Les dirigeants soulignent l'impact de Nathalie Beras en Louisiane après son départ

Beras, ancienne consule générale de France à la Nouvelle-Orléans, a quitté son rôle au début du mois d'août, mais des dirigeants louisianais ont déclaré que son impact se fera sentir pendant des années.

Nathalie Beras dans la région côtière de Louisiane avec Albert Naquin, chef traditionnel de la nation Choctaw de Jean Charles. Photo fournie par Audoin de Vergnette

Par Jonathan Olivier

Début septembre 2021, Nathalie Beras, à l’époque la nouvelle consule générale de France en Louisiane, venait d'arriver dans l'État pour commencer son mandat à la Nouvelle-Orléans. À ce moment-là, l'ouragan Ida a touché terre dans le sud-est de l’État, provoquant des pannes d'électricité à travers la Ville.

Beras et son équipe ont décidé de passer les deux semaines suivantes à Lafayette, où ils ont travaillé avec des dirigeants francophones pour commencer à connaître la région de l'Acadiana. Dave Domingue, directeur du commerce international et du développement au Centre international de Lafayette, a travaillé avec Beras pendant cette période et a remarqué que son impact sur la communauté francophone de la région était évident dès le début.

Lors de l'une des premières réunions que Beras a tenues avec Domingue et d'autres dirigeants francophones de Lafayette, elle a recommandé à l'Université de Louisiane à Lafayette de s'associer à l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF). « Personne à la réunion n'avait jamais entendu parler de l'AUF, a déclaré Domingue. L'université a donc saisi l'occasion. »

À la fin de l'année 2022, l'AUF a officiellement approuvé l'adhésion de l'UL, qui est la première université américaine à faire partie du réseau montréalais d'universités mondiales à concentration francophone. Lorsque Beras est repartie avec son équipe à la Nouvelle-Orléans, Dominque a déclaré qu'elle avait laissé une trace indélébile à Lafayette et dans les alentours. Elle avait visité de petites communautés francophones autour de Lafayette, comme Arnaudville, et a montré un véritable intérêt pour la compréhension des défis et des atouts uniques de la région, ce que tous les anciens consuls n'ont pas fait de manière approfondie.

« Elle a apporté à la communauté francophone d'ici une grande validation et une grande reconnaissance », a déclaré Dominque.

Beras a quitté ses fonctions de consule au début du mois d'août, laissant derrière elle un héritage que des dirigeants de l'État et de la communauté francophone ont qualifié d'efforts sincères pour sortir de la Nouvelle-Orléans afin d’ tisser des liens avec la majeure partie de la communauté francophone de Louisiane, qui se trouve souvent dans des villes plus petites ou dans la campagne du centre-sud et du sud-ouest de l'État. 

Très tôt, Mme Beras a été marquée par l'accueil chaleureux qui lui a été réservé dans ces communautés, ainsi que par l'attachement généralisé à la langue française.

« J’y ai rencontré les gens les plus chaleureux, des communautés qui m’ont accueilli immédiatement en leur sein.» Beras said in a statement to Télé-Louisiane. « J’ai pu mesurer à quel point la francophonie est au cœur même de ce territoire et y connait une belle renaissance insufflée par la musique et ses traditions orales ».

Beras a notamment soutenu les efforts des populations amérindiennes du sud-est de la Louisiane, qui constituent souvent les plus grandes concentrations de francophones de l'État.

« Nathalie a beaucoup soutenu la tribu, a déclaré Patty Ferguson, citoyenne et avocate de la Tribu indienne Pointe-au-Chien. Elle est allée dans les communautés, tout en reconnaissant les dialectes des autres francophones de Louisiane. »

Beras lors d'une réunion pour l'ouverture de l'École Pointe-au-Chien en 2023. Photo fournie par Audoin de Vergnette

Beras a travaillé avec la Tribu indienne Pointe-au-Chien pour souligner ses besoins lors de la reconstruction après le passage de l'ouragan Ida, ainsi que lors de son combat pour la création de la première école d'immersion franco-indienne de l'État, qui a récemment ouvert ses portes en août.

