »

Beras espère que la croissance de la francophonie parmi les jeunes générations sera la clé de l'avenir. « La jeunesse louisianaise est énergique et combative, la détermination de ces jeunes dans les Universités et dans les écoles d’immersion est remarquable. »

« Je n’ai qu’un mot à dire à toutes et tous pour mon au revoir : lâche pas ! »

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L'École Pointe-au-Chien ouvre ses portes et devient la première école franco-indienne

Le 16 août, les professeurs et dirigeants  de l'école ont accueilli les premières classes de la maternelle et le premier livre.

Le 16 août, les professeurs et dirigeants  de l'école ont accueilli les premières classes de la maternelle et le premier livre.

Gaëtan Lombard présente les mots de base du français à la classe inaugurale de l'école Pointe-au-Chien le 16 août 2023. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane

Par Jonathan Olivier

Gaëtan Lombard était assis sur une chaise basse devant ses trois élèves, sa main dans une marionnette de panda. Il dirigeait une activité visant à briser la glace pour inciter ces enfants de cinq ans à prononcer leur premier mot de la journée en français.

Bonjour, répétait Lombard, jusqu'à ce que, l'un après l'autre, ses élèves commencent à répéter le mot eux-mêmes. Ces trois élèves, qui ont participé le 16 août à la première journée d'école de l'année scolaire inaugurale de l'École Pointe-au-Chien, ont poursuivi leur journée immergée dans le français en apprenant les jours, les mois, les nombres et des commandes simples.

Les responsables de l'école ont accueilli les élèves de la maternelle et du premier livre au Vision Christian Center à Bourg, où l'école sera logée pendant quelques mois avant de déménager dans le bâtiment des Chevaliers de Colomb de la Pointe-aux-Chênes. Après un an ou deux de rénovations sur le site de l'ancienne école primaire de Pointe-aux-Chênes, qui a fermé ses portes en 2021, l’école s'y installera de façon permanente.

L'École Pointe-au-Chien, autorisée et financée par la législature de l'État, est la première école d'immersion française à desservir une population majoritairement amérindienne. Christine Verdin, directrice générale de l'école et citoyenne de la Tribu Indienne Pointe-au-Chien, a déclaré que son école sera la première à intégrer, à grande échelle, les dialectes locaux de Louisiane parlés par les communautés indigènes et cadiennes des environs. Selon Verdin, le français est encore utilisé quotidiennement dans ces deux paroisses, en bas et en haut du bayou, par les grands-parents et d'autres membres de la famille.

L'École Pointe-au-Chien est la première école d'immersion française à desservir une population majoritairement amérindienne. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane

« Bien que Gaëtan vienne de France, il a déjà commencé à mettre les mots de le français de la Louisiane dans ses leçons, parce qu’il connaît c’est important pour nous-autres et nos enfants d'apprendre notre français aussi. On veut amener le français de la Louisiane, les Cadiens, les Indiens, et la culture de les deux. »

Cynthia Breaux Seitz, francophone du sud de la paroisse de Lafourche, enseigne l'anglais et sera secondée par Cynthia Owens, francophone de Thibodaux, qui enseignera aussi la vie sociale et l’art.

L'accent mis sur les enseignants locaux et le maintien du dialecte français régional est au cœur de la mission de l'école, qui consiste à préserver et à perpétuer la culture des nombreuses communautés du bayou qui composent les paroisses de Terrebonne et de Lafourche. Will McGrew, PDG de Télé-Louisiane et président du conseil d'administration de l'École Pointe-au-Chien, explique que cet aspect distingue l'école des quelques 30 programmes d'immersion existant dans le reste de la Louisiane.

« Si on considère d'autres situations de langues minoritaires, l'objectif des écoles de la langue minoritaire était de maintenir la langue et la culture vivantes telles qu'elles sont parlées, plutôt que d'être simplement une deuxième langue. Alors que parfois, lorsque les écoles d'immersion en Louisiane sont présentées, c'est un peu flou de nos jours, où on se demande si c'est juste pour apprendre une deuxième langue ou si c'est spécifiquement pour garder la langue et la culture louisianaises vivantes. À l'École Pointe-au-Chien, on peut vraiment voir que, bien sûr, on apprend une deuxième langue, mais que l'objectif principal de l'école est de maintenir la langue et la culture locales en vie. »

Afin d'initier les élèves au français de la région, Verdin a indiqué que des francophones de la communauté viendront participer à des ateliers culturels, discutant de sujets tels que la pêche à la chevrette et les pratiques locales, comme la vannerie de latanier. L'accent mis sur le maintien non seulement de la langue de la région, mais aussi de la culture à laquelle elle est liée, est l'une des raisons pour lesquelles l'École Pointe-au-Chien a obtenu un tel soutien de la part des dirigeants de l'État. Le gouverneur John Bel Edwards a insisté à plusieurs reprises sur ce point important lorsqu'il a apporté son soutien au financement de l'école.

L'École Pointe-au-Chien sera éventuellement installée sur le site de l'ancienne École Primaire de Pointe-aux-Chênes. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane

« La langue et la culture de nos communautés côtières, comme Pointe-aux-Chênes et l'Isle de Jean Charles, font de la Louisiane un État sans pareil, a déclaré Edwards. Je suis fier de voir le travail de cette communauté et des leaders de la législature, en particulier le président pro tempore Tanner Magee, pour transmettre cet héritage à la prochaine génération avec la création de la première école d'immersion française à Lafourche et Terrebonne. »

Magee, R-Houma, n'a pas hésité à soutenir l'École Pointe-au-Chien, soulignant qu'il s'agit d'une valeur ajoutée et d'un atout pour la région. « Je suis content que la Louisiane investisse dans nos communautés et notre culture en apportant ce type d'enseignement à Terrebonne. On peut construire toutes les levées du monde, mais ça va pas nous aider si on investit pas dans les personnes qui se trouvent icitte. »

Beryl Amédée, R-Houma, qui a assisté à l'inauguration de l'École Pointe-au-Chien, a déclaré qu'à une époque où les locuteurs natifs du français louisianais ont souvent plus de 60 ans, l'École Pointe-au-Chien est un outil important dans la lutte pour sauver ce qu'il reste. Amédée a souligné qu'en formant une nouvelle génération de francophones dans la région, ces communautés seront mieux équipées pour poursuivre ce qui a été transmis.

« Nous avons un avenir ici. Nous pouvons écrire de nouvelles chansons en français, par exemple. Nous pouvons avoir de nouvelles traditions et continuer à avancer avec les temps modernes, parce que nous ne voulons pas seulement préserver le passé : nous voulons continuer à faire vivre notre culture dans l'avenir. »

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Drake LeBlanc de Télé-Louisiane reçoit la « French Culture Film Grant »

Le film de LeBlanc et de la productrice Rachel Nederveld, « Footwork », explore la culture des « trail rides » des Créoles du sud de la Louisiane.

Le film de LeBlanc et de la productrice Rachel Nederveld, « Footwork », explore la culture des « trail rides » des Créoles du sud de la Louisiane.

Drake LeBlanc reçoit 25 000 $ en tant que lauréat de la French Culture Film Grant. Drake LeBlanc/Télé-Louisiane

Par Jonathan Olivier

Cette année, la French Culture Film Grant de 25 000 $ de #CreateLouisiana a été attribuée à Footwork, un film qui explore la culture des « trail rides » des créoles du sud de la Louisiane. Drake LeBlanc, réalisateur du film et directeur créatif et co-fondateur de Télé-Louisiane, et la productrice Rachel Nederveld, fournissent un portrait abstrait des Créoles de Louisiane, ainsi que leur lien étroit avec les chevaux.

« Je peux pas imaginer un cinéaste plus méritant pour recevoir le soutien de #CreateLouisiana et de ses partenaires, a déclaré Nederveld à propos de LeBlanc. On est très reconnaissants de leur partenariat dans la réalisation de ce portrait intime des racines créoles de Drake et du trail riding. »

LeBlanc, qui travaille sur le projet depuis plusieurs mois, continuera à collecter et à compiler des images pour la première du film au Festival de film francophone de 2024, qui se tiendra en mars 2024 en partenariat avec la New Orleans Film Society.

« Je suis très content d'être soutenu dans la réalisation de ce documentaire pour apporter la culture louisianaise au reste du monde », a déclaré LeBlanc.

La subvention vise à soutenir les films réalisés en Louisiane qui mettent en valeur la culture francophone, en partenariat avec TV5Monde USA. Cette année, la bourse bénéficie également du soutien de l’Entertainment Development Fund du Département de développement économique de Louisiane. Parmi les autres soutiens figurent Cox Communications, Deep South Studios et le Conseil pour le développement du français en Louisiane.

« TV5MONDE USA a un engagement inébranlable à la fois pour la communauté de Louisiane et pour mettre en valeur des histoires uniques sur la culture francophone locale, a déclaré Patrice Courtaban, directeur général de TV5MONDE USA. Nous sommes ravis de célébrer le nouveau lauréat de la bourse #CreateLouisiana de la French Culture Film Grant, Footwork, qui rejoint un groupe illustre de cinéastes qui ont eu un impact sur leur communauté et l'ensemble de la communauté francophone d'Amérique du Nord. »

En tant que bénéficiaire de la subvention, le film pourra également être diffusé sur TV5MONDE USA, et il fera partie du plan de cours "Enseigner Le Français" disponible sur le site web de l’entreprise, servant de ressource pour les étudiants du monde entier. 

« #CreateLouisiana est ravi d'offrir encore cette opportunité unique de subvention, a déclaré Scott Niemeyer, fondateur de #CreateLouisiana. Chaque année, les candidats de tout l'État nous montrent un éventail diversifié d'histoires décrivant les liens passés et présents de la Louisiane avec la langue française et les cultures francophones. Nous sommes engagés dans nos efforts pour soutenir les créatifs louisianais, et la poursuite réussie de la French Culture Film Grant est un excellent exemple de cet engagement.  

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Colby LeJeune rejoint KRVS comme nouvel animateur de Bonjour Louisiane

LeJeune a commencé son rôle fin juillet et prévoit de consacrer du temps d'antenne aux tables françaises, aux jams cadiens et aux entrevues des franco-louisianais.

LeJeune a commencé son rôle fin juillet et prévoit de consacrer du temps d'antenne aux tables françaises, aux jams cadiens et aux entrevues des franco-louisianais.

Colby LeJeune est en direct de 5h à 7h, du lundi au vendredi, aux Cypress Lake Studios sur le campus de l'Université de Louisiane à Lafayette. Cheryl Devall/KRVS

Par Jonathan Olivier

Comme la plupart des gens de son âge, Colby LeJeune n'a pas grandi en parlant français. La langue était plutôt dispersée ici et là dans son anglais à travers divers mots, tels que bouder ou envie. Comme c'est souvent le cas dans la région, les gens de sa petite communauté de l'Anse LeJeune dans la Paroisse Acadie parlent un dialecte de l’anglais fortement influencé par le français en termes d'inflexion.

