La Tribu Indienne Pointe-au-Chien achète l'ancienne école primaire de sa communauté
À la suite d'un procès avec la commission scolaire de la paroisse de Terrebonne, la Tribu a acheté l'ancien bâtiment pour y installer l'École Pointe-au-Chien, une école francophone.
À la suite d'un procès avec la commission scolaire de la paroisse de Terrebonne, la Tribu a acheté l'ancien bâtiment pour y installer l'École Pointe-au-Chien, une école francophone.
Christine Verdin, directrice de l’École Pointe-au-Chien. Drake LeBlanc/Télé-Louisiane
Par Jonathan Olivier
La Tribu Indienne Pointe-au-Chien a acheté de la commission scolaire de la paroisse de Terrebonne le bâtiment qui abritait autrefois l’ancienne École Primaire Pointe-aux-Chênes, selon les responsables de la Tribu. La Tribu prévoit d'utiliser le bâtiment pour accueillir l'École Pointe-au-Chien, un nouveau programme public d'immersion française qui a ouvert ses portes en août.
Patty Ferguson Bohnee, citoyenne et avocate de la Tribu Indienne Pointe-au-Chien, a indiqué que la vente du bâtiment pour un dollar ferait partie du règlement d'une bataille juridique fédérale de deux ans entre le conseil scolaire et les parents de l'ancienne école élémentaire. Les responsables du conseil scolaire de la paroisse de Terrebonne ont voté la fermeture de l'École Primaire Pointe-aux-Chênes, qui compte l'une des populations d'élèves amérindiens les plus importantes de l'État, en avril 2021, malgré les appels de la communauté et des représentants de l'État. Le lieutenant-gouverneur Billy Nungesser, par exemple, et le Speaker Pro Tempore de la Chambre de Représentants Tanner Magee voulaient permettre à l'école de rester ouverte dans le cadre d'un programme d'immersion française réorganisée.
Un procès intenté par 12 parents, majoritairement de la Tribu, en juin 2021 alléguait qu'en fermant l'école et en refusant l’immersion, le conseil scolaire avait violé la Civil Rights Act, ainsi que le 14e amendement de la Constitution et l'article 1 de la Constitution de Louisiane, en pratiquant une discrimination fondée sur la langue et donc sur l'origine nationale à l'encontre des élèves amérindiens et cadiens de la communauté. En outre, selon les parents, le conseil scolaire n'a pas respecté les exigences de la Immersion School Choice Act.
Après une année de manifestations publiques de la part des membres de la Tribu Indienne Pointe-au-Chien, ainsi que de nombreux activistes et partenaires francophones, la Législature de Louisiane a voté à l'unanimité au printemps 2022 le financement et l'ouverture de l'École Pointe-au-Chien en tant qu'école publique spéciale similaire au New Orleans Center for the Creative Arts (NOCCA) à l'initiative de Magee. L'école est dotée d'un conseil d'administration indépendant, distinct de la commission scolaire de la paroisse de Terrebonne, dont les membres ont été nommés par les Tribus indiennes de la région des bayous du sud-est de la Louisiane, ainsi que par des représentants de l'État, dont le gouverneur John Bel Edwards. Il s'agit aujourd'hui du premier programme d'immersion française dans la paroisse de Terrebonne.
« C'est une nouvelle historique que notre Tribu soit désormais propriétaire du bâtiment scolaire ayoù tant de nos membres tribaux et de nos ancêtres étaient interdits d'inscrire et ensuite étaient punis pour parler notre langue patrimoniale, le français indien", a déclaré Ferguson Bonhee. Nous sommes impatients de mettre le bâtiment à la disposition de l'École Pointe-au-Chien pour qu'il devienne sa dernière demeure après sa reconstruction, et nous savons qu'il continuera d'être un pilier pour la préservation de la langue et de la culture françaises de notre communauté indienne et cajun pour les générations à venir. »
L'École Pointe-au-Chien est temporairement hébergée au Vision Christian Center à Bourg, où elle offre des classes de maternelle et de premier livre. Les responsables de l'école ont indiqué qu’elle déménagera éventuellement dans le bâtiment des Chevaliers de Colomb à la Pointe-aux-Chênes, pendant que l'ancienne école sera rénovée. Chaque année, les responsables prévoient d'ajouter une classe, jusqu'à la cinquième. Les travaux de rénovation des bâtiments de l'École Primaire Pointe-aux-Chênes devraient durer deux ans, après quoi la propriété deviendra le siège de l'École Pointe-au-Chien.
« C'est vraiment un jour historique dans la lutte pour la côte, la culture et la langue française menacées de la Louisiane, a déclaré Will McGrew, président du conseil d'administration de l'École Pointe-au-Chien et PDG de Télé-Louisiane. Tant de gens ont dit qu'il serait impossible d'ouvrir une école d'immersion française en bas du bayou à la Pointe. Asteur, on sait que non seulement on aura l'école pour laquelle la communauté s'est battue, mais qu'en plus, elle sera située sur une terre tribale. »
McGrew a ajouté : « Outre le leadership de la tribu, cette victoire n'aurait pas pu avoir lieu sans Jimmy Domengeaux, l'avocat bénévole des parents et le neveu du fondateur du CODOFIL, James Domengeaux. »
Les dirigeants soulignent l'impact de Nathalie Beras en Louisiane après son départ
Beras, ancienne consule générale de France à la Nouvelle-Orléans, a quitté son rôle au début du mois d'août, mais des dirigeants louisianais ont déclaré que son impact se fera sentir pendant des années.
Beras, ancienne consule générale de France à la Nouvelle-Orléans, a quitté son rôle au début du mois d'août, mais des dirigeants louisianais ont déclaré que son impact se fera sentir pendant des années.
Nathalie Beras dans la région côtière de Louisiane avec Albert Naquin, chef traditionnel de la nation Choctaw de Jean Charles. Photo fournie par Audoin de Vergnette
Par Jonathan Olivier
Début septembre 2021, Nathalie Beras, à l’époque la nouvelle consule générale de France en Louisiane, venait d'arriver dans l'État pour commencer son mandat à la Nouvelle-Orléans. À ce moment-là, l'ouragan Ida a touché terre dans le sud-est de l’État, provoquant des pannes d'électricité à travers la Ville.
Beras et son équipe ont décidé de passer les deux semaines suivantes à Lafayette, où ils ont travaillé avec des dirigeants francophones pour commencer à connaître la région de l'Acadiana. Dave Domingue, directeur du commerce international et du développement au Centre international de Lafayette, a travaillé avec Beras pendant cette période et a remarqué que son impact sur la communauté francophone de la région était évident dès le début.
Lors de l'une des premières réunions que Beras a tenues avec Domingue et d'autres dirigeants francophones de Lafayette, elle a recommandé à l'Université de Louisiane à Lafayette de s'associer à l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF). « Personne à la réunion n'avait jamais entendu parler de l'AUF, a déclaré Domingue. L'université a donc saisi l'occasion. »
À la fin de l'année 2022, l'AUF a officiellement approuvé l'adhésion de l'UL, qui est la première université américaine à faire partie du réseau montréalais d'universités mondiales à concentration francophone. Lorsque Beras est repartie avec son équipe à la Nouvelle-Orléans, Dominque a déclaré qu'elle avait laissé une trace indélébile à Lafayette et dans les alentours. Elle avait visité de petites communautés francophones autour de Lafayette, comme Arnaudville, et a montré un véritable intérêt pour la compréhension des défis et des atouts uniques de la région, ce que tous les anciens consuls n'ont pas fait de manière approfondie.
« Elle a apporté à la communauté francophone d'ici une grande validation et une grande reconnaissance », a déclaré Dominque.
Beras a quitté ses fonctions de consule au début du mois d'août, laissant derrière elle un héritage que des dirigeants de l'État et de la communauté francophone ont qualifié d'efforts sincères pour sortir de la Nouvelle-Orléans afin d’ tisser des liens avec la majeure partie de la communauté francophone de Louisiane, qui se trouve souvent dans des villes plus petites ou dans la campagne du centre-sud et du sud-ouest de l'État.
Très tôt, Mme Beras a été marquée par l'accueil chaleureux qui lui a été réservé dans ces communautés, ainsi que par l'attachement généralisé à la langue française.
« J’y ai rencontré les gens les plus chaleureux, des communautés qui m’ont accueilli immédiatement en leur sein.» Beras said in a statement to Télé-Louisiane. « J’ai pu mesurer à quel point la francophonie est au cœur même de ce territoire et y connait une belle renaissance insufflée par la musique et ses traditions orales ».
Beras a notamment soutenu les efforts des populations amérindiennes du sud-est de la Louisiane, qui constituent souvent les plus grandes concentrations de francophones de l'État.
« Nathalie a beaucoup soutenu la tribu, a déclaré Patty Ferguson, citoyenne et avocate de la Tribu indienne Pointe-au-Chien. Elle est allée dans les communautés, tout en reconnaissant les dialectes des autres francophones de Louisiane. »
Beras lors d'une réunion pour l'ouverture de l'École Pointe-au-Chien en 2023. Photo fournie par Audoin de Vergnette
Beras a travaillé avec la Tribu indienne Pointe-au-Chien pour souligner ses besoins lors de la reconstruction après le passage de l'ouragan Ida, ainsi que lors de son combat pour la création de la première école d'immersion franco-indienne de l'État, qui a récemment ouvert ses portes en août.
« Elle est pas venue pour faire seulement une visite, a déclaré Ferguson. Elle a été très active au sein de la communauté et nous a invités à différents événements. Elle s'est assurée que nos dirigeants étaient sur la liste lorsque le président Macron est venu à la Nouvelle-Orléans. Notre président a pu serrer la main du président français, ce qui est incroyable. »
Parmi les autres contributions notables de Beras à l'accroissement de la visibilité de la Louisiane dans la francophonie figure la visite du président Emmanuel Macron en décembre 2022, qui était la première visite d'un président français en Louisiane depuis près de 50 ans. Avant que la visite soit publique, elle a joué un rôle indispensable en convainquant le président et son équipe de se rendre en Louisiane et elle a coordonné tous les aspects de la visite de Macron une fois sa décision prise.
Elle a également assisté le gouverneur John Bel Edwards lors de ses deux visites officielles en France et a négocié la création d'une délégation de Louisianais pour assister à la Fête de la musique à l’invitation du Président Macron au palais présidentiel de l'Elysée en juin, convainquant Edwards de rejoindre la délégation. Cette visite était également une première en 40 ans: le gouverneur francophone Edwin Edwards étant le dernier gouverneur louisianais à visiter l'Élysée en 1984.
« Je tiens à remercier la Consule générale Nathalie Beras pour son travail historique en faveur de la langue française en Louisiane, tout en développant des partenariats économiques et culturels sans précédent entre la Louisiane et la France, a déclaré Edwards. J'ai été particulièrement fier de travailler avec elle pour accueillir le président Macron en Louisiane, une première en près de 50 ans, et pour créer un poste de conseiller français en matière d'énergie et d'environnement au sein de mon administration. Nous sommes tristes de la voir partir, mais je suis certain que son impact se poursuivra dans les années à venir. »
À travers la Louisiane, Beras a pu constater directement les effets du changement climatique et de la perte de terres côtières. Elle s'est donc fixée comme priorité d'aider les communautés francophones de Louisiane, qui sont souvent en première ligne face à ces problèmes climatiques. Plus précisément, elle a facilité la signature d'un accord unique en son genre entre le Gouverneur et la Ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna pour financer la création d'un rôle d'expert technique français en matière d'énergie et d'environnement au sein du gouvernement de Louisiane.
Beras a coordonné de nombreux aspects de la visite du président Emmanuel Macron en Louisiane en décembre 2022. Photo fournie par Audoin de Vergnette
L'expert Emmanuel Henriet est arrivé en Louisiane début août, juste avant le départ de Beras, et sera hébergé au sein de l'Agence de protection et de restauration des côtes (CPRA) de l'État et travaillera également avec le Département du développement économique (LED). Le rapprochement de la Louisiane avec la France dans ce domaine pourrait amener l'État à adopter une stratégie plus audacieuse en matière énergétique et climatique, qui ouvrira des perspectives économiques aux Louisianais.
Beras a également travaillé en étroite collaboration avec des programmes d'immersion, notamment ceux certifiés par l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger. Tiguida Mathieu, directrice académique du Lycée français de la Nouvelle-Orléans, le premier lycée français public des États-Unis, a noté que Beras a été un partenaire essentiel dans le développement de la mission de l'école.