« Elle est pas venue pour faire seulement une visite, a déclaré Ferguson. Elle a été très active au sein de la communauté et nous a invités à différents événements. Elle s'est assurée que nos dirigeants étaient sur la liste lorsque le président Macron est venu à la Nouvelle-Orléans. Notre président a pu serrer la main du président français, ce qui est incroyable. »

Parmi les autres contributions notables de Beras à l'accroissement de la visibilité de la Louisiane dans la francophonie figure la visite du président Emmanuel Macron en décembre 2022, qui était la première visite d'un président français en Louisiane depuis près de 50 ans. Avant que la visite soit publique, elle a joué un rôle indispensable en convainquant le président et son équipe de se rendre en Louisiane et elle a coordonné tous les aspects de la visite de Macron une fois sa décision prise. 

Elle a également assisté le gouverneur John Bel Edwards lors de ses deux visites officielles en France et a négocié la création d'une délégation de Louisianais pour assister à la Fête de la musique à l’invitation du Président Macron au palais présidentiel de l'Elysée en juin, convainquant Edwards de rejoindre la délégation. Cette visite était également une première en 40 ans: le gouverneur francophone Edwin Edwards étant le dernier gouverneur louisianais à visiter l'Élysée en 1984.

« Je tiens à remercier la Consule générale Nathalie Beras pour son travail historique en faveur de la langue française en Louisiane, tout en développant des partenariats économiques et culturels sans précédent entre la Louisiane et la France, a déclaré Edwards. J'ai été particulièrement fier de travailler avec elle pour accueillir le président Macron en Louisiane, une première en près de 50 ans, et pour créer un poste de conseiller français en matière d'énergie et d'environnement au sein de mon administration. Nous sommes tristes de la voir partir, mais je suis certain que son impact se poursuivra dans les années à venir. »

À travers la Louisiane, Beras a pu constater directement les effets du changement climatique et de la perte de terres côtières. Elle s'est donc fixée comme priorité d'aider les communautés francophones de Louisiane, qui sont souvent en première ligne face à ces problèmes climatiques. Plus précisément, elle a facilité la signature d'un accord unique en son genre entre le Gouverneur et la Ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna pour financer la création d'un rôle d'expert technique français en matière d'énergie et d'environnement au sein du gouvernement de Louisiane.

Beras a coordonné de nombreux aspects de la visite du président Emmanuel Macron en Louisiane en décembre 2022. Photo fournie par Audoin de Vergnette

L'expert Emmanuel Henriet est arrivé en Louisiane début août, juste avant le départ de Beras, et sera hébergé au sein de l'Agence de protection et de restauration des côtes (CPRA) de l'État et travaillera également avec le Département du développement économique (LED). Le rapprochement de la Louisiane avec la France dans ce domaine pourrait amener l'État à adopter une stratégie plus audacieuse en matière énergétique et climatique, qui ouvrira des perspectives économiques aux Louisianais.

Beras a également travaillé en étroite collaboration avec des programmes d'immersion, notamment ceux certifiés par l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger. Tiguida Mathieu, directrice académique du Lycée français de la Nouvelle-Orléans, le premier lycée français public des États-Unis, a noté que Beras a été un partenaire essentiel dans le développement de la mission de l'école.

« Le Lycée français a bénéficié de l'engagement profond de la Consul générale dans l'éducation et son engagement pour l'égalité et pour l'équité. Elle a nourri beaucoup d'intérêts pour le Lycée français parce que c'est une école qui plébiscite la diversité. C'est-à-dire que c'est une école diverse où tous les enfants de la Louisiane, noirs, blancs, d'origine hispanique, de tous horizons, se retrouvent. Et ça, Nathalie Beras l'a beaucoup soutenue et beaucoup développée. »

Beras espère que la croissance de la francophonie parmi les jeunes générations sera la clé de l'avenir. « La jeunesse louisianaise est énergique et combative, la détermination de ces jeunes dans les Universités et dans les écoles d’immersion est remarquable. »

« Je n’ai qu’un mot à dire à toutes et tous pour mon au revoir : lâche pas ! »

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