« J'ai été élevé avec un anglais qui était beaucoup beaucoup influencé par le français au niveau de son, a déclaré LeJeune, qui a 25 ans. Ç’a aidé un tas d’avoir déjà acquis les sons du français cadien. »

Il a étudié la linguistique à l'Université de Tulane, mais n'a vraiment commencé à apprendre le français louisianais qu'au début de la vingtaine. Outre les livres et les vidéos sur YouTube, LeJeune a commencé à se rendre à des tables françaises il y a quelques années. Les francophones de sa famille étant déjà décédés, ces rencontres informelles lui ont donné l'occasion d'entendre des locuteurs natifs tout en pratiquant son vocabulaire de plus en plus étendu.

« Pour proche tout quelqu’un, ça c’est la seule moyère pour apprendre le français cadien, si t’as pas quelqu’un dans ta famille qui le parle, que tu peux parler avec, il a déclaré. Les tables français sont exprès pour le français. Le monde qui vient, ils sont parés pour parler en français, ils veulent parler français. Ça met tous les ingrédients dans une seule place pour ainsi dire. »

LeJeune, qui est également étudiant en maîtrise au département de français de l'Université de Louisiane à Lafayette, a pris ses nouvelles fonctions à la tête de l'émission matinale Bonjour Louisiane de KRVS la fin juillet. L'émission, animée entièrement en français, a un format typiquement dédié à la diffusion de musique cadienne et zydeco. Bien que LeJeune ait indiqué qu'il prévoit de consacrer beaucoup de temps d'antenne à la musique de la région, il envisage de documenter les conversations à de nombreuses tables françaises autour de Lafayette. Il pense que ces sorties permettront au public d'entendre les différents accents de la région et les expressions colorées du français louisianais.

Cheryl Devall/KRVS

En studio, LeJeune prévoit également de réaliser des entrevues en direct avec des musiciens et des membres de la communauté francophone. Il enregistrera des sessions de jam qui ont lieu à Lafayette, comme la jam cadien du mercredi soir au Blue Moon Saloon. LeJeune a indiqué qu'il aimerait continuer à transmettre le type d'informations culturelles que l'ancienne animatrice, Ashlee Wilson, présentait.

« Je voudrais bien continuer ça que Ashlee était après faire avec toutes les différentes informations folkloriques, et des histoires arrières de les chansons », a-t-il dit.

Wilson a rejoint Bonjour Louisiane en septembre 2022 lorsque Joseph ‘Pete’ Bergeron a pris sa retraite après avoir animé l'émission pendant 41 ans. Cheryl Devall, directrice générale de KRVS, a souligné la valeur de l'engagement de LeJeune pour poursuivre cet héritage en honorant la culture et les langues patrimoniales de la région.

« À Lafayette, j'ai croisé Colby lors des jams cadiens, et c'est un habitué des tables françaises, a déclaré Devall. Il apporte beaucoup d'énergie et d'enthousiasme à son nouveau rôle au sein de Bonjour Louisiane, et je suis très heureuse qu'il l'ait accepté. »

Pour LeJeune, le programme continuera à servir de moyen de diffusion du français aux Louisianais qui n'ont peut-être pas d'autres moyens d'entendre la langue, qu'il s'agisse de locuteurs natifs plus âgés ou de personnes plus jeunes souhaitant entendre à quoi ressemble le français dans l'État.

« Si moi, j'avais pas la radio, j'aurais pas entendu le français dans ma vie quotidienne. C'était grâce aux stations comme KRVS, KBON et tout ça. C'était une moyère d'entendre le français tous les jours. »

Bonjour Louisiane est diffusée en direct du lundi au vendredi, de 5h à 7h, sur 88.7 FM, ou en ligne sur krvs.org.

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Nungesser et d’autres dirigeants soulignent le potentiel économique de l’expansion des Saints en France

Les leaders étatiques et locaux considèrent le partenariat Saints-France comme une bénédiction potentielle pour la Louisiane.

Les leaders étatiques et locaux considèrent le partenariat Saints-France comme une bénédiction potentielle pour la Louisiane.

Le personnel des Saints hisse le drapeau français devant leur siège après l’annonce du partenariat France-Saints en mai. Wayan Barre/Télé-Louisiane

Par Jonathan Olivier

En mai, les Saints de la Nouvelle-Orléans ont annoncé une expansion au marché français qui vise à développer les partenariats entre les deux régions francophones. Bien que les détails concrets de ces liens sont en train d’être concrétisés, des dirigeants locaux prévoient déjà une visibilité accrue de la Louisiane à travers la francophonie.

« C’est à n’en point douter un nouveau chapitre dans nos relations bilatérales pour promouvoir la Louisiane en France, a déclaré Nathalie Beras, consulat général de la France à la Nouvelle-Orléans. Non seulement cette opportunité permettra d'intensifier nos échanges commerciaux, mais nous pouvons également espérer qu'elle attirera plus d’investisseurs, de projets, de touristes et de talents français ici. »

Ce partenariat fait partie du Global Markets Program de la NFL, qui a été lancé l’année passée dans le cadre d’un effort visant à encourager ses équipes de football américaines à mobiliser les fans du monde entier. L’expansion des Saints en France est la première participation de l’équipe au programme et la première fois que la France est choisie comme marché cible. Par rapport aux autres équipes de la NFL, l’expansion des Saints est particulièrement pratique compte tenu du lien historique de la région avec la France, a déclaré Ed Verdin, directeur des relations publiques de la ville de Franklin en Louisiane.

« C’est pas seulement pour introduire un public international avec le football, mais contrairement aux autres équipes de la NFL, ça va mettre en valeur la culture, les gens, la nourriture et la musique qui a des racines profondes en France », a déclaré Verdin.

Le maire de Harahan, Tim Baudier, a fait écho à un sentiment similaire selon lequel ce lien culturel différencie la Louisiane des autres États. Il a noté que grâce au nouveau partenariat, ce lien est quelque chose que sa ville peut nourrir à l’avenir. En particulier, Baudier voit le partenariat comme un catalyseur pour développer une relation intergouvernementale et économique plus forte entre la France et toute la Louisiane. Par exemple, il a noté qu’il pourrait y avoir un vol direct entre la Nouvelle-Orléans et Paris, plus de partenariats universitaires, un financement pour plus de programmes d’immersion française, et même la possibilité pour la Louisiane de jouer un rôle plus actif au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Dans l’entre-temps, Baudier a déclaré que Harahan commence ses propres initiatives francophones. « Asteur on fait un partenariat avec l’Alliance Française de La Nouvelle-Orléans pour apprendre la langue, il a déclaré. On est après établir des jumelages avec des villes du Québec et de la France, on a des panneaux bilingues où c’est pratique dans le cadre de notre programme d’orientation et on est après jongler à la possibilité d’avoir un programme d’immersion en français de la maternelle au douzième livre. »  

Les touristes francophones sont depuis longtemps un élément important de l’économie de la Louisiane : ils représentent un pourcentage élevé des visiteurs en Louisiane chaque année. Le lieutenant-gouverneur Billy Nungesser voit dans ce partenariat une occasion de donner à ces touristes une autre avenue pour visiter la Louisiane.

« Avec ce lien historique entre la Louisiane et la France, et cette expansion du marché français, c’est une autre opportunité de mettre en valeur les affaires disponibles en Louisiane à un marché international », a déclaré Nungesser.

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Hitachi

La manière dont la chaudière à riz est devenu un incontournable de la culture louisianaise.

La manière dont la chaudière à riz est devenue un incontournable de la culture louisianaise.

La chaudière à riz Hitachi est arrivée en Louisiane à la fin des années 1960. Depuis, elle est devenue un incontournable dans les cuisines cadiennes et créoles. Photo fournie par Lucius Fontenot

Par Jordan LaHaye Fontenot | Country Roads Magazine

Cet article a été publié en partenariat avec Country Roads Magazine. Lire l’article en anglais sur leur site web icitte. 

C’était au début des années 1970 à midi, peut-être un jeudi ou un vendredi. Des femmes de tout partout au sud de la Louisiane préparaient le souper avec des télés de cuisine sur la chaîne 10 : le message typique de Bill Bessun jouait en arrière-plan, « Bonjour, Bill Bessun icitte, vous-autres est après guetter Meet Your Neighbor Acadiana ». La caméra a ensuite fait un zoom arrière en se concentrant une autre fois sur Bill, normale comme d’habitude. Les femmes, elles ont continué à nettoyer et fourbir. L’émission s’est poursuivie, de temps en temps, en revenant sur la chaudière à riz drôle qui avait commencé à bouillir.

Enfin, à moitié route de l’émission, Bill guettait la caméra et souriait. « Si vous-autres était après jongler à ce qu’on était après faire équand l’émission a commencé. » La caméra a fait un zoom arrière sur la machine. « On est après faire du riz parfait. Dans une chaudière à riz Hitachi ! » À ce moment-là, quelqu’un a levé le couvert de la chaudière et a sorti un tas de riz fumant avec une cuillère. « Asteur vous-autres peut acheter une de ces chaudières au Floyd’s Record Shop à la Ville Platte. »

« Et les téléphones ont jamais arrêté de sonner après ça , se souvient Floyd Soileau de la campagne publicitaire la plus réussie de sa carrière. Les femmes étaient convaincues. »

L’arrivée de la chaudière à riz Hitachi en Amérique

L’invention japonaise du milieu du siècle était déjà devenue un symbole de la libération des femmes à l’autre bord du monde. Un vendeur de laveuses Toshiba a découvert que le lavage du linge était moins difficile pour les femmes japonaises que la tâche de préparer trois repas à base de riz par jour. Le vendeur a proposé l’idée d’une machine automatique pour cuire du riz à un ingénieur qui ne savait pas faire cuire le riz. Pourtant, la femme de l’ingénieur, Fumiko Minami, a commencé la tâche. Elle a développé le modèle encore à la base de l’appareil près d’un siècle plus tard. Durant la première année, Toshiba vendait 200 000 chaudières à riz par mois. Une course de compagnies s’en est suivie, au cours de laquelle des entreprises de toute l’Asie se sont précipitées pour créer leurs propres prototypes. L’un d’eux-autres était Hitachi.

En 1958, les chaudières à riz Hitachi ont traversé le Pacifique pour se rendre à Hawaï, une région dont la cuisine asiatique incorporait aussi beaucoup de riz. La tendance s’étend doucement jusqu’en Californie : là-bas, il y avait l’une des premières publicités en Amérique du Nord pour l’appareil (présenté comme étant vendu dans un marché asiatique local) dans le Stockton Evening and Sunday Record en 1966.

À l’époque, des Américains considéraient la machine rare comme une nouveauté étrangère plus qu’un outil révolutionnaire. Hitachi avait des plus grandes affaires pour faire dans le marché américain qu’une chaudière à riz. La compagnie consacrait plus de temps et d’argent publicitaire à ses produits automobiles, électroniques et informatiques. Mais d’une certaine manière, entres les années 1966 et 1970, la chaudière à riz Hitachi a fait son chemin au sud de la Louisiane, où la riziculture était encore une industrie émergente et dans une région où le manger régional était largement composé de plats de riz comme le gombo, le jambalaya, l’étouffée, le boudin, et la fricassée.