« Le Lycée français a bénéficié de l'engagement profond de la Consul générale dans l'éducation et son engagement pour l'égalité et pour l'équité. Elle a nourri beaucoup d'intérêts pour le Lycée français parce que c'est une école qui plébiscite la diversité. C'est-à-dire que c'est une école diverse où tous les enfants de la Louisiane, noirs, blancs, d'origine hispanique, de tous horizons, se retrouvent. Et ça, Nathalie Beras l'a beaucoup soutenue et beaucoup développée. »
Beras espère que la croissance de la francophonie parmi les jeunes générations sera la clé de l'avenir. « La jeunesse louisianaise est énergique et combative, la détermination de ces jeunes dans les Universités et dans les écoles d’immersion est remarquable. »
« Je n’ai qu’un mot à dire à toutes et tous pour mon au revoir : lâche pas ! »
L'École Pointe-au-Chien ouvre ses portes et devient la première école franco-indienne
Le 16 août, les professeurs et dirigeants de l'école ont accueilli les premières classes de la maternelle et le premier livre.
Le 16 août, les professeurs et dirigeants de l'école ont accueilli les premières classes de la maternelle et le premier livre.
Gaëtan Lombard présente les mots de base du français à la classe inaugurale de l'école Pointe-au-Chien le 16 août 2023. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane
Par Jonathan Olivier
Gaëtan Lombard était assis sur une chaise basse devant ses trois élèves, sa main dans une marionnette de panda. Il dirigeait une activité visant à briser la glace pour inciter ces enfants de cinq ans à prononcer leur premier mot de la journée en français.
Bonjour, répétait Lombard, jusqu'à ce que, l'un après l'autre, ses élèves commencent à répéter le mot eux-mêmes. Ces trois élèves, qui ont participé le 16 août à la première journée d'école de l'année scolaire inaugurale de l'École Pointe-au-Chien, ont poursuivi leur journée immergée dans le français en apprenant les jours, les mois, les nombres et des commandes simples.
Les responsables de l'école ont accueilli les élèves de la maternelle et du premier livre au Vision Christian Center à Bourg, où l'école sera logée pendant quelques mois avant de déménager dans le bâtiment des Chevaliers de Colomb de la Pointe-aux-Chênes. Après un an ou deux de rénovations sur le site de l'ancienne école primaire de Pointe-aux-Chênes, qui a fermé ses portes en 2021, l’école s'y installera de façon permanente.
L'École Pointe-au-Chien, autorisée et financée par la législature de l'État, est la première école d'immersion française à desservir une population majoritairement amérindienne. Christine Verdin, directrice générale de l'école et citoyenne de la Tribu Indienne Pointe-au-Chien, a déclaré que son école sera la première à intégrer, à grande échelle, les dialectes locaux de Louisiane parlés par les communautés indigènes et cadiennes des environs. Selon Verdin, le français est encore utilisé quotidiennement dans ces deux paroisses, en bas et en haut du bayou, par les grands-parents et d'autres membres de la famille.
L'École Pointe-au-Chien est la première école d'immersion française à desservir une population majoritairement amérindienne. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane
« Bien que Gaëtan vienne de France, il a déjà commencé à mettre les mots de le français de la Louisiane dans ses leçons, parce qu’il connaît c’est important pour nous-autres et nos enfants d'apprendre notre français aussi. On veut amener le français de la Louisiane, les Cadiens, les Indiens, et la culture de les deux. »
Cynthia Breaux Seitz, francophone du sud de la paroisse de Lafourche, enseigne l'anglais et sera secondée par Cynthia Owens, francophone de Thibodaux, qui enseignera aussi la vie sociale et l’art.
L'accent mis sur les enseignants locaux et le maintien du dialecte français régional est au cœur de la mission de l'école, qui consiste à préserver et à perpétuer la culture des nombreuses communautés du bayou qui composent les paroisses de Terrebonne et de Lafourche. Will McGrew, PDG de Télé-Louisiane et président du conseil d'administration de l'École Pointe-au-Chien, explique que cet aspect distingue l'école des quelques 30 programmes d'immersion existant dans le reste de la Louisiane.
« Si on considère d'autres situations de langues minoritaires, l'objectif des écoles de la langue minoritaire était de maintenir la langue et la culture vivantes telles qu'elles sont parlées, plutôt que d'être simplement une deuxième langue. Alors que parfois, lorsque les écoles d'immersion en Louisiane sont présentées, c'est un peu flou de nos jours, où on se demande si c'est juste pour apprendre une deuxième langue ou si c'est spécifiquement pour garder la langue et la culture louisianaises vivantes. À l'École Pointe-au-Chien, on peut vraiment voir que, bien sûr, on apprend une deuxième langue, mais que l'objectif principal de l'école est de maintenir la langue et la culture locales en vie. »
Afin d'initier les élèves au français de la région, Verdin a indiqué que des francophones de la communauté viendront participer à des ateliers culturels, discutant de sujets tels que la pêche à la chevrette et les pratiques locales, comme la vannerie de latanier. L'accent mis sur le maintien non seulement de la langue de la région, mais aussi de la culture à laquelle elle est liée, est l'une des raisons pour lesquelles l'École Pointe-au-Chien a obtenu un tel soutien de la part des dirigeants de l'État. Le gouverneur John Bel Edwards a insisté à plusieurs reprises sur ce point important lorsqu'il a apporté son soutien au financement de l'école.
L'École Pointe-au-Chien sera éventuellement installée sur le site de l'ancienne École Primaire de Pointe-aux-Chênes. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane
« La langue et la culture de nos communautés côtières, comme Pointe-aux-Chênes et l'Isle de Jean Charles, font de la Louisiane un État sans pareil, a déclaré Edwards. Je suis fier de voir le travail de cette communauté et des leaders de la législature, en particulier le président pro tempore Tanner Magee, pour transmettre cet héritage à la prochaine génération avec la création de la première école d'immersion française à Lafourche et Terrebonne. »
Magee, R-Houma, n'a pas hésité à soutenir l'École Pointe-au-Chien, soulignant qu'il s'agit d'une valeur ajoutée et d'un atout pour la région. « Je suis content que la Louisiane investisse dans nos communautés et notre culture en apportant ce type d'enseignement à Terrebonne. On peut construire toutes les levées du monde, mais ça va pas nous aider si on investit pas dans les personnes qui se trouvent icitte. »
Beryl Amédée, R-Houma, qui a assisté à l'inauguration de l'École Pointe-au-Chien, a déclaré qu'à une époque où les locuteurs natifs du français louisianais ont souvent plus de 60 ans, l'École Pointe-au-Chien est un outil important dans la lutte pour sauver ce qu'il reste. Amédée a souligné qu'en formant une nouvelle génération de francophones dans la région, ces communautés seront mieux équipées pour poursuivre ce qui a été transmis.
« Nous avons un avenir ici. Nous pouvons écrire de nouvelles chansons en français, par exemple. Nous pouvons avoir de nouvelles traditions et continuer à avancer avec les temps modernes, parce que nous ne voulons pas seulement préserver le passé : nous voulons continuer à faire vivre notre culture dans l'avenir. »
Drake LeBlanc de Télé-Louisiane reçoit la « French Culture Film Grant »
Le film de LeBlanc et de la productrice Rachel Nederveld, « Footwork », explore la culture des « trail rides » des Créoles du sud de la Louisiane.
Le film de LeBlanc et de la productrice Rachel Nederveld, « Footwork », explore la culture des « trail rides » des Créoles du sud de la Louisiane.
Drake LeBlanc reçoit 25 000 $ en tant que lauréat de la French Culture Film Grant. Drake LeBlanc/Télé-Louisiane
Par Jonathan Olivier
Cette année, la French Culture Film Grant de 25 000 $ de #CreateLouisiana a été attribuée à Footwork, un film qui explore la culture des « trail rides » des créoles du sud de la Louisiane. Drake LeBlanc, réalisateur du film et directeur créatif et co-fondateur de Télé-Louisiane, et la productrice Rachel Nederveld, fournissent un portrait abstrait des Créoles de Louisiane, ainsi que leur lien étroit avec les chevaux.
« Je peux pas imaginer un cinéaste plus méritant pour recevoir le soutien de #CreateLouisiana et de ses partenaires, a déclaré Nederveld à propos de LeBlanc. On est très reconnaissants de leur partenariat dans la réalisation de ce portrait intime des racines créoles de Drake et du trail riding. »
LeBlanc, qui travaille sur le projet depuis plusieurs mois, continuera à collecter et à compiler des images pour la première du film au Festival de film francophone de 2024, qui se tiendra en mars 2024 en partenariat avec la New Orleans Film Society.
« Je suis très content d'être soutenu dans la réalisation de ce documentaire pour apporter la culture louisianaise au reste du monde », a déclaré LeBlanc.
La subvention vise à soutenir les films réalisés en Louisiane qui mettent en valeur la culture francophone, en partenariat avec TV5Monde USA. Cette année, la bourse bénéficie également du soutien de l’Entertainment Development Fund du Département de développement économique de Louisiane. Parmi les autres soutiens figurent Cox Communications, Deep South Studios et le Conseil pour le développement du français en Louisiane.
« TV5MONDE USA a un engagement inébranlable à la fois pour la communauté de Louisiane et pour mettre en valeur des histoires uniques sur la culture francophone locale, a déclaré Patrice Courtaban, directeur général de TV5MONDE USA. Nous sommes ravis de célébrer le nouveau lauréat de la bourse #CreateLouisiana de la French Culture Film Grant, Footwork, qui rejoint un groupe illustre de cinéastes qui ont eu un impact sur leur communauté et l'ensemble de la communauté francophone d'Amérique du Nord. »
En tant que bénéficiaire de la subvention, le film pourra également être diffusé sur TV5MONDE USA, et il fera partie du plan de cours "Enseigner Le Français" disponible sur le site web de l’entreprise, servant de ressource pour les étudiants du monde entier.
« #CreateLouisiana est ravi d'offrir encore cette opportunité unique de subvention, a déclaré Scott Niemeyer, fondateur de #CreateLouisiana. Chaque année, les candidats de tout l'État nous montrent un éventail diversifié d'histoires décrivant les liens passés et présents de la Louisiane avec la langue française et les cultures francophones. Nous sommes engagés dans nos efforts pour soutenir les créatifs louisianais, et la poursuite réussie de la French Culture Film Grant est un excellent exemple de cet engagement.
Colby LeJeune rejoint KRVS comme nouvel animateur de Bonjour Louisiane
LeJeune a commencé son rôle fin juillet et prévoit de consacrer du temps d'antenne aux tables françaises, aux jams cadiens et aux entrevues des franco-louisianais.
LeJeune a commencé son rôle fin juillet et prévoit de consacrer du temps d'antenne aux tables françaises, aux jams cadiens et aux entrevues des franco-louisianais.
Colby LeJeune est en direct de 5h à 7h, du lundi au vendredi, aux Cypress Lake Studios sur le campus de l'Université de Louisiane à Lafayette. Cheryl Devall/KRVS
Par Jonathan Olivier
Comme la plupart des gens de son âge, Colby LeJeune n'a pas grandi en parlant français. La langue était plutôt dispersée ici et là dans son anglais à travers divers mots, tels que bouder ou envie. Comme c'est souvent le cas dans la région, les gens de sa petite communauté de l'Anse LeJeune dans la Paroisse Acadie parlent un dialecte de l’anglais fortement influencé par le français en termes d'inflexion.
« J'ai été élevé avec un anglais qui était beaucoup beaucoup influencé par le français au niveau de son, a déclaré LeJeune, qui a 25 ans. Ç’a aidé un tas d’avoir déjà acquis les sons du français cadien. »
Il a étudié la linguistique à l'Université de Tulane, mais n'a vraiment commencé à apprendre le français louisianais qu'au début de la vingtaine. Outre les livres et les vidéos sur YouTube, LeJeune a commencé à se rendre à des tables françaises il y a quelques années. Les francophones de sa famille étant déjà décédés, ces rencontres informelles lui ont donné l'occasion d'entendre des locuteurs natifs tout en pratiquant son vocabulaire de plus en plus étendu.
« Pour proche tout quelqu’un, ça c’est la seule moyère pour apprendre le français cadien, si t’as pas quelqu’un dans ta famille qui le parle, que tu peux parler avec, il a déclaré. Les tables français sont exprès pour le français. Le monde qui vient, ils sont parés pour parler en français, ils veulent parler français. Ça met tous les ingrédients dans une seule place pour ainsi dire. »
LeJeune, qui est également étudiant en maîtrise au département de français de l'Université de Louisiane à Lafayette, a pris ses nouvelles fonctions à la tête de l'émission matinale Bonjour Louisiane de KRVS la fin juillet. L'émission, animée entièrement en français, a un format typiquement dédié à la diffusion de musique cadienne et zydeco. Bien que LeJeune ait indiqué qu'il prévoit de consacrer beaucoup de temps d'antenne à la musique de la région, il envisage de documenter les conversations à de nombreuses tables françaises autour de Lafayette. Il pense que ces sorties permettront au public d'entendre les différents accents de la région et les expressions colorées du français louisianais.