Il y a plus d’une histoire d’origine qui tente d’expliquer l’arrivée de la chaudière à riz Hitachi en Louisiane, toutes difficiles à vérifier avec certitude. Mais les archives des journaux montrent qu’un marché asiatique de Lafayette appelé Tomiko’s faisait des publicités pour le produit dans le Daily Advertiser en 1970. C’était vendu comme une machine (au prix de 26,50 $) qui « fait cuire du riz parfait chaque fois, automatiquement, et RESTE CHAUD AUSSI LONGTEMPS QUE VOUS LE VOULEZ! » En même temps, plusieurs publicités régulières dans l’Alexandria Town Talk promouvaient ces chaudières dans des petites annonces à un prix de 19,95 $, et avec un choix de couleurs.

C’est à cette époque que deux hommes de business de la paroisse Évangéline, sans connaissance de ce phénomène, ont découvert le produit. Dans leurs mains, cette machine révolutionnera la cuisine cadienne et créole.

Guillory Wholesale

Il est difficile de déterminer exactement quand Bruce Guillory et sa femme Gladys, propriétaires de Guillory Wholesale à Mamou, ont commencé à vendre les chaudières à riz Hitachi. Dans un article publié en 2000 dans la Ville Platte Gazette, Gladys cite la date du milieu des années 1970. Leur fils Paul a estimé la fin des années 1960 ou le début des années 1970, ce qui est probablement plus exact. Un article de la gazette de novembre 1971 annonce que Guillory Wholesale a fait don de « l’une de ces fabuleuses chaudières à riz électrique Hatachi de 8 tasses » au service des pompiers volontaires de Mamou pour leur raffle de Noël.

Dans tous les cas, selon Paul, Bruce a d’abord vu les chaudières à riz à une foire commerciale, probablement à Chicago ou à Dallas. « Si je me rappelle bien, il a d’abord acheté quatre chaudières à riz pour essayer : une pour ma mère, une pour sa mère, une pour Gladys Mayeux et une pour Hazel Deshotels (ses deux sœurs), il a déclaré. Tout quelqu’un était satisfait avec leur performance, et il a ensuite commencé à les vendre comme des petits pains. »

Arthur Courville, qui a travaillé comme haleur pour Guillory Wholesale pendant quinze ans, se rappelle de la première vente : « Nous-autres, on l’a vendue pour 13 $ , il a déclaré. Et le magasin a fait des profits. » Ça a commencé doucement, il se rappelle. Mais ensuite, « Avant que tu connais quoi que ce soit, on était après livrer tout ça au cas par cas aux magasins familiaux à la compagne » de Crowley et Basile à Marksville. Une fois par semaine, Bruce allait à Lafayette et la vendait là-bas : « C’est lui qui a vraiment commencé à pousser les chaudières à riz dans la région de Lafayette, itou. Il a vraiment vendu un tas, puis ça a commencé à se développer. Je veux dire, le temps a arrivé ayoù on a commencé à vendre en masse… c’était incroyable la quantité qu’on était après vendre. »

Dans l’article de la Gazette de 2000, Gladys a expliqué que le produit a réussi parce que la population locale l’a approuvé. La qualité était toujours là, et c’était moins difficile pour le cuire.

Floyd’s Record Shop

À peu près au même moment, Floyd Soileau, producteur à la Ville Platte, travaillait directement avec Hitachi pour vendre leurs chaînes stéréo, leurs magnétophones et leurs télévisions. (Encore une fois, les dates sont difficiles à vérifier avec certitude, mais la première annonce de Floyd’s pour les chaudières à riz Hitachi que j’ai pu trouver date de 1972.)

Grâce à la vigne, il a appris que Hitachi avait un autre produit qui pourrait plaire aux cuisiniers locaux. « J’avais jamais entendu parler de ça avant », il a déclaré. Il a demandé à un de ses employés d’en acheter un et de le rapporter à sa femme, Jinver. Il lui a demandé si elle essaierait de l’utiliser pour faire cuire le riz pour le dîner du lendemain. « Ça fait, le lendemain, j’étais anxieux de rentrer chez nous-autres pour manger, et elle est toute désappointée , il se rappelle. Elle dit : Oh, le bébé braille. J’ai pas eu le temps pour lire les instructions, et je pouvais pas le faire. » Le lendemain, cependant, quand Soileau est rentrée à la maison pour le dîner, « elle avait un sourire d’une oreille à l’autre. » Elle l’a adoré et a décrit le riz comme « parfait ». « C’est tout je voulais connaitre », Soileau a déclaré.

Back au bureau, il a passé une commande de Hitachi pour six ou sept caisses de chaudières à riz en différentes couleurs et tailles. « On a commencé à vendre, il a déclaré. J’essayais de faire accroire à mes vendeurs de disques pour vendre tout ça, mais je connaissais qu’on devait faire quelque chose pour le monde de comprendre quoi ça c’est. » Ainsi, le spot publicitaire sur Meet Your Neighbor est apparu, et beaucoup plus. Soileau a vu l’écart entre le produit et le marché, qui était une connaissance de base de ses capacités, et il a dépensé des centaines de piastres pour faire passer le mot. Il ne serait pas exagéré de dire que la place culturelle qu’occupe aujourd’hui la chaudière à riz Hitachi en Louisiane est en grande partie attribuable à cette campagne de publicité. « Personne avait fait de promotion, il a déclaré. Les autres distributeurs voulaient pas dépenser de l’argent pour annoncer le produit de quelqu’un d’autre. Mais on était après recevoir des commandes dans le magasin. On faisait de l’argent grâce à ça. »

Il y avait d’autres chaudières à riz, Soileau a dit. « Mais personne voulait le Panasonic, parce que personne l’avait essayé avant. Le Hitachi a fait ses preuves, on l'a approuvé. Ça fait, on avait le marché pour ça. C’était une belle chose. »

« L’affaire à avoir dans une maison cadienne »

Tout au long des années 1970, la chaudière à riz Hitachi est devenu un ajout très convoité à presque chaque cuisine cadienne ou créole. « Avant la chaudière à riz, les mariées cadiennes avaient pour apprendre à cuire le riz dans cette tite chaudière spéciale dessus le stove, et t’avais pour l’user tous les jours, prendre les bonnes mesures et cuire le riz correctement pour que tu l’as pas ruiné. » Au Festival de musique acadienne de Lafayette en 2000, qui était consacré à Soileau pour ses contributions à l’enregistrement et à la promotion de la musique louisianaise, Barry Ancelet l’a présenté comme « un jeune homme qui a probablement sauvé plus de mariages cadiens que n’importe qui d’autre ». Comme au Japon, la chaudière à riz condensait un processus d’une heure en quelques minutes et une simple pression sur un bouton, ce qui a donné aux femmes plus de temps pour sortir de la cuisine. « La chaudière à riz Hitachi était le cadeau numéro un pour les jeunes mariés, en haut de chaque registre, a déclaré Soileau. C’était l’affaire à avoir dans une maison cadienne. »

Pendant un certain temps, les deux principaux distributeurs du produit en Louisiane étaient en fait Floyd’s Record Shop et Guillory Wholesale, qui vendaient chacun par camion. L’histoire orale souvent répétée affirme que les ventes ont atteint des sommets monumentaux que la Louisiane et la paroisse Évangéline spécifiquement étaient les sites de la plus grande distribution de chaudières à riz Hitachi en dehors de l’Asie. Selon la tradition locale, pour mieux comprendre ce phénomène, les cadres de Hitachi Corporation au Japon se sont rendus à la paroisse Évangéline pour le voir eux-autres mêmes. « Ils ont visité la Ville Platte et Mamou et tout ça, et ils nous ont remerciés pour avoir vendu leur produit, a déclaré Soileau. Ils pouvaient pas croire le nombre de « steamers », ce qu’ils les appelaient, on était après vendre. Ils sont venus ici pour nous remercier. Ils avaient pour les transporter par aéroplane en Louisiane. Ils connaissaient pas quoi se passait. »

Paul Guillory le confirme, rappelant que les cadres assistaient en fait à un salon professionnel en Ville, et avaient loué un char pour visiter la paroisse Évangéline pour comprendre pourquoi cette petite région rurale avait une si forte demande pour les chaudières. Bien sûr, quand ils ont conduit les routes menant à la paroisse Évangéline, les champs apparemment infinis de riz auraient livré une réponse aussi rapide que n’importe quel. Des photographies des archives de la famille de Paul témoignent de la rencontre des cadres avec ses parents, Bruce et Gladys, assis avec les Japonais à leur table de cuisine, au centre d’une cuisine typiquement 70, sirotant du café.

Le marché louisianais a joué un rôle dans l’évolution de l’appareil. Paul et Soileau rappellent tous les deux qu’un changement au produit a été suggéré aux fabricants qui le rendrait moins réactif à la quantité de sel que les Louisianais avaient tendance à ajouter à leur riz. « On leur a dit pour changer ça, et ils l’ont fait », Soileau a déclaré. 

Finalement, les grands magasins de la région ont eu vent de la popularité du produit, et les chaudières à riz Hitachi sont devenues disponibles tout partout. Guillory Wholesale a maintenu un gros stock dans les petits magasins alentours du sud de Louisiane, mais Soileau était frustré que Hitachi ait cessé de l’utiliser comme distributeur principal afin de vendre directement aux grands magasins. Donc, Soileau a cessé de les vendre. « J’ai dépensé tout cet argent pour aider à commencer ce programme, et asteur vous-autres va m’exclure? Non, ça c’était tout », il a déclaré. .

À ce moment-là, cependant, les chaudières à riz Hitachi étaient devenues une partie omniprésente du paysage. Les gens ne se souvenaient pas d’avoir cuisiné le riz autrement.

L'héritage durable

En 2023, Hitachi vend encore des chaudières à riz, mais ces produits robotiques à 100 $ plus sont rarement trouvés en Louisiane, et ne ressemblent guère à leurs prédécesseurs.

Pourtant, l’idée de la chaudière à riz comme une nécessité de cuisine n’a pas diminué chez nous-autres. Quand je suis allée à l’université, j’ai acheté ma propre trois tasses chaudière et l’ai emballé avec mon grille-pain et mon micro-ondes. Le riz est encore un aliment de base dans les petites villes du sud de Louisiane, et c’est comme ça qu’on le cuit.

Et même moi, née à la fin du millénaire, je sais exactement à quoi ressemble une chaudière à riz Hitachi des années 1970, et je peux la voir sur le comptoir de ma grand-mère, d’où nous-autres, on avait servi un tas de gombos et de fricassées. Et comme la plupart des autres chaudières, elles sont  toujours à la vapeur dans les cuisines cadiennes et créoles tout le tour, et ça travaille toujours très bien. 

« C’est une de ces choses ayoù, en tant qu’adulte, c’est comme : attends, comment je peux avoir une de ces affaires», a déclaré Lucius Fontenot, photographe et cinéaste basé à Lafayette, originaire de Mamou. « Ils sont toujours là. » Après avoir hérité de la chaudière de sa grand-mère et de l’avoir photographiée, Fontenot s’est retrouvé entraîné dans l’héritage durable de la chaudière. Il a commencé une mission de découvrir combien de personnes il savait encore qui les avaient et qui avaient des souvenirs intenses de ce morceau d’histoire. 

« C’est intéressant, l’idée que la mention de cet appareil dans tout le sud de la Louisiane provoquerait des gens à devenir vraiment nostalgique et entrer dans ces histoires vraiment sentimentales, il a déclaré. Les gens se souviennent de cette chose avec beaucoup d’affection [...] il y a un certain respect pour ça, une sorte d’adoration bizarre pour cet artefact. »

Son projet Hitachi Rice Cooker présente des photos de chaudières toujours dans les cuisines à travers la Louisiane, combinées à des entrevues avec leurs propriétaires actuels : formant une tapisserie de l’histoire culinaire de la Louisiane centrée autour de cette petite invention japonaise, ce qui fait partie de la culture louisianaise comme des magasins de boudin, ou une fricassée avec du riz.

Fontenot a déclaré en riant : « Équand j’étais petit, je pensais que Hitachi était un mot français. »

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Le musicien néo-orléanais Jon Batiste jouera à une soirée louisianaise à l’Élysée pour la Fête de la musique

Le président français Emmanuel Macron a invité Batiste à participer à l’événement, qui fait partie de la Fête de la Musique, qui a lieu en France chaque été.

Le président français Emmanuel Macron a invité Batiste à participer à l’événement, qui fait partie de la Fête de la Musique, qui a lieu en France chaque été.

Jon Batiste au Jazz Festival à la Nouvelle-Orléans. Jessica Link/Télé-Louisiane

Par Jonathan Olivier

Le musicien de jazz néo-orléanais Jon Batiste sera au Palais de l’Élysée, la résidence officielle du président de la France à Paris, à la tête d’une délégation de musiciens et dirigeants louisianais qui font partie de la Fête de la Musique.

Lors de sa visite à la Nouvelle-Orléans en décembre, le président Emmanuel Macron a invité la Louisiane à participer en tant qu’invité d’honneur à sa soirée, qui mettra en lumière les liens entre la Louisiane et la France. Batiste jouera avec Ibrahim Maalouf, trompettiste, producteur et compositeur franco-libanais, ainsi qu’avec les légendes du jazz de la Nouvelle-Orléans Herlin Riley, Mitchell Player et Mahmoud Chouki.

« Nous sommes ravis que la Louisiane ait été invitée par le président Macron pour cet événement unique », a déclaré Nathalie Beras, consule générale de France en Louisiane. Dans le discours qu’il a prononcé lors de sa visite en décembre dernier, il a exprimé sa volonté d’inclure l’État dans les futures initiatives françaises en faveur de la Francophonie, comme la prochaine Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts. Cette Fête de la Musique est un signe fort de notre profonde collaboration dans de nombreux domaines, y compris la musique, bien sûr. J’aimerais remercier Greg Lambousy, directeur général du New Orleans Jazz Museum, pour son aide à la mise sur pied de ce groupe exceptionnel de talents de la Nouvelle-Orléans. »

Le festival a été fondé en 1982 comme un événement où les gens sont invités à jouer de la musique à l’extérieur, comme dans les espaces publics ou leurs quartiers. Greg Lambousy, directeur exécutif du New Orleans Jazz Museum, a souligné qu’avec cette invitation, la France et Macron mettent en lumière la riche culture de la Nouvelle-Orléans. « La musique et le cinéma sont étroitement liés, il a déclaré. Jon Batiste sera avec les musiciens emblématiques de la Nouvelle-Orléans, comme Herlin Riley, Mitchell Player et l’artiste de Gallatin Street Records, Mahmoud Choucki, ce qui contribuera à renforcer les liens entre les deux villes en matière de production musicale et cinématographique. »

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Rencontrez les gens qui font une économie bilingue en Louisiane

Partout en Louisiane, il y a des entreprises qui soutiennent une économie francophone et créolophone en offrant des emplois aux louisianais et en servant des touristes de France, du Canada et du monde entier.

Partout en Louisiane, il y a des entreprises qui soutiennent une économie francophone et créolophone en offrant des emplois aux louisianais et en servant des touristes de France, du Canada et du monde entier.

Bryan Dupree a cofondé Beausoleil Books en 2020 afin de rapprocher la culture louisianaise et celle du monde entier. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane

Cet article est la troisième partie d’une série sur le français en Louisiane. La partie 1, qui explique les complexités de l’immersion française en Louisiane, est disponible icitte. La partie 2, qui explore comment les anciens élèves d’immersion créent un environnement français en Louisiane, est disponible icitte.  

Par Jonathan Olivier

Une simple promenade dans le centre-ville de Lafayette en 2020 a convaincu Bryan Dupree et son mari James Colvin d’ouvrir une librairie locale. Le couple avait marché devant un groupe de touristes français qui cherchaient un endroit pour acheter une carte postale et prendre du vin, avec service en français.

À l’époque, il n’y avait pas de librairie locale à Lafayette. Dupree, qui a obtenu un diplôme en littérature française, voulait que ça change. Bien qu’il y avait quelques entreprises avec des francophones dans l’équipe, ce n’était pas toujours facile de trouver une entreprise bilingue. Donc Dupree, Colvin et leurs deux amis ont ouvert Beausoleil Books en octobre 2020 pour répondre à ces enjeux.

« L’idée était que les Français de l’étranger peuvent apprendre quelques aspects de la culture française en Louisiane et que les franco-louisianais peuvent apprendre l’étendue de la langue française à l’étranger, a déclaré Dupree. Donc, mon idée était d’avoir une section française qui mettrait en valeur les auteurs français de la Louisiane, ce qu’elle fait présentement. Et ensuite, je voulais mettre en valeur les talents nouveaux et émergents à travers la francophonie, ce qu’on fait. »

Dupree a créé cette section de livres en français, intitulée « Le coin francophone », qui promeut ce genre d’échange culturel à travers la littérature qui, selon lui, ouvre le monde aux divers groupes de francophones à Lafayette : locaux et étrangers.

En plus des employés francophones, Beausoleil comprend des affiches bilingues et une section de livres en français. Jonathan Olivier/Télé-Louisaine

À Beausoleil, il y a souvent une myriade d’événements en français comme des lectures de poésie et des présentations de livres par des auteurs francophones. L’équipe de Beausoleil est habituellement composée d’au moins un francophone qui travaille à la librairie ou au Whisper Room, un bar.

« Je pense qu’il est important d’offrir aux gens une occasion d’utiliser leur français de façon pratique, a déclaré Dupree. J’avais l’occasion d’utiliser le français dans mon travail lorsque j’étais guide touristique à la Plantation Laura. Et je voudrais donner cette chance à plus de gens. »

Créer une économie diversifiée

En 2021, l’équipe du Musée du Bâton-Rouge de l’Ouest à Port Allen a pris des mesures pour mettre l’accent sur le français et le créole louisianais en collaboration avec Télé-Louisiane. Angélique Bergeron, la directrice du musée qui parle français et créole, a noté qu’il y a des panneaux trilingues ou bilingues sur le terrain du musée. Les guides du musée, comme André St. Romain, offrent des tours en français. Le musée accueille également des événements en français, comme le Café Français qui a lieu une fois par mois.

« No té olé fé ènn plas éyou le moun sé vini pou parlé langaj-yé, pou sélébré langaj-yé é lakilti, é osit vini trapé in djòb ou fé kishòj dan langaj-yé, » elle a déclaré.

Bergeron a souligné que les entreprises qui offrent des services en français visent deux objectifs : répondre aux besoins du grand nombre de touristes francophones qui viennent en Louisiane chaque année, et offrir des possibilités aux francophones de la région. « Mon piti apé dan imèsyon françé dan prèmyé liv, Bergeron a déclaré. No gin boukou pou fé mé mo swat no va gin djòb-yé dan françé ékan li pli vyé. »

André St. Romain est un des employés francophones du Musée du Bâton-Rouge de l’Ouest, qui est capable de faire des visites en français. Ethan Castille/Télé-Louisiane

Bergeron a mentionné des efforts comme les programmes d’immersion française qui créent un bassin de francophones qui finiront par chercher du travail. Elle a noté que l’avantage d’embaucher des franco-louisianais au musée c’est que son personnel est capable de répondre aux touristes français ou franco-canadiens.

Selon le Département de la Culture, la récréation et le tourisme, en 2021, l’industrie du voyage et du tourisme était le cinquième employeur en importance de la Louisiane : des touristes de France et du Canada étant souvent en tête de cette liste. En raison des publicités touristiques en Louisiane qui ciblent des visiteurs francophones, ces touristes s’attendent souvent à recevoir des services en français, mais ils sont souvent déçus de leur absence, selon Lawson Ota, propriétaire de Tours by Marguerite à la Nouvelle-Orléans.

Lawson, qui offre des visites guidées en anglais, en français et en créole, préconise d’investir davantage dans l’institutionnalisation des langues patrimoniales de la Louisiane en embauchant des francophones ou des créolophones dans les restaurants, les hôtels, les hôpitaux et plus encore. Pour lui, ça ne fera qu’attirer plus de touristes pour développer une force économique déjà puissante. Mais, il a noté qu’il y aura besoin d’un travail acharné.

« Si on veut que cette industrie grandisse et que le français louisianais, le créole louisianais aient des avenirs, il faut que le gouvernement comprenne que ce n’est pas juste une opportunité de gagner de l’argent. Il faut travailler, il faut investir. »

Il y a des initiatives qui investissent dans le milieu des affaires francophone de la Louisiane. Télé-Louisiane, par exemple, a la possibilité d’embaucher des Louisianais à plein temps dans le journalisme et les médias grâce au soutien financier de la législature et du gouverneur.  Il y a aussitte des programmes de formation professionnelle, comme une bourse nouvellement créée par le Conseil pour le développent du français en Louisiane (CODOFIL) pour un Louisianais qui suit un programme d’immersion en affaires à HEC Montréal, une école de commerce de l’Université de Montréal. 

Le CODOFIL offre également des bourses aux jeunes professionnels pour participer au programme d’immersion à l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse. L’Université de Louisiane à Lafayette envisage de proposer un certificat en français des affaires en coordination avec la Chambre de commerce et d'industrie de la région Paris Île-de-France.

Une affiche bilingue au Musée de Bâton-Rouge de l’Ouest. Ethan Castille/Télé-Louisiane

Le gouvernement de l’État ne déploie aucun effort plus large visant pour améliorer le secteur des affaires francophones de la Louisiane. Cela, malgré les lois adoptées au début de 2010, comme la Loi 679 et la Loi 106, qui ont spécifiquement chargé les agences de l’État de renforcer le secteur des affaires et du tourisme en Louisiane en ce qui concerne le français.