Cheryl Devall/KRVS
En studio, LeJeune prévoit également de réaliser des entrevues en direct avec des musiciens et des membres de la communauté francophone. Il enregistrera des sessions de jam qui ont lieu à Lafayette, comme la jam cadien du mercredi soir au Blue Moon Saloon. LeJeune a indiqué qu'il aimerait continuer à transmettre le type d'informations culturelles que l'ancienne animatrice, Ashlee Wilson, présentait.
« Je voudrais bien continuer ça que Ashlee était après faire avec toutes les différentes informations folkloriques, et des histoires arrières de les chansons », a-t-il dit.
Wilson a rejoint Bonjour Louisiane en septembre 2022 lorsque Joseph ‘Pete’ Bergeron a pris sa retraite après avoir animé l'émission pendant 41 ans. Cheryl Devall, directrice générale de KRVS, a souligné la valeur de l'engagement de LeJeune pour poursuivre cet héritage en honorant la culture et les langues patrimoniales de la région.
« À Lafayette, j'ai croisé Colby lors des jams cadiens, et c'est un habitué des tables françaises, a déclaré Devall. Il apporte beaucoup d'énergie et d'enthousiasme à son nouveau rôle au sein de Bonjour Louisiane, et je suis très heureuse qu'il l'ait accepté. »
Pour LeJeune, le programme continuera à servir de moyen de diffusion du français aux Louisianais qui n'ont peut-être pas d'autres moyens d'entendre la langue, qu'il s'agisse de locuteurs natifs plus âgés ou de personnes plus jeunes souhaitant entendre à quoi ressemble le français dans l'État.
« Si moi, j'avais pas la radio, j'aurais pas entendu le français dans ma vie quotidienne. C'était grâce aux stations comme KRVS, KBON et tout ça. C'était une moyère d'entendre le français tous les jours. »
Bonjour Louisiane est diffusée en direct du lundi au vendredi, de 5h à 7h, sur 88.7 FM, ou en ligne sur krvs.org.
L’État poursuit la FEMA sur la hausse des coûts de l’assurance contre les inondations
Les dirigeants louisianais affirment que les modifications récentes vont multiplier les primes d’assurance sans tenir compte des systèmes de protection comme le Morganza-au-Golfe.
Les dirigeants louisianais affirment que les modifications récentes vont multiplier les primes d’assurance sans tenir compte des systèmes de protection comme le Morganza-au-Golfe.
Les taux d'assurance grimpent en Louisiane, alors que les anciennes suggestions, comme la surélévation des maisons, ne suffisent plus pour bénéficier d'une couverture abordable. Will McGrew/Télé-Louisiane
Par Baley Champagne
La Louisiane a poursuivi la FEMA le 1 juin en réponse au nouveau système qu’elle utilise pour calculer les primes d’assurance contre les inondations. La poursuite comprend 43 paroisses, neuf États, des administrations locales et des districts de levées.
Les dirigeants locaux soulignent que la National Flood Insurance Policy (NFIP) Risk Rating 2.0 de la FEMA, qui a été dévoilée il y a deux ans pour rendre les primes plus équitables, contribuera en fait à augmenter les prix pour de nombreux Louisianais. Dans certains cas, ces primes seront multipliées par dix, tout en forçant les résidents à abandonner complètement la couverture. Le procureur général de la Louisiane, Jeff Landry, qui a dévoilé la poursuite, a qualifié cette politique fédérale comme « catastrophe naturelle ». « Nous croyons qu’il y a des lacunes juridiques dans ces mauvaises décisions, et nous avons l’intention de tenir ces bureaucrates responsables », a déclaré Landry dans un communiqué.
Windell Curole a déclaré que les primes d’assurance augmenteront considérablement dans les paroisses de Terrebonne et de Lafourche, où le système de protection contre les ouragans Morganza au Golfe, qui comprend des écluses, des levées et des vannes s’étendant sur 98 milles, protègera 150 000 gens. Curole, qui est le secrétaire exécutif du District de levées du sud de Lafourche (DLSL), a déclaré que sa prime NFIP pour sa maison dans la paroisse de Lafourche est en bas de 500 $. Sous la Risk Rating 2.0, il a dit qu’elle augmentera à 7 000 $ par année.
La méthode de la NFIP a déjà suivi les pratiques générales en matière d’assurance en évaluant un endroit en fonction de sa zone inondable et sur une carte appelé le Flood Insurance Rate Map (FIRM), du type d’occupation et le Base Flood Evaluation (BFE). John Grégoire du Grand Caillou, qui est un client de State Farm depuis près de deux décennies, a déclaré qu’il paie moins de 300 $ pour une assurance contre les inondations pour sa maison. « La compagnie d’assurance nous a dit d’aller trois pieds plus haut avec notre maison, et on a fait six pieds plus haut », il a noté.
Deux maisons surélevées dans le sud de la Louisiane, qui ont survécu à l'ouragan Ida en 2021. Will McGrew/Télé-Louisiane
Ricky Alstos, directeur de la succursale de Riviere Insurance Agency à Thibodaux, a dit que des suggestions comme celle-ci, avant la Risk Rating 2.0, permettaient aux gens d’économiser des centaines de piastres, mais plus asteur. Il a déclaré que la formule de Risk Rating 2.0 tient compte de la proximité du golfe et de la taille de la maison. Asteur, la politique aussi prend en compte le risque d’inondation individuel et le coût de reconstruction, selon les rapports du Congressional Research Service Reports. « Ça me passionne beaucoup, mais si les Louisianais veulent que les compagnies d’assurance soient ici, ils doivent être parés à payer, et pas comme avant, a-t-il dit. Les compagnies d’assurance distribuaient de l’argent au lieu de se préparer aux risques d’inondation. »
Le représentant Timothy Kerner, Sr., R-Jefferson, qui a soutenu HCR 58, qui demande au procureur général de la Louisiane de demander une réparation juridique contre la FEMA, a noté qu’en 2022 il était l’auteur de HCR 84, qui a recommandé au Congrès d’examiner et de réformer le nouveau NFIP. « La Risk Rating 2.0 a fait mal à tant de monde en raison de l’augmentation des primes, il a déclaré. La FEMA a pas été transparente avec la méthodologie, et de ce qu’on sait, ça fait pas de sens. » Kerner a ajouté que la FEMA évalue les maisons dans le sud de la Louisiane en fonction de la distance par rapport à un plan d’eau, mais qu’elle doit plutôt tenir compte que beaucoup de maisons sont protégées par un mur d’inondation de 16 pieds, et de nombreuses maisons sont aussi surélevées de 12 pieds au-dessus du niveau de la mer.
Kerner a ajouté : « La poursuite est parce que la FEMA tient compte des ondes de tempête, des précipitations, de la distance par rapport à l’eau et des coûts de reconstruction. Tout en excluant les facteurs qui devraient être pris en considération, comme des codes du bâtiment plus stricts, la protection des levées et l’élévation des maisons. »
Dans la paroisse de Lafourche, Curole, qui supervise les projets de son district de levées depuis plus de quarante ans, a déclaré que ces systèmes de protection contre les inondations et de drainage ne sont pas sujets aux inondations régulières. « D’habitude, on a ici à peu près 60 pouces de pluie, d’eau de marée et d’eau des ouragans, chaque année, même que nous-autres, on est près de le Intercoastal Canal, du Bayou Lafourche et du Golfe du Mexique. »
Le système historiquement solide de Basse-Lafourche n’a pas dépassé les attentes du Risk Rating 2.0, même après avoir protégé toutes les résidences et les entreprises du district de Curole pendant l’ouragan Ida. « Ça c’est une réduction de 100 pour cent des inondations par rapport à les ondes de tempête entre 1985 et 2021, Curole a déclaré. C’est pas bon, le manque de transparence de FEMA, pour le district de South Lafourche. Ça fait ça difficile pour travailler avec la FEMA et d’autres organismes fédéraux, parce que son Risk Rating 2.0 nous fait mal. Ça fait mal les affaires qu’ils ont fait dans notre district. »
Nungesser et d’autres dirigeants soulignent le potentiel économique de l’expansion des Saints en France
Les leaders étatiques et locaux considèrent le partenariat Saints-France comme une bénédiction potentielle pour la Louisiane.
Les leaders étatiques et locaux considèrent le partenariat Saints-France comme une bénédiction potentielle pour la Louisiane.
Le personnel des Saints hisse le drapeau français devant leur siège après l’annonce du partenariat France-Saints en mai. Wayan Barre/Télé-Louisiane
Par Jonathan Olivier
En mai, les Saints de la Nouvelle-Orléans ont annoncé une expansion au marché français qui vise à développer les partenariats entre les deux régions francophones. Bien que les détails concrets de ces liens sont en train d’être concrétisés, des dirigeants locaux prévoient déjà une visibilité accrue de la Louisiane à travers la francophonie.
« C’est à n’en point douter un nouveau chapitre dans nos relations bilatérales pour promouvoir la Louisiane en France, a déclaré Nathalie Beras, consulat général de la France à la Nouvelle-Orléans. Non seulement cette opportunité permettra d'intensifier nos échanges commerciaux, mais nous pouvons également espérer qu'elle attirera plus d’investisseurs, de projets, de touristes et de talents français ici. »
Ce partenariat fait partie du Global Markets Program de la NFL, qui a été lancé l’année passée dans le cadre d’un effort visant à encourager ses équipes de football américaines à mobiliser les fans du monde entier. L’expansion des Saints en France est la première participation de l’équipe au programme et la première fois que la France est choisie comme marché cible. Par rapport aux autres équipes de la NFL, l’expansion des Saints est particulièrement pratique compte tenu du lien historique de la région avec la France, a déclaré Ed Verdin, directeur des relations publiques de la ville de Franklin en Louisiane.
« C’est pas seulement pour introduire un public international avec le football, mais contrairement aux autres équipes de la NFL, ça va mettre en valeur la culture, les gens, la nourriture et la musique qui a des racines profondes en France », a déclaré Verdin.
Le maire de Harahan, Tim Baudier, a fait écho à un sentiment similaire selon lequel ce lien culturel différencie la Louisiane des autres États. Il a noté que grâce au nouveau partenariat, ce lien est quelque chose que sa ville peut nourrir à l’avenir. En particulier, Baudier voit le partenariat comme un catalyseur pour développer une relation intergouvernementale et économique plus forte entre la France et toute la Louisiane. Par exemple, il a noté qu’il pourrait y avoir un vol direct entre la Nouvelle-Orléans et Paris, plus de partenariats universitaires, un financement pour plus de programmes d’immersion française, et même la possibilité pour la Louisiane de jouer un rôle plus actif au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Dans l’entre-temps, Baudier a déclaré que Harahan commence ses propres initiatives francophones. « Asteur on fait un partenariat avec l’Alliance Française de La Nouvelle-Orléans pour apprendre la langue, il a déclaré. On est après établir des jumelages avec des villes du Québec et de la France, on a des panneaux bilingues où c’est pratique dans le cadre de notre programme d’orientation et on est après jongler à la possibilité d’avoir un programme d’immersion en français de la maternelle au douzième livre. »
Les touristes francophones sont depuis longtemps un élément important de l’économie de la Louisiane : ils représentent un pourcentage élevé des visiteurs en Louisiane chaque année. Le lieutenant-gouverneur Billy Nungesser voit dans ce partenariat une occasion de donner à ces touristes une autre avenue pour visiter la Louisiane.
« Avec ce lien historique entre la Louisiane et la France, et cette expansion du marché français, c’est une autre opportunité de mettre en valeur les affaires disponibles en Louisiane à un marché international », a déclaré Nungesser.
Hitachi
La manière dont la chaudière à riz est devenu un incontournable de la culture louisianaise.
La manière dont la chaudière à riz est devenue un incontournable de la culture louisianaise.
La chaudière à riz Hitachi est arrivée en Louisiane à la fin des années 1960. Depuis, elle est devenue un incontournable dans les cuisines cadiennes et créoles. Photo fournie par Lucius Fontenot
Par Jordan LaHaye Fontenot | Country Roads Magazine
Cet article a été publié en partenariat avec Country Roads Magazine. Lire l’article en anglais sur leur site web icitte.
C’était au début des années 1970 à midi, peut-être un jeudi ou un vendredi. Des femmes de tout partout au sud de la Louisiane préparaient le souper avec des télés de cuisine sur la chaîne 10 : le message typique de Bill Bessun jouait en arrière-plan, « Bonjour, Bill Bessun icitte, vous-autres est après guetter Meet Your Neighbor Acadiana ». La caméra a ensuite fait un zoom arrière en se concentrant une autre fois sur Bill, normale comme d’habitude. Les femmes, elles ont continué à nettoyer et fourbir. L’émission s’est poursuivie, de temps en temps, en revenant sur la chaudière à riz drôle qui avait commencé à bouillir.
Enfin, à moitié route de l’émission, Bill guettait la caméra et souriait. « Si vous-autres était après jongler à ce qu’on était après faire équand l’émission a commencé. » La caméra a fait un zoom arrière sur la machine. « On est après faire du riz parfait. Dans une chaudière à riz Hitachi ! » À ce moment-là, quelqu’un a levé le couvert de la chaudière et a sorti un tas de riz fumant avec une cuillère. « Asteur vous-autres peut acheter une de ces chaudières au Floyd’s Record Shop à la Ville Platte. »
« Et les téléphones ont jamais arrêté de sonner après ça , se souvient Floyd Soileau de la campagne publicitaire la plus réussie de sa carrière. Les femmes étaient convaincues. »
L’arrivée de la chaudière à riz Hitachi en Amérique
L’invention japonaise du milieu du siècle était déjà devenue un symbole de la libération des femmes à l’autre bord du monde. Un vendeur de laveuses Toshiba a découvert que le lavage du linge était moins difficile pour les femmes japonaises que la tâche de préparer trois repas à base de riz par jour. Le vendeur a proposé l’idée d’une machine automatique pour cuire du riz à un ingénieur qui ne savait pas faire cuire le riz. Pourtant, la femme de l’ingénieur, Fumiko Minami, a commencé la tâche. Elle a développé le modèle encore à la base de l’appareil près d’un siècle plus tard. Durant la première année, Toshiba vendait 200 000 chaudières à riz par mois. Une course de compagnies s’en est suivie, au cours de laquelle des entreprises de toute l’Asie se sont précipitées pour créer leurs propres prototypes. L’un d’eux-autres était Hitachi.
En 1958, les chaudières à riz Hitachi ont traversé le Pacifique pour se rendre à Hawaï, une région dont la cuisine asiatique incorporait aussi beaucoup de riz. La tendance s’étend doucement jusqu’en Californie : là-bas, il y avait l’une des premières publicités en Amérique du Nord pour l’appareil (présenté comme étant vendu dans un marché asiatique local) dans le Stockton Evening and Sunday Record en 1966.
À l’époque, des Américains considéraient la machine rare comme une nouveauté étrangère plus qu’un outil révolutionnaire. Hitachi avait des plus grandes affaires pour faire dans le marché américain qu’une chaudière à riz. La compagnie consacrait plus de temps et d’argent publicitaire à ses produits automobiles, électroniques et informatiques. Mais d’une certaine manière, entres les années 1966 et 1970, la chaudière à riz Hitachi a fait son chemin au sud de la Louisiane, où la riziculture était encore une industrie émergente et dans une région où le manger régional était largement composé de plats de riz comme le gombo, le jambalaya, l’étouffée, le boudin, et la fricassée.
Il y a plus d’une histoire d’origine qui tente d’expliquer l’arrivée de la chaudière à riz Hitachi en Louisiane, toutes difficiles à vérifier avec certitude. Mais les archives des journaux montrent qu’un marché asiatique de Lafayette appelé Tomiko’s faisait des publicités pour le produit dans le Daily Advertiser en 1970. C’était vendu comme une machine (au prix de 26,50 $) qui « fait cuire du riz parfait chaque fois, automatiquement, et RESTE CHAUD AUSSI LONGTEMPS QUE VOUS LE VOULEZ! » En même temps, plusieurs publicités régulières dans l’Alexandria Town Talk promouvaient ces chaudières dans des petites annonces à un prix de 19,95 $, et avec un choix de couleurs.
C’est à cette époque que deux hommes de business de la paroisse Évangéline, sans connaissance de ce phénomène, ont découvert le produit. Dans leurs mains, cette machine révolutionnera la cuisine cadienne et créole.
Guillory Wholesale
Il est difficile de déterminer exactement quand Bruce Guillory et sa femme Gladys, propriétaires de Guillory Wholesale à Mamou, ont commencé à vendre les chaudières à riz Hitachi. Dans un article publié en 2000 dans la Ville Platte Gazette, Gladys cite la date du milieu des années 1970. Leur fils Paul a estimé la fin des années 1960 ou le début des années 1970, ce qui est probablement plus exact. Un article de la gazette de novembre 1971 annonce que Guillory Wholesale a fait don de « l’une de ces fabuleuses chaudières à riz électrique Hatachi de 8 tasses » au service des pompiers volontaires de Mamou pour leur raffle de Noël.
Dans tous les cas, selon Paul, Bruce a d’abord vu les chaudières à riz à une foire commerciale, probablement à Chicago ou à Dallas. « Si je me rappelle bien, il a d’abord acheté quatre chaudières à riz pour essayer : une pour ma mère, une pour sa mère, une pour Gladys Mayeux et une pour Hazel Deshotels (ses deux sœurs), il a déclaré. Tout quelqu’un était satisfait avec leur performance, et il a ensuite commencé à les vendre comme des petits pains. »
Arthur Courville, qui a travaillé comme haleur pour Guillory Wholesale pendant quinze ans, se rappelle de la première vente : « Nous-autres, on l’a vendue pour 13 $ , il a déclaré. Et le magasin a fait des profits. » Ça a commencé doucement, il se rappelle. Mais ensuite, « Avant que tu connais quoi que ce soit, on était après livrer tout ça au cas par cas aux magasins familiaux à la compagne » de Crowley et Basile à Marksville. Une fois par semaine, Bruce allait à Lafayette et la vendait là-bas : « C’est lui qui a vraiment commencé à pousser les chaudières à riz dans la région de Lafayette, itou. Il a vraiment vendu un tas, puis ça a commencé à se développer. Je veux dire, le temps a arrivé ayoù on a commencé à vendre en masse… c’était incroyable la quantité qu’on était après vendre. »
Dans l’article de la Gazette de 2000, Gladys a expliqué que le produit a réussi parce que la population locale l’a approuvé. La qualité était toujours là, et c’était moins difficile pour le cuire.
Floyd’s Record Shop
À peu près au même moment, Floyd Soileau, producteur à la Ville Platte, travaillait directement avec Hitachi pour vendre leurs chaînes stéréo, leurs magnétophones et leurs télévisions. (Encore une fois, les dates sont difficiles à vérifier avec certitude, mais la première annonce de Floyd’s pour les chaudières à riz Hitachi que j’ai pu trouver date de 1972.)
Grâce à la vigne, il a appris que Hitachi avait un autre produit qui pourrait plaire aux cuisiniers locaux. « J’avais jamais entendu parler de ça avant », il a déclaré. Il a demandé à un de ses employés d’en acheter un et de le rapporter à sa femme, Jinver. Il lui a demandé si elle essaierait de l’utiliser pour faire cuire le riz pour le dîner du lendemain. « Ça fait, le lendemain, j’étais anxieux de rentrer chez nous-autres pour manger, et elle est toute désappointée , il se rappelle. Elle dit : Oh, le bébé braille. J’ai pas eu le temps pour lire les instructions, et je pouvais pas le faire. » Le lendemain, cependant, quand Soileau est rentrée à la maison pour le dîner, « elle avait un sourire d’une oreille à l’autre. » Elle l’a adoré et a décrit le riz comme « parfait ». « C’est tout je voulais connaitre », Soileau a déclaré.
Back au bureau, il a passé une commande de Hitachi pour six ou sept caisses de chaudières à riz en différentes couleurs et tailles. « On a commencé à vendre, il a déclaré. J’essayais de faire accroire à mes vendeurs de disques pour vendre tout ça, mais je connaissais qu’on devait faire quelque chose pour le monde de comprendre quoi ça c’est. » Ainsi, le spot publicitaire sur Meet Your Neighbor est apparu, et beaucoup plus. Soileau a vu l’écart entre le produit et le marché, qui était une connaissance de base de ses capacités, et il a dépensé des centaines de piastres pour faire passer le mot. Il ne serait pas exagéré de dire que la place culturelle qu’occupe aujourd’hui la chaudière à riz Hitachi en Louisiane est en grande partie attribuable à cette campagne de publicité. « Personne avait fait de promotion, il a déclaré. Les autres distributeurs voulaient pas dépenser de l’argent pour annoncer le produit de quelqu’un d’autre. Mais on était après recevoir des commandes dans le magasin. On faisait de l’argent grâce à ça. »
Il y avait d’autres chaudières à riz, Soileau a dit. « Mais personne voulait le Panasonic, parce que personne l’avait essayé avant. Le Hitachi a fait ses preuves, on l'a approuvé. Ça fait, on avait le marché pour ça. C’était une belle chose. »
« L’affaire à avoir dans une maison cadienne »
Tout au long des années 1970, la chaudière à riz Hitachi est devenu un ajout très convoité à presque chaque cuisine cadienne ou créole. « Avant la chaudière à riz, les mariées cadiennes avaient pour apprendre à cuire le riz dans cette tite chaudière spéciale dessus le stove, et t’avais pour l’user tous les jours, prendre les bonnes mesures et cuire le riz correctement pour que tu l’as pas ruiné. » Au Festival de musique acadienne de Lafayette en 2000, qui était consacré à Soileau pour ses contributions à l’enregistrement et à la promotion de la musique louisianaise, Barry Ancelet l’a présenté comme « un jeune homme qui a probablement sauvé plus de mariages cadiens que n’importe qui d’autre ». Comme au Japon, la chaudière à riz condensait un processus d’une heure en quelques minutes et une simple pression sur un bouton, ce qui a donné aux femmes plus de temps pour sortir de la cuisine. « La chaudière à riz Hitachi était le cadeau numéro un pour les jeunes mariés, en haut de chaque registre, a déclaré Soileau. C’était l’affaire à avoir dans une maison cadienne. »
Pendant un certain temps, les deux principaux distributeurs du produit en Louisiane étaient en fait Floyd’s Record Shop et Guillory Wholesale, qui vendaient chacun par camion. L’histoire orale souvent répétée affirme que les ventes ont atteint des sommets monumentaux que la Louisiane et la paroisse Évangéline spécifiquement étaient les sites de la plus grande distribution de chaudières à riz Hitachi en dehors de l’Asie. Selon la tradition locale, pour mieux comprendre ce phénomène, les cadres de Hitachi Corporation au Japon se sont rendus à la paroisse Évangéline pour le voir eux-autres mêmes. « Ils ont visité la Ville Platte et Mamou et tout ça, et ils nous ont remerciés pour avoir vendu leur produit, a déclaré Soileau. Ils pouvaient pas croire le nombre de « steamers », ce qu’ils les appelaient, on était après vendre. Ils sont venus ici pour nous remercier. Ils avaient pour les transporter par aéroplane en Louisiane. Ils connaissaient pas quoi se passait. »
Paul Guillory le confirme, rappelant que les cadres assistaient en fait à un salon professionnel en Ville, et avaient loué un char pour visiter la paroisse Évangéline pour comprendre pourquoi cette petite région rurale avait une si forte demande pour les chaudières. Bien sûr, quand ils ont conduit les routes menant à la paroisse Évangéline, les champs apparemment infinis de riz auraient livré une réponse aussi rapide que n’importe quel. Des photographies des archives de la famille de Paul témoignent de la rencontre des cadres avec ses parents, Bruce et Gladys, assis avec les Japonais à leur table de cuisine, au centre d’une cuisine typiquement 70, sirotant du café.
Le marché louisianais a joué un rôle dans l’évolution de l’appareil. Paul et Soileau rappellent tous les deux qu’un changement au produit a été suggéré aux fabricants qui le rendrait moins réactif à la quantité de sel que les Louisianais avaient tendance à ajouter à leur riz. « On leur a dit pour changer ça, et ils l’ont fait », Soileau a déclaré.
Finalement, les grands magasins de la région ont eu vent de la popularité du produit, et les chaudières à riz Hitachi sont devenues disponibles tout partout. Guillory Wholesale a maintenu un gros stock dans les petits magasins alentours du sud de Louisiane, mais Soileau était frustré que Hitachi ait cessé de l’utiliser comme distributeur principal afin de vendre directement aux grands magasins. Donc, Soileau a cessé de les vendre. « J’ai dépensé tout cet argent pour aider à commencer ce programme, et asteur vous-autres va m’exclure? Non, ça c’était tout », il a déclaré. .