Pour Ken Douet, copropriétaire de la chambre d’hôtes de la Maison Stéphanie entre Arnaudville et Cécilia avec son mari Richard Howes, renforcer l’économie multilingue de la Louisiane commence avec des enfants inscrits en immersion. Douet a dit qu’ils travaillent pour aider Teche Elementary à Cécilia avec divers projets. À la fin de l’année, la Maison Stéphanie sera l’hôte d’un événement avec Brandon et Aurore Ballengée, une famille francophone voisine qui accueille l’Atelier de la Nature. Douet a noté que ces types de connexions sont cruciales pour montrer aux enfants que le français existe en dehors de la salle de classe.

« Je pense que pour eux, c'est une langue, il a déclaré. Ça fait pas encore une partie de leur culture. En sortant de la salle de classe et en étant dans la vie quotidienne, là t'as la chance de faire des expériences dans la langue et avec la musique, la cuisine, les jeux. Et là, ça devient une vraie partie de soi-même, pas juste dans la salle de classe. »

Douet a souligné que dans certaines communautés, il existe déjà de nombreuses entreprises qui emploient des francophones ou des créolophones, mais qui n’en font probablement pas la publicité. Par exemple, à Arnaudville, à seulement quelques milles de son entreprise, Douet a dit qu’il y a des francophones ou des créolophones dans pratiquement tous les établissements locaux : Myran’s Maison de Manger, Russell’s Food Center, Bayou Teche Brewery, NUNU Art and Culture Collective et The Little Big Cup. En faisant l’effort de souligner davantage ces gens et en embauchant plus d’entre eux-autres, Douet a dit que la communauté peut continuer à cultiver les langues patrimoniales de la Louisiane.

« Tu commences à parler et tu te rends compte qu'il y a encore beaucoup de gens qui parlent le français, il a déclaré. Mais si tu fais pas l'effort, tu connais pas qui c'est qui parle le français. »

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NOLA Zydeco Fest mettra en honneur la culture créole

Le festival revient dans le but de réunir des créoles du sud-ouest de la Louisiane et ceux de la Nouvelle-Orléans.

Le festival revient dans le but de réunir des créoles du sud-ouest de la Louisiane et ceux de la Nouvelle-Orléans.

Cet article fait partie d’un partenariat médiatique entre Télé-Louisiane et le NOLA Zydeco Fest.

Par Jonathan Olivier

Gabrielle Deculus et Courtney Smith ont fondé le NOLA Zydeco Fest en 2021 pour honorer l’héritage de leur arrière-grand-père, la légende musicale Alphonse « Bois Sec » Ardoin. Le festival a également servi comme pont entre la culture créole de la Nouvelle-Orléans et celle de la campagne du sud-ouest de la Louisiane.

Cette année, les dirigeants du festival cherchent à continuer de nourrir ces relations en mettant en valeur des contributions des créoles sur la culture louisianaise. « Ce festival va souligner la culture de la Nouvelle-Orléans, qui comprend des brass bands et des Indiens de Mardi Gras et des groupes de second line, ainsi que des trail rides et la culture créole plus rurale de la Louisiane, a déclaré Deculus. Et puis il y a l’énergie que la musique Zydeco apporte. On voulait créer une voie pour que ces deux cultures puissent coexister et avoir de meilleurs rapports. »

Cette année, le festival revient au parc A.L. Davis à la Nouvelle-Orléans le 10 juin pour continuer à célébrer les Créoles de la Louisiane. Il y aura des spectacles musicaux de Lil Nathan and the Zydeco Big Timers, de Koray Broussard and the Zydeco Unit, de Rusty Metoyer and the Zydeco Crush, ainsi qu’une performance d’Alphonse Ardoin and the Zydeco Kings.

Drake LeBlanc, cofondateur et chef de la création de Télé-Louisiane, représentera l’entreprise médiatique au festival de cette année et sera un hôte de l’événement avec Deculus et Smith. « Établir des liens entre différentes cultures a toujours été un élément essentiel de l’histoire de la Louisiane, et c’est exactement ce qu’on fait ces jours-là, a déclaré LeBlanc. Comme cofondateur de Télé-Louisiane et un bougre du sud-ouest de la Louisiane, je suis si content d’apporter un peu de ce piment qu’on aime sur la scène de ce festival en Ville. »

LeBlanc note qu’il soulignera certaines des influences que le français et le créole louisianais ont eues sur la musique zydeco et la culture louisianaise. Le créole louisianais est une langue créolisée qui s’est formée en Louisiane coloniale au 18ème siècle. La langue a longtemps coexisté avec le français louisianais, parlé par beaucoup de monde dans des communautés cadiennes et créoles tout partout dans l'État : à la Nouvelle-Orléans, à la Vacherie, à Cécilia ou au Chemin Neuf.

Le NOLA Zydeco Fest est gratuit et ouvert au public. Deculus a noté que les enfants sont les bienvenus : il y aura une place dédiée à eux-autres. L’inscription à l’avance est toutefois possible, ce qui permet aux participants de sauter la ligne d’entrée et de gagner des prix.

Pour plus d’informations sur NOLA Zydeco Fest, visitez leur site web.

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Une conférence à UL Lafayette souligne la diversité du français des Amériques

Des étudiants et des jeunes professionnels d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et des Caraïbes ont participé à l’Université d’été qui a été axé sur des sujets pertinents pour les francophones des Amériques.

Des étudiants et des jeunes professionnels d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et des Caraïbes ont participé à l’Université d’été qui a été axé sur des sujets pertinents pour les francophones des Amériques.

Joseph Savoie, le président de l’Université de Louisiane à Lafaytte, s’adresse aux participants de l’Université d’été le 22 mai. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane

Par Jonathan Olivier

Mieux comprendre la diversité de la francophonie des Amériques était le but de la sixième édition de l’Université d’été sur la francophonie des Amériques, qui a eu lieu à Lafayette la dernière semaine complète de mai. 

Le programme, tenu à l’extérieur du Canada pour la première fois, a été organisé par l’Université de Louisiane à Lafayette (UL) et le Centre de la francophonie des Amériques (CFA), un organisme québécois qui cherche à faciliter les relations entre les francophones des Amériques. La conférence était structurée comme un cours offrant 45 crédits, composé de 50 participants : 30 du Canada et 20 du reste des Amériques, y compris les États-Unis, l’Amérique du Sud et les Caraïbes.

« C'est vraiment d'offrir une perspective sur la francophonie des Amériques, a déclaré Sylvain Lavoie, président-directeur général du Centre. C’est un moment de formation, d'échange, de réseautage également aux étudiants et aux participants qui viennent et contribuent aussi à ce lien entre les francophones de découvrir, de partir à l'aventure, de créer des ponts entre les différentes régions. »

Les sujets de cette conférence étaient axés sur plusieurs enjeux auxquels font face les francophones de l’hémisphère occidental qui existent souvent en situation minoritaire. Lafayette a été l’endroit tout indiqué pour discuter du français comme langue minoritaire en raison de l’état de la langue dans la région.

Guyaume Boulianne de la baie Sainte-Marie en Nouvelle-Écosse est venu en Louisiane plusieurs fois pour explorer le lien acadien de la région et jouer de la musique. Cette fois-ci, il a noté avoir pu explorer ce que la francophonie signifie pour lui.

« Notre francophonie et la Louisiane sont peut-être plus similaires à cause qu'on a la Acadian connection là, Boulianne a déclaré. Mais quelqu'un qui vient du Chili, qui parle français, je suis pas nécessairement convaincu qu'on ait un rapprochement identitaire par rapport à ça. Mais, ce qui nous rejoint, c'est la francophonie. »

Le thème dominant du programme était la diversité de la francophonie des Amériques, et les participants ont été encouragés à explorer davantage ces liens. C’était une occasion pour les francophones d’interagir avec d’autres qui, même s’ils diffèrent au niveau culturel, partagent un lien linguistique commun. Justin LeBlanc, directeur du développement économique et du tourisme à Cap-Acadie, au Nouveau-Brunswick, a participé au programme afin de mieux comprendre ces similarités.

« Je veux vraiment comprendre les enjeux de ces différentes communautés francophones, il a déclaré. Je sais qu'au Nouveau Brunswick, on est la province officiellement bilingue, mais on se retrouve quand même à se battre pour nos droits, parfois, comme les francophones. Donc c'est vraiment une ouverture d'esprit que j'essaie de comprendre les réalités de ces gens. »

Barry Ancelet, professeur à la retraite de l’Université de Louisiane à Lafayette, a récité de la poésie lors de la cérémonie d’ouverture le 2 mai. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane

Un accent particulier a été mis sur la Louisiane et sa population francophone, avec des présentations de Barry Ancelet, Joseph Dunn, Lawson Ota, Christine Verdin et d’autres. Parmi les sujets abordés étaient des enjeux des changements climatiques auxquels font face les franco-indiens louisianais, comme la Tribu indienne Pointe-au-Chien et la Nation unie Houma, ainsi que l’importance de l’expression en français pour ceux qui existent en situation minoritaire. Les participants ont également fait une excursion à Arnaudville afin de souligner plusieurs initiatives de la paroisse Saint-Landry, comme l’École Saint-Landry et le Campus d’immersion française et centre culturel Saint-Luc.

Le programme était un autre événement international qui a démontré la résilience et l’importance de la communauté francophone de la Louisiane après la visite du président français Emmanuel Macron dans l’État en décembre. Nathan Rabalais, professeur agrégé d’études francophones à UL, a déclaré que la Louisiane était un choix logique pour ce programme grâce à la relation du Centre avec des chercheurs locaux et des activistes culturels de l’État. « Les thèmes de cette édition de l'Université d'été font en sorte que UL Lafayette soit un endroit idéal pour explorer ces sujets », Rabalais a déclaré.

En janvier, l’Université de Louisiane à Lafayette est devenue la première université américaine à rejoindre l’Agence Universitaire de la Francophonie, un réseau international de 1 000 membres à travers 122 pays qui encourage le développement culturel et économique dans la francophonie. Afin de continuer à faciliter les relations, l’Université s’engage à offrir plus d’occasions d’accroître sa présence au sein de la francophonie

« Le Département de Langues Modernes œuvre pour offrir des certifications en français professionnel ainsi que de nouveaux cours sur la traduction et le français des affaires et des médias en lien avec des sites touristiques et des entreprises locales », Rabalais a déclaré.

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Les Saints de la Nouvelle-Orléans choisissent la France comme premier marché mondial

Cela permettra aux Saints de développer des liens commerciaux et culturels entre la Louisiane et la France.

Cela permettra aux Saints de développer des liens commerciaux et culturels entre la Louisiane et la France.