À ce moment-là, cependant, les chaudières à riz Hitachi étaient devenues une partie omniprésente du paysage. Les gens ne se souvenaient pas d’avoir cuisiné le riz autrement.
L'héritage durable
En 2023, Hitachi vend encore des chaudières à riz, mais ces produits robotiques à 100 $ plus sont rarement trouvés en Louisiane, et ne ressemblent guère à leurs prédécesseurs.
Pourtant, l’idée de la chaudière à riz comme une nécessité de cuisine n’a pas diminué chez nous-autres. Quand je suis allée à l’université, j’ai acheté ma propre trois tasses chaudière et l’ai emballé avec mon grille-pain et mon micro-ondes. Le riz est encore un aliment de base dans les petites villes du sud de Louisiane, et c’est comme ça qu’on le cuit.
Et même moi, née à la fin du millénaire, je sais exactement à quoi ressemble une chaudière à riz Hitachi des années 1970, et je peux la voir sur le comptoir de ma grand-mère, d’où nous-autres, on avait servi un tas de gombos et de fricassées. Et comme la plupart des autres chaudières, elles sont toujours à la vapeur dans les cuisines cadiennes et créoles tout le tour, et ça travaille toujours très bien.
« C’est une de ces choses ayoù, en tant qu’adulte, c’est comme : attends, comment je peux avoir une de ces affaires», a déclaré Lucius Fontenot, photographe et cinéaste basé à Lafayette, originaire de Mamou. « Ils sont toujours là. » Après avoir hérité de la chaudière de sa grand-mère et de l’avoir photographiée, Fontenot s’est retrouvé entraîné dans l’héritage durable de la chaudière. Il a commencé une mission de découvrir combien de personnes il savait encore qui les avaient et qui avaient des souvenirs intenses de ce morceau d’histoire.
« C’est intéressant, l’idée que la mention de cet appareil dans tout le sud de la Louisiane provoquerait des gens à devenir vraiment nostalgique et entrer dans ces histoires vraiment sentimentales, il a déclaré. Les gens se souviennent de cette chose avec beaucoup d’affection [...] il y a un certain respect pour ça, une sorte d’adoration bizarre pour cet artefact. »
Son projet Hitachi Rice Cooker présente des photos de chaudières toujours dans les cuisines à travers la Louisiane, combinées à des entrevues avec leurs propriétaires actuels : formant une tapisserie de l’histoire culinaire de la Louisiane centrée autour de cette petite invention japonaise, ce qui fait partie de la culture louisianaise comme des magasins de boudin, ou une fricassée avec du riz.
Fontenot a déclaré en riant : « Équand j’étais petit, je pensais que Hitachi était un mot français. »
Le gouverneur Edwards rencontre le président Macron pendant une mission de développement économique
Les deux politiques se sont réunis à la Fête de la Musique au Palais de l’Elysée à Paris, titrée par Jon Batiste, une première pour un musicien louisianais.
Les deux politiques se sont réunis à la Fête de la Musique au Palais de l’Elysée à Paris, titrée par Jon Batiste, une première pour un musicien louisianais.
Edwards et Macron ont parlé lors de la Fête de la Musique qui s’est tenue le 21 juin à Paris. Will McGrew/Télé-Louisiane
Par Jonathan Olivier
Le gouverneur John Bel Edwards et le président français Emmanuel Macron ont encore parlé à la « Fête de la Musique » organisée chaque année au Palais de l'Élysée, à Paris, le 21 juin. Les deux dirigeants se sont rencontrés pour la dernière fois en décembre lorsque Macron s’est rendu à la Nouvelle-Orléans, la première visite d’un président français depuis près de 50 ans.
Edwards a pris la décision de dernière minute de participer à la Fête de la Musique à l’invitation de Macron pour poursuivre leur conversation sur l’accroissement de l’investissement économique et du partenariat culturel entre la France et la Louisiane.
Edwards est arrivé en Europe le 16 juin pour rencontrer des chefs de file du milieu des affaires et des sciences de la santé de la Louisiane pour « explorer les possibilités futures de développement et d’expansion des affaires avec des partenaires internationaux potentiels et actuels et des cadres supérieurs de grandes sociétés mondiales, en mettant l’accent sur les secteurs de l’énergie, de l’aérospatiale et des sciences de la vie », selon un communiqué de son bureau. Parmi les entreprises sur la liste d’Edwards sont Boeing, Airbus et Air Liquide, une entreprise gazière française présente en Louisiane.
« La diversification est la clé de la prospérité et de la croissance continue de notre économie mondiale de plus en plus interconnectée, a déclaré Edwards. L’économie de la Louisiane est plus diversifiée que jamais dans l’histoire de notre État, mais il reste encore du travail à faire. Le virage mondial vers la durabilité a créé une forte demande d’énergie à faibles émissions de carbone. La mission Artemis de la NASA a lancé une nouvelle ère d’exploration spatiale. Les progrès technologiques ont encouragé une nouvelle génération d’innovateurs en sciences de la vie. Le résultat de tous ces développements est le même : une transformation rapide des secteurs émergents en Louisiane et une occasion historique de croissance économique. »
Au cours du concert, le musicien de jazz néo-orléanais Jon Batiste a joué pour la deuxième fois pour Macron : il avait joué pour le président français lors d’un dîner d’État à la Maison-Blanche l’année passée. Sa performance cette semaine est la première fois qu’un musicien louisianais dirige la Fête de la Musique à l'Elysée. En plus de Batiste, plusieurs musiciens de la Nouvelle-Orléans ont participé : Herlin Riley, Mitchell Play, James Andrews et Mahmoud Chouki, ainsi que le trompettiste et compositeur franco-libanais Ibrahim Maalouf.
Le président français Emmanuel Macron a parlé à la Fête de la Musique, avant une performance de musiciens de la Nouvelle-Orléans et du Liban. Will McGrew/Télé-Louisiane
En plus de jouer des classiques français, Batiste a commencé la soirée avec l’hymne national français, que la foule a apprécié et chanté. Il a terminé la soirée avec une interprétation de « When the Saints Go Marching In », un hommage probable à l’expansion récemment annoncée des Saints de la Nouvelle-Orléans en France. Le président français a rejoint Batiste et les autres musiciens dans un « second line » à travers la foule à la fin de la nuit.
Une délégation de Louisianais a également été au concert, y compris le PDG de Télé-Louisiane Will McGrew et le CCO Drake LeBlanc, le musicien Jourdan Thibodeaux, la Consule générale de France à la Nouvelle-Orléans Nathalie Beras, le PDG de la Collection historique de la Nouvelle-Orléans Daniel Hammer, et le directeur exécutif du Musée de jazz de la Nouvelle-Orléans Greg Lambousy.
McGrew a noté que la présence des musiciens, des politiciens, du gouverneur et des chefs d’entreprise louisianais montre que la Louisiane prend sa place dans le monde francophone.
« À Télé-Louisiane, on travaille sur plusieurs projets prometteurs avec la France, notamment dans notre domaine médiatique, a déclaré McGrew. Pour consolider ces partenariats au long terme, il nous faut plus d’institutions louisianaises et louisianistes propres qui mettent les intérêts du peuple louisianais au cœur de leur action. »
Edwards et sa femme Donna à la Fête de la Musique avec Drake LeBlanc et Will McGrew de Télé-Louisiane (à gauche), ainsi que la consule générale de France en Louisiane Nathalie Beras (à droite). Will McGrew/Télé-Louisiane
McGrew est en France pour une série de rencontres d’affaires avec les principaux médias français, y compris France Télévisions, France Médias Monde et TV5 Monde. Il a rencontré brièvement le conseiller présidentiel français Emmanuel Bonne, ainsi que la ministre de la culture Rima Abdul-Malak qui ont exprimé leur soutien aux partenariats culturels et médiatiques dans ce sens.
Étoile montante de la musique cadienne et créole en Louisiane, Thibodeaux a parlé avec Macron, qui l’a reconnu de son voyage à la Nouvelle-Orléans. Thibodeaux a partagé avec le président français l’espoir que notre langue française menacée puisse être le fondement des liens entre la Louisiane et la France à l’avenir.
« Il m’a remercié d’être là, et je l’ai remercié de m’avoir, Thibodeaux a déclaré. Je suis fier que j’étais invité et que la Louisiane était représentée au Palais. J’espère qu’un musicien cadien ou créole qui parle français pourrait bientôt jouer là-bas itou. »
Les efforts se poursuivent pour augmenter les revenus côtiers
Le projet de loi sur le plafond de la dette comprend des modifications à la loi fédérale après un effort des dirigeants locaux, ce qui facilitera la restauration côtière sans augmenter la part des revenus extracôtiers de la Louisiane.
Le projet de loi sur le plafond de la dette comprend des modifications à la loi fédérale après un effort des dirigeants locaux, ce qui facilitera la restauration côtière sans augmenter la part des revenus extracôtiers de la Louisiane.
Le représentant Garret Graves, R-Bâton-Rouge, et le président de la Chambre Kevin McCarthy, R-CA, rencontrent un groupe bipartite de dirigeants de la Louisiane en mars pour discuter de la loi BREEZE. Will McGrew/Télé-Louisiane
Par Jonathan Olivier
Après des semaines de négociations entre le président Joe Biden et les républicains de la Chambre, un effort dirigé par le représentant Garret Graves, R-Bâton-Rouge, la Fiscal Responsibility Act a été adopté le 3 juin afin d’éviter un défaut de paiement historique sur les titres de créance américains. Le projet de loi comprend également des dispositions qui permettront d’accélérer les projets visant à protéger la région côtière de la Louisiane.
En plus d’éviter une crise financière, le projet de loi prévoit des modifications à la loi des années 1970 qui s’appelle la « National Environmental Policy Act », ou NEPA, qui oblige les organismes fédéraux à examiner l’impact des grands projets sur l’environnement, un processus d’approbation qui peut souvent prendre des années. Le projet de loi restreint la portée de ces examens environnementaux en imposant une limite de deux ans tout en limitant les exigences de certains projets et sans réduire les exigences environnementales.
La NEPA a été créée à une époque où la crise côtière de la Louisiane n’était pas aussi avancée qu’elle l’est aujourd’hui. Par conséquent, ces mises à jour de la politique fédérale permettront à la Coastal Protection and Restoration Authority (CPRA) de s’attaquer plus efficacement à des projets à grande échelle qui comportent une certaine impacte environnementale initiale dans le but de protéger et d’améliorer les écosystèmes côtiers, comme la dérivation des sédiments du mi-Barataria.
« Le processus de la NEPA a ralenti les grands projets de restauration des écosystèmes parce qu’il a été rédigé en tenant compte de différentes hypothèses au sujet des projets, a déclaré Neal McMillin, directeur des affaires fédérales au Bureau du gouverneur de la Division des activités côtières. En permettant aux organismes fédéraux de prendre enfin en considération le coût de l’inaction et de prendre des décisions plus rapidement, les réformes de la NEPA dans la Fiscal Responsibility Act permettront au programme côtier de mieux restaurer les terres humides côtières de la Louisiane d’une manière majeure. »
Le projet de loi précise également que les revenus partagés provenant de la production d’énergie extracôtière sont considérés comme des fonds d’État plutôt que comme des fonds fédéraux, ce qui augmentera l’efficacité de l’exécution des projets de restauration côtière ou de lutte contre les inondations. Bien que ce changement soit une victoire partielle pour les dirigeants locaux, un effort biparti pour augmenter la part de la Louisiane des revenus énergétiques extracôtiers continuera.
Les entreprises privées paient au gouvernement fédéral des droits et des redevances pour forer en mer. En vertu de la « Gulf of Mexico Energy Security Act » (GOMESA), 37,5 pour cent de ce financement est partagé entre les quatre États producteurs de l’huile de la côte du golfe du Mexique : la Louisiane, l’Alabama, le Mississippi et le Texas. Ces fonds sont destinés à des projets de restauration côtière : les dirigeants locaux aimeraient que cette part soit portée à 50 pour cent, soit le niveau attribué aux autres États ayoù la production de pétrole et de gaz se fait sur terre.