L’expansion en France des Saints est la première participation de l’équipe au programme mondial et la première fois que la France est choisie comme marché ciblé. Will McGrew/Télé-Louisiane

Par Will McGrew

Les Saints de la Nouvelle-Orléans ont annoncé aujourd’hui que la NFL a approuvé sa demande d’ajouter la France comme son premier marché international. Le partenariat permettra à l’équipe de football américain de développer le marketing, l’engagement des fans et des collaborations de commercialisation en France. 

La NFL a lancé l’année passée le « Global Markets Program » dans le cadre d’un effort visant à encourager ses équipes de football américaines à mobiliser les fans du monde entier. L’expansion en France des Saints est la première participation de l’équipe au programme mondial et la première fois que la France est choisie comme marché ciblé.

« Nous sommes heureux d’être récompensés par la France en tant que territoire de notre ‘Global Market Program’ de la NFL, la propriétaire des Saints Gayle Benson a déclaré. La Nouvelle-Orléans et la France entretiennent des liens culturels uniques depuis des siècles et nous sommes ravis de travailler avec la NFL et nos partenaires en France pour faire croître le football américain. En plus d’avoir l’occasion de commercialiser notre équipe en France, nous avons hâte de promouvoir notre ville et notre État et de stimuler les investissements dans les entreprises locales et régionales. »

Cette décision élargit dans le domaine du sport l’élan positif qui a eu lieu dans la communauté francophone de la Louisiane au cours des dernières années. En particulier, l’année passée, l’Assemblée législative de l’État a autorisé le plus important budget de l’histoire pour les projets concernant le français louisianais qui ont totalisé 4 millions de piastres, y compris le soutien au partenariat de programmation de l’École Pointe-au-Chien et d'émissions de la Veillée produit par Télé-Louisiane sur LPB.

En décembre, le président français Emmanuel Macron est venu en Louisiane pour un voyage historique. Au cours de la visite, il a rencontré des dirigeants francophones, politiques et économiques clés tels que Benson. Elle a également rencontré l’Ambassadeur de France Philippe Etienne en janvier pour discuter des collaborations entre experts techniques sur les rénovations des cathédrales Saint-Louis et Notre-Dame ainsi que l’ajout d’un vol direct Nouvelle-Orléans-Paris sur AirFrance. 

Les Saints ont hissé le drapeau français avec les drapeaux américain, louisianais et de l’équipe hors de leur siège au Metairie le jour de l’annonce (23 mai 2023). Will McGrew/Télé-Louisiane

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Nouveaux locuteurs du français en Louisiane : Poursuivre un héritage

À Lafayette, d’anciens étudiants en immersion essaient d’établir les institutions nécessaires pour soutenir une nouvelle génération de francophones.

À Lafayette, d’anciens étudiants en immersion essaient d’établir les institutions nécessaires pour soutenir une nouvelle génération de francophones.

Stephen Ortego a travaillé avec Makemade et Lafayette Consolidated Government pour installer des panneaux d’orientation et de signalisation bilingues dans tout le centre-ville, appelé le projet Route Lafayette. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane

Cet article est la deuxième partie d’une série sur le français en Louisiane. La partie 1, qui explique les complexités de l’immersion française en Louisiane, est disponible icitte.

Par Jonathan Olivier

Renée Reed a commencé à apprendre le français lorsqu’elle avait environ cinq ans à l’école primaire Évangéline, un programme d’immersion à Lafayette. Bien qu’elle ait quitté le programme un an plus tard, le français est resté dans sa vie grâce à la musique cadienne et le temps qu’elle a passé avec ses grands-parents qui sont des locuteurs natifs du français louisianais.

« Je me rappelle d’une période de ma vie ayoù j’étais petite, et j’ai parlé surtout français à l’école, a déclaré Reed. Et puis quand j’allais chez mes grands-parents, parce que j’allais souvent là-bas, on parlait français. »

Malgré son lien familial avec le français, l’anglais a demeuré la langue maternelle de Reed. Puisque l’anglais était devenu la langue dominante de la région depuis quelques décennies quand elle était petite au début des années 2000, c’était facile pour le français de se faire oublier. Puis, au high school, elle a commencé à jouer de la musique cadienne, avec sa mère, Lisa Trahan, qui joue avec les Magnolia Sisters et son père, Mitchell Reed, qui a joué avec BeauSoleil. Plus tard, en tant qu’étudiante à l’Université de Louisiane à Lafayette, elle s’est spécialisée en français et en musique.

En raison des diverses manières dont Reed avait appris la langue, elle avait créé une mosaïque de compétences en français. Afin de former une base plus solide, en 2019, quand elle avait 20 ans, elle a participé à un programme d’immersion française de cinq semaines à l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse, au Canada. Les participants ne pouvaient parler que français pendant la durée du programme, pendant les cours et une variété d’ateliers, de jeux et d’activités.

« C’est comme ça qu’on apprend vraiment, quand on est dans la vraie vie avec la langue, a déclaré Reed, asteur âgé de 24 ans. Et j’avais jamais été dans cette sorte de situation avant. Ça fait, avec cette expérience, j’ai appris plus que j’ai aperçu. Deux semaines après je suis arrivée, je pouvais vraiment parler en français et je connaissais pas à quel point j’étais après apprendre. »

Renée Reed joue avec plusieurs groupes de musiciens cadiens à Lafayette, ainsi qu’un acte solo qui lui permet d’écrire de la musique en français. Photo fournie par Renée Reed.

Reed est ce que les linguistes en Europe qui étudient la revitalisation des langues minoritaires et patrimoniales appellent un « nouveau locuteur ». D’habitude, il s’agit d’une personne qui a été peu exposée à une langue patrimoniale à la maison ou dans la communauté et qui l'obtient ensuite dans le cadre de projets d’immersion ou de revitalisation linguistique.

Au cours des dernières décennies, le français a surtout été transmis aux jeunes générations de Louisianais comme c’était le cas pour Reed, grâce à l’éducation en immersion : qu’ils soient enfants ou adultes. Beaucoup de locuteurs natifs du français louisianais sont souvent vieux, généralement âgés plus de 60 ans, mais majoritairement avec plus de 70 ou 80 ans. Pendant que cette population vieillit, dans un avenir proche, ces nouveaux locuteurs du français en Louisiane constitueront la majorité des francophones de l’État.

Cette génération de nouveaux locuteurs, souvent âgés de moins de 40 ans, représente un changement générationnel qui s’est développé après que la transmission du français à la maison a disparu au milieu et à la fin du XXe siècle. Leurs grands-parents parlaient probablement le français comme langue maternelle, et leurs parents étaient probablement des anglophones ayant une certaine connaissance du français. Ce contact avec des locuteurs natifs du français louisianais, bien que souvent limité, donne aux nouveaux locuteurs la capacité de saisir ce qu’ils peuvent et de le transmettre, selon Stephen Ortego, un architecte basé à Lafayette qui a étudié à l’Université Sainte-Anne.

« Notre génération est un peu le pont entre nos grands-parents qui parlaient presque tous français et la génération qui vient, a déclaré Ortego, 39 ans de Carencro. C'est à nous pour transmettre la langue à une autre génération. Et c'est important d'avoir un certain pourcentage de nous qui continue ce qui nous fait spécial. »

Pour que le français demeure viable avec cette nouvelle génération, le folkloriste et professeur émérite de l’Université de la Louisiane à Lafayette, Barry Ancelet, a écrit dans un essai de 1988 qu’il faut développer un « environnement français ». Ça comprend une société ayoù le français est institutionnalisé et visible au ras de l’anglais à travers d’émissions de radio et de télévision, de magazines, de livres, de panneaux publicitaires et de panneaux routiers. « Si quelqu’un doit se donner la peine d’apprendre le français, a écrit Ancelet, il doit y avoir quelque chose à faire, à lire, à voir et à entendre dans la langue. »

Pendant une bonne partie des décennies qui ont suivi l’appel d’Ancelet à rétablir le français dans l’État, son environnement francophone n’est pas apparu. Pourtant, au cours des dernières années, il y a eu une vague de progrès grâce, en grande partie, aux anciens étudiants en immersion française. Dispersés dans le sud de la Louisiane sont des signes d’une nouvelle vie qui nourrit le français au sein de la société d’État par l’infrastructure, la musique et l’art.

Bâtir un environnement français

Ortego entendait souvent le français quand il était enfant, passant du temps à Washington ou aux Opelousas avec ses grands-parents, ses voisins et sa famille. Mais il n’a pas été immergé dans une société ayoù le français est institutionnalisé avant d’avoir participé, à l’âge de 19 ans, au programme d’immersion de l’Université Sainte-Anne. C’est là qu’il a commencé à rêver en français, à penser en français, sans effort. Ça lui a fourni une base solide de la langue afin qu’il puisse retourner en Louisiane avec ses compétences linguistiques pour vivre en français.

« Après, je continuais à parler avec mes grands-parents, avec un voisin, avec des amis, il a déclaré. J'ai fait des amis qui étaient en immersion de mon âge. Donc, je refusais de parler en anglais avec des gens que je connaissais en Louisiane qui parlaient déjà français parce que je voulais apprendre. C'était la seule manière d'apprendre. »

Quelques années plus tard, Ortego a été représentant de l’État, de 2012 à 2016. Pendant ce temps, il s’est consacré à l’institutionnalisation du français en Louisiane. Le projet de loi no 998 d’Ortego en 2014 a permis aux paroisses, soit les jurys de police soit les conseils paroissiaux, de demander au Département des transports et du développement (DOTD) de l’État de fournir des panneaux bilingues le long des autoroutes étatiques et fédérales. Le projet de loi a finalement été signé par le gouverneur Bobby Jindal et il est devenu la Loi 263, qui a chargé le DOTD avec la responsabilité d’adopter des suppléments au « Manual on Uniform Traffic Control Devices » (MUTCD) pour y inclure une signalisation bilingue.

Des panneaux bilingues ont été installés à Lafayette en 2021 grâce à Makemade, SO Studio Architecture et Lafayette Consolidated Government. Photos des panneaux fournies par Makemade

« Donc, on avait déjà commencé à parler avec plusieurs présidents de paroisse ou présidents de jury police dans les 22 paroisses de l’Acadiana, a déclaré Ortego. On avait l'intention que dès que la politique était adoptée par le département de transport, on voulait passer dans chaque paroisse et parler avec les jurys de police ou bien les conseils. »

Selon Ortego, le DOTD n’a jamais pris de mesures pour adopter les changements au MUTCD. Ainsi, près de 10 ans plus tard, les paroisses n’ont toujours pas la possibilité d’adopter des panneaux bilingues. Pourtant, Ortego a fait des progrès sur ce front en 2021. Son entreprise SO Studio Architecture a pu travailler avec Makemade et Lafayette Consolidated Government pour installer des panneaux d’orientation et de signalisation bilingues dans tout le centre-ville, appelé le projet Route Lafayette.