Garret Graves, R-Bâton-Rouge, discute de l’augmentation des revenus extracôtiers pour la Louisiane au Capitole en mars. Will McGrew/Télé-Louisiane
Au cours des négociations précédentes, le plan républicain visant à relever le plafond de la dette de 1,5 billion de piastres, appelé « Limit, Save, Grow Act », ou H.R. 2811, contenait un ensemble de mesures énergétiques qui auraient porté ce revenu partagé à 50 pour cent Les républicains de la Chambre ont inclus dans H.R. 2811 un projet de loi précédent appelé H.R. 1 qui a été adopté en mars sur un vote de 225-204, qui comprenait le texte de la Budgeting for Renewable Electrical Energy Zone Earnings, ou BREEZE Act, parrainé par le leader de la majorité à la Chambre Steve Scalise, R-Jefferson, et Troy Carter, D-Nouvelle-Orléans. En plus d’accroître le partage des revenus, la BREEZE Act supprimerait également le plafond de 375 millions de piastres sur les revenus transférés par le Trésor fédéral aux États et commencerait le partage des revenus pour la production éolienne en mer.
Graves a noté dans un courriel que H.R. 1 est un texte législatif essentiel pour l’avenir de la région côtière de la Louisiane. « Non seulement ce projet de loi augmentera notre production intérieure d’énergie, mais il accroîtra aussi la résilience du financement que les gouvernements étatiques et paroissiaux reçoivent du développement énergétique, il a déclaré. Ces projets de résilience locale feront baisser les taux d’assurance contre les inondations, renforceront la résilience économique et écologique de notre région et réduiront les coûts fédéraux liés aux catastrophes. Il s’agit d’une solution gagnant-gagnant qui protégera les communautés, les gens, les langues, la culture et notre mode de vie de notre État. »
Le leader de la majorité au Sénat des États-Unis, Chuck Schumer, D-N.Y., a qualifié une loi générale qui comprend diverses dispositions relatives à l’énergie, qui s’appelle H.R. 1, comme « mort à l’arrivée », tandis que la Maison-Blanche a publié une déclaration affirmant que le projet de loi réduit les investissements dans l’énergie propre faits par les démocrates.
Sans un partage accru des revenus, la Louisiane continuera de perdre des milliards de piastres en baux énergétiques extracôtiers par rapport aux États qui produisent principalement à terre, qui reçoivent déjà une part de 50 pour cent. Si aucune autre mesure n’est prise, la Louisiane ne recevra aucun fonds de partage des revenus de son industrie naissante de l’éolien en mer. Grâce à l’entente sur le plafond de la dette, l’augmentation des revenus serait considérée comme un revenu de l’État et continuerait d’être répartie entre l’État de la Louisiane et ses paroisses côtières.
« La BREEZE Act uniformise les règles du jeu pour la Louisiane et les autres États côtiers, qui méritent une juste part des revenus générés par l’énergie produite au large de nos côtes, a déclaré Chip Kline, président de la Coastal Protection and Restoration Authority (CPRA). Les catastrophes comme le déversement de l’huile de Deepwater Horizon ne peuvent continuer d’être notre principale source de financement pour les projets côtiers. Les améliorations apportées à la BREEZE Act sur le partage des revenus apporteraient 3,1 milliards de piastres de plus au programme côtier de la Louisiane au cours de la prochaine décennie, ce qui représente des revenus essentiels qui nous aideront à poursuivre la mise en œuvre de projets de transformation à grande échelle pendant des décennies. »
Alors que H.R. 1 a été adopté sur la ligne de parti, la BREEZE Act a un large soutien bipartisan en Louisiane, y compris le gouverneur John Bel Edwards. En mars, une coalition bipartisane de dirigeants économiques et politiques de la Louisiane, y compris les gouvernements locaux et la CPRA, a rencontré les dirigeants au Capitole des États-Unis pour leur faire part de l’importance d’accroître les investissements dans la crise côtière de la Louisiane.
Matt Jewell, président de la paroisse Saint-Charles, faisait partie du groupe et a noté dans un courriel que la BREEZE Act a le potentiel de libérer la production d’énergie américaine, tout en investissant davantage dans les efforts de protection de la côte de l’État.
« Le Sud-Est de la Louisiane dépend du financement offert par notre production d’énergie extracôtière pour financer des projets essentiels visant à restaurer et à reconstruire notre côte en voie de disparition », Jewell a déclaré.
Le musicien néo-orléanais Jon Batiste jouera à une soirée louisianaise à l’Élysée pour la Fête de la musique
Le président français Emmanuel Macron a invité Batiste à participer à l’événement, qui fait partie de la Fête de la Musique, qui a lieu en France chaque été.
Le président français Emmanuel Macron a invité Batiste à participer à l’événement, qui fait partie de la Fête de la Musique, qui a lieu en France chaque été.
Jon Batiste au Jazz Festival à la Nouvelle-Orléans. Jessica Link/Télé-Louisiane
Par Jonathan Olivier
Le musicien de jazz néo-orléanais Jon Batiste sera au Palais de l’Élysée, la résidence officielle du président de la France à Paris, à la tête d’une délégation de musiciens et dirigeants louisianais qui font partie de la Fête de la Musique.
Lors de sa visite à la Nouvelle-Orléans en décembre, le président Emmanuel Macron a invité la Louisiane à participer en tant qu’invité d’honneur à sa soirée, qui mettra en lumière les liens entre la Louisiane et la France. Batiste jouera avec Ibrahim Maalouf, trompettiste, producteur et compositeur franco-libanais, ainsi qu’avec les légendes du jazz de la Nouvelle-Orléans Herlin Riley, Mitchell Player et Mahmoud Chouki.
« Nous sommes ravis que la Louisiane ait été invitée par le président Macron pour cet événement unique », a déclaré Nathalie Beras, consule générale de France en Louisiane. Dans le discours qu’il a prononcé lors de sa visite en décembre dernier, il a exprimé sa volonté d’inclure l’État dans les futures initiatives françaises en faveur de la Francophonie, comme la prochaine Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts. Cette Fête de la Musique est un signe fort de notre profonde collaboration dans de nombreux domaines, y compris la musique, bien sûr. J’aimerais remercier Greg Lambousy, directeur général du New Orleans Jazz Museum, pour son aide à la mise sur pied de ce groupe exceptionnel de talents de la Nouvelle-Orléans. »
Le festival a été fondé en 1982 comme un événement où les gens sont invités à jouer de la musique à l’extérieur, comme dans les espaces publics ou leurs quartiers. Greg Lambousy, directeur exécutif du New Orleans Jazz Museum, a souligné qu’avec cette invitation, la France et Macron mettent en lumière la riche culture de la Nouvelle-Orléans. « La musique et le cinéma sont étroitement liés, il a déclaré. Jon Batiste sera avec les musiciens emblématiques de la Nouvelle-Orléans, comme Herlin Riley, Mitchell Player et l’artiste de Gallatin Street Records, Mahmoud Choucki, ce qui contribuera à renforcer les liens entre les deux villes en matière de production musicale et cinématographique. »
Rencontrez les gens qui font une économie bilingue en Louisiane
Partout en Louisiane, il y a des entreprises qui soutiennent une économie francophone et créolophone en offrant des emplois aux louisianais et en servant des touristes de France, du Canada et du monde entier.
Partout en Louisiane, il y a des entreprises qui soutiennent une économie francophone et créolophone en offrant des emplois aux louisianais et en servant des touristes de France, du Canada et du monde entier.
Bryan Dupree a cofondé Beausoleil Books en 2020 afin de rapprocher la culture louisianaise et celle du monde entier. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane
Cet article est la troisième partie d’une série sur le français en Louisiane. La partie 1, qui explique les complexités de l’immersion française en Louisiane, est disponible icitte. La partie 2, qui explore comment les anciens élèves d’immersion créent un environnement français en Louisiane, est disponible icitte.
Par Jonathan Olivier
Une simple promenade dans le centre-ville de Lafayette en 2020 a convaincu Bryan Dupree et son mari James Colvin d’ouvrir une librairie locale. Le couple avait marché devant un groupe de touristes français qui cherchaient un endroit pour acheter une carte postale et prendre du vin, avec service en français.
À l’époque, il n’y avait pas de librairie locale à Lafayette. Dupree, qui a obtenu un diplôme en littérature française, voulait que ça change. Bien qu’il y avait quelques entreprises avec des francophones dans l’équipe, ce n’était pas toujours facile de trouver une entreprise bilingue. Donc Dupree, Colvin et leurs deux amis ont ouvert Beausoleil Books en octobre 2020 pour répondre à ces enjeux.
« L’idée était que les Français de l’étranger peuvent apprendre quelques aspects de la culture française en Louisiane et que les franco-louisianais peuvent apprendre l’étendue de la langue française à l’étranger, a déclaré Dupree. Donc, mon idée était d’avoir une section française qui mettrait en valeur les auteurs français de la Louisiane, ce qu’elle fait présentement. Et ensuite, je voulais mettre en valeur les talents nouveaux et émergents à travers la francophonie, ce qu’on fait. »
Dupree a créé cette section de livres en français, intitulée « Le coin francophone », qui promeut ce genre d’échange culturel à travers la littérature qui, selon lui, ouvre le monde aux divers groupes de francophones à Lafayette : locaux et étrangers.
En plus des employés francophones, Beausoleil comprend des affiches bilingues et une section de livres en français. Jonathan Olivier/Télé-Louisaine
À Beausoleil, il y a souvent une myriade d’événements en français comme des lectures de poésie et des présentations de livres par des auteurs francophones. L’équipe de Beausoleil est habituellement composée d’au moins un francophone qui travaille à la librairie ou au Whisper Room, un bar.
« Je pense qu’il est important d’offrir aux gens une occasion d’utiliser leur français de façon pratique, a déclaré Dupree. J’avais l’occasion d’utiliser le français dans mon travail lorsque j’étais guide touristique à la Plantation Laura. Et je voudrais donner cette chance à plus de gens. »
Créer une économie diversifiée
En 2021, l’équipe du Musée du Bâton-Rouge de l’Ouest à Port Allen a pris des mesures pour mettre l’accent sur le français et le créole louisianais en collaboration avec Télé-Louisiane. Angélique Bergeron, la directrice du musée qui parle français et créole, a noté qu’il y a des panneaux trilingues ou bilingues sur le terrain du musée. Les guides du musée, comme André St. Romain, offrent des tours en français. Le musée accueille également des événements en français, comme le Café Français qui a lieu une fois par mois.
« No té olé fé ènn plas éyou le moun sé vini pou parlé langaj-yé, pou sélébré langaj-yé é lakilti, é osit vini trapé in djòb ou fé kishòj dan langaj-yé, » elle a déclaré.
Bergeron a souligné que les entreprises qui offrent des services en français visent deux objectifs : répondre aux besoins du grand nombre de touristes francophones qui viennent en Louisiane chaque année, et offrir des possibilités aux francophones de la région. « Mon piti apé dan imèsyon françé dan prèmyé liv, Bergeron a déclaré. No gin boukou pou fé mé mo swat no va gin djòb-yé dan françé ékan li pli vyé. »
André St. Romain est un des employés francophones du Musée du Bâton-Rouge de l’Ouest, qui est capable de faire des visites en français. Ethan Castille/Télé-Louisiane
Bergeron a mentionné des efforts comme les programmes d’immersion française qui créent un bassin de francophones qui finiront par chercher du travail. Elle a noté que l’avantage d’embaucher des franco-louisianais au musée c’est que son personnel est capable de répondre aux touristes français ou franco-canadiens.
Selon le Département de la Culture, la récréation et le tourisme, en 2021, l’industrie du voyage et du tourisme était le cinquième employeur en importance de la Louisiane : des touristes de France et du Canada étant souvent en tête de cette liste. En raison des publicités touristiques en Louisiane qui ciblent des visiteurs francophones, ces touristes s’attendent souvent à recevoir des services en français, mais ils sont souvent déçus de leur absence, selon Lawson Ota, propriétaire de Tours by Marguerite à la Nouvelle-Orléans.
Lawson, qui offre des visites guidées en anglais, en français et en créole, préconise d’investir davantage dans l’institutionnalisation des langues patrimoniales de la Louisiane en embauchant des francophones ou des créolophones dans les restaurants, les hôtels, les hôpitaux et plus encore. Pour lui, ça ne fera qu’attirer plus de touristes pour développer une force économique déjà puissante. Mais, il a noté qu’il y aura besoin d’un travail acharné.
« Si on veut que cette industrie grandisse et que le français louisianais, le créole louisianais aient des avenirs, il faut que le gouvernement comprenne que ce n’est pas juste une opportunité de gagner de l’argent. Il faut travailler, il faut investir. »
Il y a des initiatives qui investissent dans le milieu des affaires francophone de la Louisiane. Télé-Louisiane, par exemple, a la possibilité d’embaucher des Louisianais à plein temps dans le journalisme et les médias grâce au soutien financier de la législature et du gouverneur. Il y a aussitte des programmes de formation professionnelle, comme une bourse nouvellement créée par le Conseil pour le développent du français en Louisiane (CODOFIL) pour un Louisianais qui suit un programme d’immersion en affaires à HEC Montréal, une école de commerce de l’Université de Montréal.