Bien que ces panneaux n’existent qu’au centre-ville de Lafayette asteur, l’entreprise d’Ortego et Makemade ont également pris quelques mesures que DOTD n’a pas prises, apportant des changements au MUTCD qui comporte des panneaux bilingues qui vont au-delà de l’orientation, comme les panneaux d’arrêt. Si le gouvernement de la paroisse décidait d’adopter ces changements à l’échelle de la paroisse, Ortego a déclaré que le document décrivant les changements au MUTCD fournirait une voie pour le faire. Au niveau de l’État, Ortego a souligné que quant à la  législation, tout est en place pour que DOTD puisse implémenter la signalisation bilingue.

« Mais peut-être il y a des gens qui peuvent demander aux représentants d'État de revenir à la question, et pousser plus pour même peut-être donner de l'argent au département pour adopter la politique qui est déjà écrite dans la loi, a déclaré Ortego. Donc, si c'est financé, ils ont plus d'excuses. »

Un pont vers la prochaine génération

Philippe Billeaudeaux a fait partie de la première classe d’immersion française à Lafayette au début des années 90 à S.J. Montgomery Elementary School, qui est asteur à Myrtle Place Elementary School. Billeaudeaux a également fait partie des classes à Prairie Elementary School, puis à Paul Breaux Middle School, alors qu’il entendait aussi du français chez lui de son père.

« Je continue d'utiliser le français dans mes projets créatifs, a déclaré Billeaudeaux, 37 ans de Lafayatte. Je joue de la musique cadienne et créole avec Feufollet, Steve Riley, et Cedric Watson. Aussi je fait un dessin animé en français louisianais avec un film maker qui s'appelle Marshall Woodworth. Lui, il habite à Nouvelle-Orléans. On a créé Les Aventures de Boudini et Ses Amis ensemble. C'est un cartoon en français pour les élèves d'immersion en Louisiane. »

Boudini est un projet de Creole Cartoon Company de Billeaudeaux et Woodworth, produit en partenariat avec Télé-Louisiane, qui a été diffusé en ligne pour la première fois en janvier 2021. Cette année, une nouvelle saison de la série sera diffusée sur Louisiana Public Broadcasting. Avec des personnages comme Kirby Jambon, maître d’école d’immersion et poète officiel de la Louisiane française, et les musiciens Cedric Watson et Louis Michot, des étudiants en immersion ont l’occasion d’entendre le français louisianais de la communauté francophone locale.

Philipe Billeaudeaux (à gauche) et Marshall Woodworth ont créé la bande dessinée « Les Aventures de Boudini et Ses Amis », qui offre aux élèves en immersion un moyen d’apprendre le français louisianais. Photo fournie par Philippe Billeaudeaux

Au cours des dernières années, il y a eu une hausse des projets dirigés par d’anciens étudiants en immersion. En 2018, un balado intitulé « Charrer-Veiller » a été fondé par Joseph Pons et Chase Cormier; Drake LeBlanc, chef de la création et co-fondateur de Télé-Louisiane, et Jo Vidrine, photographe de l’équipe, ont participé aux écoles d’immersion de Lafayette; et « Le Bourdon de la Louisiane », un journal virtuel, a été fondée en 2018 par l’ancienne étudiante de Sainte-Anne Sydney-Angelle Dupléchin Boudreaux et aussi Bennett Boyd Anderson III.

Dans les alentours de Lafayette, quelques organisations ciblent les étudiants en immersion afin de fournir des exemples de français existant en dehors de la salle de classe. À Vermilionville, le musée d’histoire vivante de Lafayette, le personnel organise de nouveau un camp d’été en juillet pour des étudiants en immersion française. Zach Fuselier, un ancien étudiant en immersion, travaille à Vermilionville comme jardinier patrimonial ayoù il s’occupe des animaux et du jardin du musée, offrant des présentations pratiquement tous les jours en français.

« Et souvent, on a des touristes du Canada et de la France et d'autres pays francophones, a déclaré Fuselier, 26 ans, de Lafayette. Ça fait je peux partager ma culture avec eux-autres et je peux faire ça en français. Ça fait c’est une langue qu'eusse, ils sont plus confortable dedans. Et je peux représenter la Louisiane, qu'il y a toujours du monde qui parle français. »

Malgré les projets récents de certains anciens élèves en immersion, Fuselier a déclaré que la majorité de ses anciens camarades de classe n’utilisent probablement pas la langue dans leur vie quotidienne. La vie en dehors de l’école n’existe souvent qu’en anglais : même pour lui, l’anglais est la langue qu’il utilise le plus dans sa vie. C’est pourquoi Fuselier a dit qu’il est encore plus important de favoriser un environnement francophone afin que les étudiants en immersion, actuels et anciens, continuent d’exister dans la langue après avoir quitté la classe.

« Il faut donner quelque chose, un incentive pour les enfants, premièrement, apprendre la langue et puis, deuxièmement, l'user dans leur vie de tous les jours, il a déclaré. Si on veut ramener le français, il faut avoir de plus en plus de ressources, juste pour vivre en français. »

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Développer des nouveaux francophones dans les écoles d’immersion française

Plus de 5 000 enfants apprennent le français grâce à l’immersion en Louisiane, ce qui crée une petite mais croissante population de nouveaux francophones dans l’État.

Plus de 5 000 enfants apprennent le français grâce à l’immersion en Louisiane, ce qui crée une petite mais croissante population de nouveaux francophones dans l’État.

Cet article est la première partie d’une série sur le français en Louisiane. La deuxième partie, qui explore comment les anciens élèves en immersion utilisent leurs compétences linguistiques pour soutenir le français dans l’État, sera publiée le 9 mai.

Reportage par Jonathan Olivier | Photos par Jo Vidrine

Au milieu du XXe siècle, la transmission du français à la maison a commencé à diminuer rapidement en Louisiane, ce que les linguistes classent comme une « conversion linguistique ». L’anglais est devenu la langue dominante parlée à la maison et à travers toutes les communautés de l’État.

Selon Shane K. Bernard, dans son livre « The Cajuns : Americanization of a People », plus de 80 pour cent des gens du sud de la Louisiane parlaient le français comme langue maternelle au début du XXe siècle. Ce chiffre est tombé à 21 pour cent pour les personnes nées entre 1956 et 1960, et encore moins à 8 pour cent pour celles nées entre 1971 et 1975.

Cette tendance s’est poursuivie pendant des décennies et ces jours-ci, le français a essentiellement disparu comme première langue apprise à la maison ou parlée à travers la plupart des communautés. Au lieu de cela, le français est asteur généralement appris par des enfants unilingues anglophones comme deuxième langue dans les écoles d’immersion française. Ils apprennent une variante scolarisée et standardisée de la langue. L’immersion est donc devenue l’un des moyens les plus importants et les plus viables d’augmenter une population de nouveaux francophones en Louisiane.

« On a des élèves à la maternelle qui nous disent des phrases complètes en français d’ici Noël. Ils nous disent leurs besoins, a déclaré Lindsay Smythe, cheffe d’école à l’École Saint-Landry, une école d’immersion à charte à Sunset. Et ils peuvent participer en français toute la journée. »

À l’École Saint-Landry, les enfants qui sont typiquement unilingues anglophones commencent à la maternelle ayoù ils passent la majorité de leur journée à apprendre le français par des cours comme les mathématiques et les sciences. Habituellement, ils ne sont enseignés en anglais que pendant les cours d’anglais.

Fondée en 2021 comme un campus d’immersion complet avec la maternelle et le premier livre, l’École Saint-Landry accueille actuellement de la maternelle au deuxième livre. Smythe a dit que son équipe continuera d’ajouter des grades à mesure que leur groupe actuel d’élèves progresse chaque année, offrant des cours finalement jusqu’au huitième livre.

En 2010, le nombre d’étudiants en immersion a atteint 3 416 à l’échelle de l’État. Aujourd’hui, les 103 élèves actuellement inscrits à l’École Saint-Landry comptent parmi plus de 5 100 enfants qui participent à des programmes d’immersion française dans plus de 35 écoles en Louisiane. Ils ont rejoint les milliers d’autres qui ont participé à l’immersion au cours des trois dernières décennies. Plusieurs milliers d’autres ont participé à des programmes d’immersion comme adultes, notamment à l’Université Sainte-Anne dans la province acadienne de Nouvelle-Écosse au Canada.

Pourtant, l’immersion demeure un effort niche dans le système d’éducation anglophone. Les élèves en immersion représentent moins de 1 pour cent de la population d’âge scolaire de la Louisiane : il y a environ 1 million d’enfants de moins de 18 ans dans l’État. Ainsi, l’augmentation du nombre d’écoles qui offrent un programme est une priorité pour les activistes et les éducateurs depuis des années.

Selon Michèle Braud, spécialiste des langues du monde au ministère de l’Éducation de la Louisiane, les fonctionnaires de l’État impliqués dans l’immersion voudraient continuer à augmenter les inscriptions de 5 pour cent chaque année. Bien que le département de Braud compile encore des chiffres de l’année académique 2022-2023, elle a noté que les inscriptions sont en hausse.

En août 2023, trois autres programmes ouvriront leurs portes : l’École Pointe-au-Chien à la Pointe-aux-Chênes deviendra le premier programme majoritairement franco-indien; l’Evangeline Reimagine Academy ouvrira ses portes à la Ville Platte grâce à la subvention Reimagine School Systems de la Louisiane; et Fairfield Elementary Magnet School sera le premier programme à Shreveport.

Le début des écoles d’immersion française en Louisiane

James Domengeaux, qui en 1968 a joué un rôle central dans la création du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), a souvent dit que « l’école a détruit le français ; l’école doit le restaurer. » Bien sûr, Domengeaux faisait référence au fait que le français en Louisiane a connu un déclin si rapide au XXe siècle, en grande partie, en raison de la constitution de l’État de 1921. Par conséquent, le français a été essentiellement interdit à l’école : des châtiments corporels ont souvent été infligés aux enfants qui parlaient la seule langue qu’ils connaissaient afin de les forcer à apprendre l’anglais.

La vision de Domengeaux était de rétablir la langue dans toutes les communautés de la Louisiane par l’éducation. Dans les années 1970, le CODOFIL a d’abord mis en place un plan d’enseigner le français à travers des cours courts pendant la journée : les résultats se sont avérés peu encourageants. Domengeaux s’est ensuite tourné vers le Canada ayoù il existait plusieurs écoles d’immersion française. Les profs enseignaient la plupart des cours dans la langue elle-même au lieu d’enseigner le français aux élèves dans des cours de langue. L’intérêt de Domengeaux a mené à un programme d’immersion pilote au Bâton-Rouge en 1981, mais les programmes n’ont pas vraiment commencé à décoller avant les années 1990.

Au début de 2010, la mission de CODOFIL a été modifiée par une série de lois. En 2010, l’ancien sénateur Eric Lafleur, D-Ville Platte, a présenté l’Act 679, qui a été adoptée pour redéfinir l’objectif de CODOFIL. L’organisme était spécifiquement chargé d’améliorer les écoles d’immersion française de la Louisiane en coordination avec le ministère de l’Éducation de la Louisiane et le Louisiana State Board of Elementary and Secondary Education à travers le « International Associate Teacher Program ».

L’établissement d’un programme d’immersion dans un district scolaire de la Louisiane est possible grâce à une loi adoptée en 2013. L’Act 361 stipule que les parents ou les tuteurs légaux d’au moins 25 enfants d’âge préscolaire qui restent dans un district scolaire donné doivent signer une pétition. La loi de l’État exige qu’un conseil scolaire crée un programme d’immersion. Cependant, cette loi n’a pas des mécanismes de mise en vigueur et les districts scolaires ont ignoré au moins 4 pétitions dans les dernières années: 2 en Terrebonne et 2 en St. Tammany.  Braud a déclaré que la voie la plus efficace pour ouvrir un programme est pour les parents de simplement commencer une conversation avec le district scolaire, le CODOFIL et son bureau.

Habituellement, un programme est offert dans une école anglaise qui ajoute un programme d’immersion en français. D’autres écoles offrent seulement l’immersion française, comme le cas de l’École Saint-Landry. Il n’existe que quelques options pour les étudiants qui veulent continuer en immersion au high school, comme le Lycée Français à la Nouvelle-Orléans et Lafayette High School à Lafayette.

Le français dans un curriculum anglophone

Reconstruire le français après plusieurs générations de conversion linguistique n’a pas été une tâche facile. Le manque de transmission à la maison signifie que la Louisiane n’a pas assez de maîtres d’école francophones certifiés. Ainsi, CODOFIL et ses agences partenaires coordonnent avec les gouvernements étrangers pour fournir des visas J-1 du département d’État américain aux maîtres d’école qui enseignent en Louisiane pour une période de trois ans, qui peut être prolongée de deux ans. Il y a des accords officiels entre l’État et des pays comme la France, le Canada et la Belgique et les maîtres d’école viennent d’ailleurs itou, notamment de l’Afrique francophone.

Puisqu’il y a majoritairement des maîtres d’école étrangers dans ces écoles, les élèves n’entendent souvent pas le français louisianais en classe parce que ces enseignants ne connaissent pas souvent les différences régionales. Le « Minimum Foundation Program » (MFP) de l’État limite également le nombre de maîtres d’école étrangers qui peuvent enseigner en immersion en Louisiane à 300. Par conséquent, la priorité est accordée aux programmes élémentaires. La limite d'enseignants par MFP, ainsi que les taux élevés d’attrition chez les élèves en immersion après l’école secondaire, ont mené à la création d’une poignée de programmes d’immersion au high school. 

Afin d’agrandir son école, Smythe de l’École Saint-Landry aimerait que la loi de l’État soit modifiée pour supprimer le plafond dans le nombre de professeurs étrangers. Parce que, à partir d’asteur, l’expansion de son école au-delà du huitième livre serait un défi : elle devrait trouver des enseignants locaux francophones et certifiés pour enseigner, ce qui, selon elle, peut être difficile dans les petits villages comme le sien.

Les maîtres d’école étrangers sont également chargés de naviguer dans les normes du curriculum de la Louisiane. Chaque école doit suivre des règles de son district scolaire, qui est souvent rédigé en anglais. « Donc, si un district adopte un programme de mathématiques, si ce programme de mathématiques existe pas en français, c’est aux professeurs d’immersion de traduire tout le programme en français », Smythe a déclaré.

Smythe a dit qu’elle aimerait voir la création d’un curriculum en français à l’échelle de l’État qui pourrait être appliqué à toutes les écoles d’immersion française. Cependant, certaines écoles, comme l’Audubon Charter School à la Nouvelle-Orléans, suivent les normes académiques de la Louisiane mais aussitte de la France, établies par le ministère français de l’Éducation qui fait partie de l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger (AEFE).

Selon Sophie Capmartin, directrice du programme français à Audubon, ses élèves apprennent à l’aide de livres et de matériaux achetés en France. « Le travail sur un curriculum français permet une plus grande ouverture sur le monde et apporte une perspective interculturelle sur certains thèmes ou dans la façon d'aborder certaines disciplines, elle a déclaré. Les textes en littérature française sont des œuvres intégrales d'auteurs francophones que les élèves étudient dès le troisième grade. »

Capmartin a noté que les élèves d’Audubon obtiennent généralement un résultat supérieur ou égal à la moyenne nationale française au Diplôme d'études en langue française, qui certifie les compétences linguistiques d’une personne. En général, les étudiants en immersion ont tendance à mieux réussir les tests normalisés louisianais que leurs pairs monolingues.

Malgré les défis que pose le rétablissement du français dans un système d’éducation anglophone, Smythe dit reconnaître les nombreux avantages que ses élèves reçoivent. De plus, elle sent qu’elle fait sa part pour reconnecter ses élèves à un patrimoine linguistique unique.

« Je me sens personnellement très honorée de faire partie de ce qu’on fait, a déclaré Smythe. Ces élèves qui sont bilingues auront plus de possibilités, plus de portes ouvertes. Je suis très heureuse qu’on soit capable d’offrir tout ça à nos étudiants, parce qu’ils avaient pas cette possibilité avant. »

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Tu vis ta culture ou tu tues ta culture

Avec son nouvel album, Jourdan Thibodeaux implore les Louisianais de garder leur patrimoine culturel.

Avec son nouvel album, Jourdan Thibodeaux implore les Louisianais de garder leur patrimoine culturel.

La Prière, le nouvel album de Jourdan Thibodeaux, est sorti en mars 2023. Drake LeBlanc/Télé-Louisiane

Cet article a été publié en partenariat avec Country Roads Magazine. Il est disponible en version papier et en ligne icitte.

Par Jonathan Olivier

En octobre passé, Jourdan Thibodeaux et son band Les Rôdailleurs ont joué le dernier concert du soir aux Festivals Acadiens et Créoles à Lafayette. Thibodeaux a chanté des chansons de son premier album en 2018, qui lui a donné un public en Louisiane et tout partout, ainsi qu’un mélange de nouvelles mélodies ancrées par ses paroles en français louisianais.

La dernière chanson du soir, aussitte le titre de son deuxième album qui est sorti ce printemps, La Prière, ne correspondait pas à la norme. Elle était doucement, rythmée, solennelle. La foule, qui avait passé les deux jours précédents à danser le deux-pas, le Jitterbug et la valse, s’est tournée vers la scène en révérence. Parmi ceux qui pouvaient comprendre les paroles en français de Thibodeaux, il y en avait qui ont braillé.

Dans les premières lignes, doublées d’une interview avec le défunt grand-père de Thibodeaux, Charles Herbert, il chante : « Tu vis ta culture ou tu tues ta culture, il n’y a pas de milieu. »

Dans la chanson, Thibodeaux reconnaît les jeunes Louisianais qui ne comprennent pas ses paroles, les gens qui ont oublié les traditions de la Louisiane et de sa langue, et tout quelqu’un qui ne parle que, comme il l’a chanté, « la langue de les conquis » : anglais.

Au cœur de La Prière, Thibodeaux invoque que la langue française, et la culture qui l’a soutenue, ne disparaîtront pas. Il prie pour que les Louisianais continuent à participer au riche patrimoine culturel de la Louisiane. Et il prie pour que sa génération ne soit pas la dernière à faire partie de cette culture.

Alors que La Prière est un sombre rappel de la manière dont l’américanisation a changé la culture louisianaise, c’est aussitte un cri de ralliement pour rassembler toutes les affaires culturelles que les générations précédentes nous ont laissées, afin de préserver et de continuer les qualités qui rendent la Louisiane si unique. C’est aussitte en grande partie le but de Thibodeaux.

« Y a du monde qu’est tout le temps après dire, « Je suis Cadien, moi je suis Créole ». Ils sont fiers de ça, Thibodeaux a déclaré. Mais tu peux pas avoir seulement le titre. Si tu veux le titre, t’as besoin de garder tout que tu as. T’as besoin de garder la langue, garder la culture, garder la religion, parce que c’est tout ensemble. »

Thibodeaux a appris le français de sa grand-mère, Lucille « Hazel » Blanchard. Afin de transmettre la langue à ses deux filles, il leur parle français à la maison, s’assurant que, dans sa famille, le lien culturel de plus de trois cents ans en Amérique du Nord demeure intact. Il s’en tient aux traditions avec lesquelles il a grandi : comme le catholicisme, la chasse et le jardinage, et des coutumes locales comme le jeu pâquage des œufs, qui consiste à frapper des œufs, ou pâquer, pendant le Jour de Pâques.

« C'est pas juste nous-autres, il a déclaré. On a pris quelque chose de quelqu'un d'autre et on a besoin de passer toutes les choses qu'on a pris à la prochaine génération. »

Jourdan Thibodeaux et Les Rôdailleurs aux Festivals Acadiens et Créoles en octobre 2022. Photo fournie par David Simpson

La date de sortie de La Prière a été retardée en raison de la Covid-19 en 2020. Thibodeaux, qui joue du violon et chante, a lancé l’album avec Valcour Records d’Eunice avec son band Jourdan Thibodeaux et Les Rôdailleurs, qu’il a fondé en 2018. Ces jours-là, le groupe est composé des musiciens Cedric Watson, Joel Savoy, Alan Lafleur et Adam Cormier.

Alors qu’un tas d’artistes locaux qui chantent en français aujourd’hui enregistrent des remakes de chansons plus anciennes, ou s’en tiennent aux notions traditionnelles de la musique cadienne ou zydeco, Thibodeaux écrit sa propre musique, selon ses propres termes. Ses chansons comprennent un tas de violon et mettent en évidence ses paroles en français. Pour La Prière, Thibodeaux et son band ont fait des chansons d’une liste d’environ 40 qu’il a écrit au cours des dernières années. « J'ai fait juste les chansons que je sens le plus asteur, Thibodeaux a déclaré. Parce que toutes mes chansons, c'est les vraies histoires de ma vie. »

L’album représente des extraits de la vie de Thibodeaux à l’île Cyprès, dans la paroisse de Saint-Martin. Quand quelqu’un lui demande quel genre de musique il joue, Thibodeaux répond habituellement : « Louisiana French music. »

« Quand j'étais petit, c'est ça que ma grand-mère a dit, il a déclaré. C'était French music et c'était la musique de la campagne. C'était jamais le cadien ou créole et tout ça. Parce que tout le monde ici était le même monde. On était une culture. » 

Beaucoup de Louisianais ont été américanisés il y a seulement quelques décennies. Les affaires qui restent de la culture régionale du sud de la Louisiane sont après diminuer, mais elles survivent quand-même. Thibodeaux croit que le maintien de ces vieilles traditions qui comprennent la langue, le manger, la musique et les pratiques culturelles sert comme guide pour aborder l’avenir.

Et c’est peut-être le message durable de La Prière : respectez les traditions patrimoniales et continuez-les autant que possible.

« Comment tu vas connaître éyoù tu vas, Thibodeaux a déclaré, si tu connais pas d'éyoù tu viens ? »

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