Le CODOFIL offre également des bourses aux jeunes professionnels pour participer au programme d’immersion à l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse. L’Université de Louisiane à Lafayette envisage de proposer un certificat en français des affaires en coordination avec la Chambre de commerce et d'industrie de la région Paris Île-de-France.
Une affiche bilingue au Musée de Bâton-Rouge de l’Ouest. Ethan Castille/Télé-Louisiane
Le gouvernement de l’État ne déploie aucun effort plus large visant pour améliorer le secteur des affaires francophones de la Louisiane. Cela, malgré les lois adoptées au début de 2010, comme la Loi 679 et la Loi 106, qui ont spécifiquement chargé les agences de l’État de renforcer le secteur des affaires et du tourisme en Louisiane en ce qui concerne le français.
Pour Ken Douet, copropriétaire de la chambre d’hôtes de la Maison Stéphanie entre Arnaudville et Cécilia avec son mari Richard Howes, renforcer l’économie multilingue de la Louisiane commence avec des enfants inscrits en immersion. Douet a dit qu’ils travaillent pour aider Teche Elementary à Cécilia avec divers projets. À la fin de l’année, la Maison Stéphanie sera l’hôte d’un événement avec Brandon et Aurore Ballengée, une famille francophone voisine qui accueille l’Atelier de la Nature. Douet a noté que ces types de connexions sont cruciales pour montrer aux enfants que le français existe en dehors de la salle de classe.
« Je pense que pour eux, c'est une langue, il a déclaré. Ça fait pas encore une partie de leur culture. En sortant de la salle de classe et en étant dans la vie quotidienne, là t'as la chance de faire des expériences dans la langue et avec la musique, la cuisine, les jeux. Et là, ça devient une vraie partie de soi-même, pas juste dans la salle de classe. »
Douet a souligné que dans certaines communautés, il existe déjà de nombreuses entreprises qui emploient des francophones ou des créolophones, mais qui n’en font probablement pas la publicité. Par exemple, à Arnaudville, à seulement quelques milles de son entreprise, Douet a dit qu’il y a des francophones ou des créolophones dans pratiquement tous les établissements locaux : Myran’s Maison de Manger, Russell’s Food Center, Bayou Teche Brewery, NUNU Art and Culture Collective et The Little Big Cup. En faisant l’effort de souligner davantage ces gens et en embauchant plus d’entre eux-autres, Douet a dit que la communauté peut continuer à cultiver les langues patrimoniales de la Louisiane.
« Tu commences à parler et tu te rends compte qu'il y a encore beaucoup de gens qui parlent le français, il a déclaré. Mais si tu fais pas l'effort, tu connais pas qui c'est qui parle le français. »
NOLA Zydeco Fest mettra en honneur la culture créole
Le festival revient dans le but de réunir des créoles du sud-ouest de la Louisiane et ceux de la Nouvelle-Orléans.
Le festival revient dans le but de réunir des créoles du sud-ouest de la Louisiane et ceux de la Nouvelle-Orléans.
Cet article fait partie d’un partenariat médiatique entre Télé-Louisiane et le NOLA Zydeco Fest.
Par Jonathan Olivier
Gabrielle Deculus et Courtney Smith ont fondé le NOLA Zydeco Fest en 2021 pour honorer l’héritage de leur arrière-grand-père, la légende musicale Alphonse « Bois Sec » Ardoin. Le festival a également servi comme pont entre la culture créole de la Nouvelle-Orléans et celle de la campagne du sud-ouest de la Louisiane.
Cette année, les dirigeants du festival cherchent à continuer de nourrir ces relations en mettant en valeur des contributions des créoles sur la culture louisianaise. « Ce festival va souligner la culture de la Nouvelle-Orléans, qui comprend des brass bands et des Indiens de Mardi Gras et des groupes de second line, ainsi que des trail rides et la culture créole plus rurale de la Louisiane, a déclaré Deculus. Et puis il y a l’énergie que la musique Zydeco apporte. On voulait créer une voie pour que ces deux cultures puissent coexister et avoir de meilleurs rapports. »
Cette année, le festival revient au parc A.L. Davis à la Nouvelle-Orléans le 10 juin pour continuer à célébrer les Créoles de la Louisiane. Il y aura des spectacles musicaux de Lil Nathan and the Zydeco Big Timers, de Koray Broussard and the Zydeco Unit, de Rusty Metoyer and the Zydeco Crush, ainsi qu’une performance d’Alphonse Ardoin and the Zydeco Kings.
Drake LeBlanc, cofondateur et chef de la création de Télé-Louisiane, représentera l’entreprise médiatique au festival de cette année et sera un hôte de l’événement avec Deculus et Smith. « Établir des liens entre différentes cultures a toujours été un élément essentiel de l’histoire de la Louisiane, et c’est exactement ce qu’on fait ces jours-là, a déclaré LeBlanc. Comme cofondateur de Télé-Louisiane et un bougre du sud-ouest de la Louisiane, je suis si content d’apporter un peu de ce piment qu’on aime sur la scène de ce festival en Ville. »
LeBlanc note qu’il soulignera certaines des influences que le français et le créole louisianais ont eues sur la musique zydeco et la culture louisianaise. Le créole louisianais est une langue créolisée qui s’est formée en Louisiane coloniale au 18ème siècle. La langue a longtemps coexisté avec le français louisianais, parlé par beaucoup de monde dans des communautés cadiennes et créoles tout partout dans l'État : à la Nouvelle-Orléans, à la Vacherie, à Cécilia ou au Chemin Neuf.
Le NOLA Zydeco Fest est gratuit et ouvert au public. Deculus a noté que les enfants sont les bienvenus : il y aura une place dédiée à eux-autres. L’inscription à l’avance est toutefois possible, ce qui permet aux participants de sauter la ligne d’entrée et de gagner des prix.
Pour plus d’informations sur NOLA Zydeco Fest, visitez leur site web.
Une conférence à UL Lafayette souligne la diversité du français des Amériques
Des étudiants et des jeunes professionnels d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et des Caraïbes ont participé à l’Université d’été qui a été axé sur des sujets pertinents pour les francophones des Amériques.
Des étudiants et des jeunes professionnels d’Amérique du Nord, d’Amérique du Sud et des Caraïbes ont participé à l’Université d’été qui a été axé sur des sujets pertinents pour les francophones des Amériques.
Joseph Savoie, le président de l’Université de Louisiane à Lafaytte, s’adresse aux participants de l’Université d’été le 22 mai. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane
Par Jonathan Olivier
Mieux comprendre la diversité de la francophonie des Amériques était le but de la sixième édition de l’Université d’été sur la francophonie des Amériques, qui a eu lieu à Lafayette la dernière semaine complète de mai.
Le programme, tenu à l’extérieur du Canada pour la première fois, a été organisé par l’Université de Louisiane à Lafayette (UL) et le Centre de la francophonie des Amériques (CFA), un organisme québécois qui cherche à faciliter les relations entre les francophones des Amériques. La conférence était structurée comme un cours offrant 45 crédits, composé de 50 participants : 30 du Canada et 20 du reste des Amériques, y compris les États-Unis, l’Amérique du Sud et les Caraïbes.
« C'est vraiment d'offrir une perspective sur la francophonie des Amériques, a déclaré Sylvain Lavoie, président-directeur général du Centre. C’est un moment de formation, d'échange, de réseautage également aux étudiants et aux participants qui viennent et contribuent aussi à ce lien entre les francophones de découvrir, de partir à l'aventure, de créer des ponts entre les différentes régions. »
Les sujets de cette conférence étaient axés sur plusieurs enjeux auxquels font face les francophones de l’hémisphère occidental qui existent souvent en situation minoritaire. Lafayette a été l’endroit tout indiqué pour discuter du français comme langue minoritaire en raison de l’état de la langue dans la région.
Guyaume Boulianne de la baie Sainte-Marie en Nouvelle-Écosse est venu en Louisiane plusieurs fois pour explorer le lien acadien de la région et jouer de la musique. Cette fois-ci, il a noté avoir pu explorer ce que la francophonie signifie pour lui.
« Notre francophonie et la Louisiane sont peut-être plus similaires à cause qu'on a la Acadian connection là, Boulianne a déclaré. Mais quelqu'un qui vient du Chili, qui parle français, je suis pas nécessairement convaincu qu'on ait un rapprochement identitaire par rapport à ça. Mais, ce qui nous rejoint, c'est la francophonie. »
Le thème dominant du programme était la diversité de la francophonie des Amériques, et les participants ont été encouragés à explorer davantage ces liens. C’était une occasion pour les francophones d’interagir avec d’autres qui, même s’ils diffèrent au niveau culturel, partagent un lien linguistique commun. Justin LeBlanc, directeur du développement économique et du tourisme à Cap-Acadie, au Nouveau-Brunswick, a participé au programme afin de mieux comprendre ces similarités.
« Je veux vraiment comprendre les enjeux de ces différentes communautés francophones, il a déclaré. Je sais qu'au Nouveau Brunswick, on est la province officiellement bilingue, mais on se retrouve quand même à se battre pour nos droits, parfois, comme les francophones. Donc c'est vraiment une ouverture d'esprit que j'essaie de comprendre les réalités de ces gens. »
Barry Ancelet, professeur à la retraite de l’Université de Louisiane à Lafayette, a récité de la poésie lors de la cérémonie d’ouverture le 2 mai. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane
Un accent particulier a été mis sur la Louisiane et sa population francophone, avec des présentations de Barry Ancelet, Joseph Dunn, Lawson Ota, Christine Verdin et d’autres. Parmi les sujets abordés étaient des enjeux des changements climatiques auxquels font face les franco-indiens louisianais, comme la Tribu indienne Pointe-au-Chien et la Nation unie Houma, ainsi que l’importance de l’expression en français pour ceux qui existent en situation minoritaire. Les participants ont également fait une excursion à Arnaudville afin de souligner plusieurs initiatives de la paroisse Saint-Landry, comme l’École Saint-Landry et le Campus d’immersion française et centre culturel Saint-Luc.
Le programme était un autre événement international qui a démontré la résilience et l’importance de la communauté francophone de la Louisiane après la visite du président français Emmanuel Macron dans l’État en décembre. Nathan Rabalais, professeur agrégé d’études francophones à UL, a déclaré que la Louisiane était un choix logique pour ce programme grâce à la relation du Centre avec des chercheurs locaux et des activistes culturels de l’État. « Les thèmes de cette édition de l'Université d'été font en sorte que UL Lafayette soit un endroit idéal pour explorer ces sujets », Rabalais a déclaré.
En janvier, l’Université de Louisiane à Lafayette est devenue la première université américaine à rejoindre l’Agence Universitaire de la Francophonie, un réseau international de 1 000 membres à travers 122 pays qui encourage le développement culturel et économique dans la francophonie. Afin de continuer à faciliter les relations, l’Université s’engage à offrir plus d’occasions d’accroître sa présence au sein de la francophonie
« Le Département de Langues Modernes œuvre pour offrir des certifications en français professionnel ainsi que de nouveaux cours sur la traduction et le français des affaires et des médias en lien avec des sites touristiques et des entreprises locales », Rabalais a déclaré.
Les Saints de la Nouvelle-Orléans choisissent la France comme premier marché mondial
Cela permettra aux Saints de développer des liens commerciaux et culturels entre la Louisiane et la France.
Cela permettra aux Saints de développer des liens commerciaux et culturels entre la Louisiane et la France.
L’expansion en France des Saints est la première participation de l’équipe au programme mondial et la première fois que la France est choisie comme marché ciblé. Will McGrew/Télé-Louisiane
Par Will McGrew
Les Saints de la Nouvelle-Orléans ont annoncé aujourd’hui que la NFL a approuvé sa demande d’ajouter la France comme son premier marché international. Le partenariat permettra à l’équipe de football américain de développer le marketing, l’engagement des fans et des collaborations de commercialisation en France.
La NFL a lancé l’année passée le « Global Markets Program » dans le cadre d’un effort visant à encourager ses équipes de football américaines à mobiliser les fans du monde entier. L’expansion en France des Saints est la première participation de l’équipe au programme mondial et la première fois que la France est choisie comme marché ciblé.
« Nous sommes heureux d’être récompensés par la France en tant que territoire de notre ‘Global Market Program’ de la NFL, la propriétaire des Saints Gayle Benson a déclaré. La Nouvelle-Orléans et la France entretiennent des liens culturels uniques depuis des siècles et nous sommes ravis de travailler avec la NFL et nos partenaires en France pour faire croître le football américain. En plus d’avoir l’occasion de commercialiser notre équipe en France, nous avons hâte de promouvoir notre ville et notre État et de stimuler les investissements dans les entreprises locales et régionales. »
Cette décision élargit dans le domaine du sport l’élan positif qui a eu lieu dans la communauté francophone de la Louisiane au cours des dernières années. En particulier, l’année passée, l’Assemblée législative de l’État a autorisé le plus important budget de l’histoire pour les projets concernant le français louisianais qui ont totalisé 4 millions de piastres, y compris le soutien au partenariat de programmation de l’École Pointe-au-Chien et d'émissions de la Veillée produit par Télé-Louisiane sur LPB.
En décembre, le président français Emmanuel Macron est venu en Louisiane pour un voyage historique. Au cours de la visite, il a rencontré des dirigeants francophones, politiques et économiques clés tels que Benson. Elle a également rencontré l’Ambassadeur de France Philippe Etienne en janvier pour discuter des collaborations entre experts techniques sur les rénovations des cathédrales Saint-Louis et Notre-Dame ainsi que l’ajout d’un vol direct Nouvelle-Orléans-Paris sur AirFrance.
Les Saints ont hissé le drapeau français avec les drapeaux américain, louisianais et de l’équipe hors de leur siège au Metairie le jour de l’annonce (23 mai 2023). Will McGrew/Télé-Louisiane
Dunn : En Louisiane, la création d’emplois est un élément essentiel pour le mouvement francophone
Il existe déjà des lois étatiques qui ont comme objectifs la mise en valeur et le renforcement des entreprises francophones en Louisiane. La prochaine étape est de les financer et de créer des postes.
Il existe déjà des lois étatiques qui ont comme objectifs la mise en valeur et le renforcement des entreprises francophones en Louisiane. La prochaine étape est de les financer et de créer des postes.
Taalib Auguste (à droite), qui parle anglais, français et créole louisianais, est membre d’une équipe multilingue qui dirige des visites à la Plantation Laura à Vacherie. Taalib Auguste
Par Joseph Dunn
Ancien directeur du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), Joseph Dunn est directeur des relations publiques et du marketing à la Plantation Laura, à Vacherie, en Louisiane.
À la Plantation Laura à Vacherie, en Louisiane, des touristes français, québécois et belges attendent le tour à 13h dans la boutique. Ce site historique créole, une ancienne plantation de canne à sucre, propose trois visites en français tous les jours : une le matin et deux l’après-midi. Lorsqu’il lui fut demandé si l’option de suivre un tour en langue française avait influé sur sa décision de visiter Laura, Guillaume, un Français, répondit, “Il est important d’avoir une visite en français pour comprendre cette histoire. En France, nous avons une certaine fantaisie par rapport à la Louisiane. La manière dont elle est présentée dans les publicités et à la télévision nous fait croire qu’on va entendre au moins quelques personnes parler français, mais nous sommes là depuis trois jours. Ici, c’est le premier endroit depuis notre arrivée où nous avons rencontré des locaux qui parlent français.”
L’expérience de Guillaume n’est pas exceptionnelle. C’est la norme pour les touristes francophones qui séjournent en Louisiane. Géraldine, Québécoise, fut elle aussi en Louisiane récemment. En visitant des musées de renommée internationale à La Nouvelle-Orléans, elle fut étonnée par l’absence d’options d’interprétation multilingue. Les panneaux et bornes numériques sont uniquement en anglais. “En tant que Québécoise, je cherche automatiquement la touche qui me permettrait de lire les informations en français. Je suis vraiment surprise que les musées dans une ville avec une si riche histoire française et francophone ne prennent pas en considération que tous les visiteurs ne sont pas anglophones.”
Composez le 8 pour continuer en français
Le service téléphonique de l’Hôtel Lord Elgin, situé à Ottawa au Canada, indique aux clients de “composez le 8 pour continuer en français.” Dans cette ville capitale d’une nation où l’anglais et le français sont tous les deux langues officielles, il est attendu que les services, particulièrement dans le secteur public et dans d’autres domaines essentiels, soient disponibles de manière équitable en français et en anglais.
Un tel scénario pourrait exister en Louisiane grâce à des lois adoptées il y a plus d’une décennie. En 2010, l’Acte 679 de la législature louisianaise a recréé le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL). Cette nouvelle loi habilitante confère des mandats spécifiques à l’agence, lui attribuant la supervision des initiatives étatiques en matière de développement économique et promotion touristique en français. De plus, cette législation fait appel au CODOFIL de créer un système d’identification et de certification des festivals, entreprises et autres organismes proposant des services en langue française.
L’Acte 106, adopté lui aussi en 2010 et appelé “Le Programme louisianais des services en français,” confère au CODOFIL et au Département de la culture, des loisirs et du tourisme (DCRT) le mandat de recenser les fonctionnaires de l’État de Louisiane qui parlent français afin de :
fournir en langue française des services gouvernementaux de l’État de Louisiane aux citoyens et aux visiteurs dans la mesure du possible
aider les citoyens louisianais francophones à comprendre et à obtenir des services étatiques afin de soutenir la durabilité de l’héritage culturel historique francophone
aider les francophones en visite en Louisiane et promouvoir donc l’accroissement touristique et davantage d’investissements provenant de pays francophones
Cette législation, inspirée d’une loi sur les services en français en vigueur Nouvelle-Écosse au Canada, oblige le département à “prévoir des insignes appropriés, tels qu’un macaron imprimé du mot “Bienvenue” ou “Bonjour,” afin de rendre visibles les employés qui accompagneront les clients francophones dans l’obtention et l’utilisation des services du département.”
Malgré l’adoption de ces lois, ces mandats importants sont inconnus par la plupart du public louisianais et ils demeurent non-financés et donc sans personnel.
Curieusement, étant donné la popularité des écoles d’immersion française et la notoriété dont elles bénéficient dans les médias locaux et internationaux, aucune passerelle n’a été créée dans le but de rendre le français “utile” ni sur le marché touristique en Louisiane ni dans d’autres secteurs professionnels. Une simple solution serait l’introduction d’une politique au niveau des gouvernements étatiques et locaux (particulièrement les bureaux de promotion touristique) qui exigerait le recrutement et embauche de francophones louisianais.
Les emplois en français mènent au développement économique
À la Plantation Laura, deux employés à temps complet et huit employés à temps partiel assurent la gestion du site, le contenu sur les réseaux sociaux et les relations publiques, les recherches dans les archives, l’accueil des visiteurs, les visites et la vente de marchandises… le tout en français. Ces efforts misant sur le recrutement et la formation de personnel francophone, spécialement des jeunes Louisianais désireux de se servir de leurs capacités linguistiques dans un environnement professionnel, ainsi que le travail dédié au développement du marché touristique francophone, ont porté leurs fruits. En 2022, les touristes francophones représentaient 20 pour cent de la fréquentation annuelle du site.
Le français est une ressource naturelle en Louisiane que nous devons simplement cultiver et développer. À Laura, nous proposons des tours en français et les touristes viennent pour cela. Ce n’est vraiment pas sorcier.
Nouveaux locuteurs du français en Louisiane : Poursuivre un héritage
À Lafayette, d’anciens étudiants en immersion essaient d’établir les institutions nécessaires pour soutenir une nouvelle génération de francophones.
À Lafayette, d’anciens étudiants en immersion essaient d’établir les institutions nécessaires pour soutenir une nouvelle génération de francophones.
Stephen Ortego a travaillé avec Makemade et Lafayette Consolidated Government pour installer des panneaux d’orientation et de signalisation bilingues dans tout le centre-ville, appelé le projet Route Lafayette. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane
Cet article est la deuxième partie d’une série sur le français en Louisiane. La partie 1, qui explique les complexités de l’immersion française en Louisiane, est disponible icitte.
Par Jonathan Olivier
Renée Reed a commencé à apprendre le français lorsqu’elle avait environ cinq ans à l’école primaire Évangéline, un programme d’immersion à Lafayette. Bien qu’elle ait quitté le programme un an plus tard, le français est resté dans sa vie grâce à la musique cadienne et le temps qu’elle a passé avec ses grands-parents qui sont des locuteurs natifs du français louisianais.
« Je me rappelle d’une période de ma vie ayoù j’étais petite, et j’ai parlé surtout français à l’école, a déclaré Reed. Et puis quand j’allais chez mes grands-parents, parce que j’allais souvent là-bas, on parlait français. »
Malgré son lien familial avec le français, l’anglais a demeuré la langue maternelle de Reed. Puisque l’anglais était devenu la langue dominante de la région depuis quelques décennies quand elle était petite au début des années 2000, c’était facile pour le français de se faire oublier. Puis, au high school, elle a commencé à jouer de la musique cadienne, avec sa mère, Lisa Trahan, qui joue avec les Magnolia Sisters et son père, Mitchell Reed, qui a joué avec BeauSoleil. Plus tard, en tant qu’étudiante à l’Université de Louisiane à Lafayette, elle s’est spécialisée en français et en musique.
En raison des diverses manières dont Reed avait appris la langue, elle avait créé une mosaïque de compétences en français. Afin de former une base plus solide, en 2019, quand elle avait 20 ans, elle a participé à un programme d’immersion française de cinq semaines à l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse, au Canada. Les participants ne pouvaient parler que français pendant la durée du programme, pendant les cours et une variété d’ateliers, de jeux et d’activités.
« C’est comme ça qu’on apprend vraiment, quand on est dans la vraie vie avec la langue, a déclaré Reed, asteur âgé de 24 ans. Et j’avais jamais été dans cette sorte de situation avant. Ça fait, avec cette expérience, j’ai appris plus que j’ai aperçu. Deux semaines après je suis arrivée, je pouvais vraiment parler en français et je connaissais pas à quel point j’étais après apprendre. »
Renée Reed joue avec plusieurs groupes de musiciens cadiens à Lafayette, ainsi qu’un acte solo qui lui permet d’écrire de la musique en français. Photo fournie par Renée Reed.
Reed est ce que les linguistes en Europe qui étudient la revitalisation des langues minoritaires et patrimoniales appellent un « nouveau locuteur ». D’habitude, il s’agit d’une personne qui a été peu exposée à une langue patrimoniale à la maison ou dans la communauté et qui l'obtient ensuite dans le cadre de projets d’immersion ou de revitalisation linguistique.
Au cours des dernières décennies, le français a surtout été transmis aux jeunes générations de Louisianais comme c’était le cas pour Reed, grâce à l’éducation en immersion : qu’ils soient enfants ou adultes. Beaucoup de locuteurs natifs du français louisianais sont souvent vieux, généralement âgés plus de 60 ans, mais majoritairement avec plus de 70 ou 80 ans. Pendant que cette population vieillit, dans un avenir proche, ces nouveaux locuteurs du français en Louisiane constitueront la majorité des francophones de l’État.
Cette génération de nouveaux locuteurs, souvent âgés de moins de 40 ans, représente un changement générationnel qui s’est développé après que la transmission du français à la maison a disparu au milieu et à la fin du XXe siècle. Leurs grands-parents parlaient probablement le français comme langue maternelle, et leurs parents étaient probablement des anglophones ayant une certaine connaissance du français. Ce contact avec des locuteurs natifs du français louisianais, bien que souvent limité, donne aux nouveaux locuteurs la capacité de saisir ce qu’ils peuvent et de le transmettre, selon Stephen Ortego, un architecte basé à Lafayette qui a étudié à l’Université Sainte-Anne.
« Notre génération est un peu le pont entre nos grands-parents qui parlaient presque tous français et la génération qui vient, a déclaré Ortego, 39 ans de Carencro. C'est à nous pour transmettre la langue à une autre génération. Et c'est important d'avoir un certain pourcentage de nous qui continue ce qui nous fait spécial. »
Pour que le français demeure viable avec cette nouvelle génération, le folkloriste et professeur émérite de l’Université de la Louisiane à Lafayette, Barry Ancelet, a écrit dans un essai de 1988 qu’il faut développer un « environnement français ». Ça comprend une société ayoù le français est institutionnalisé et visible au ras de l’anglais à travers d’émissions de radio et de télévision, de magazines, de livres, de panneaux publicitaires et de panneaux routiers. « Si quelqu’un doit se donner la peine d’apprendre le français, a écrit Ancelet, il doit y avoir quelque chose à faire, à lire, à voir et à entendre dans la langue. »
Pendant une bonne partie des décennies qui ont suivi l’appel d’Ancelet à rétablir le français dans l’État, son environnement francophone n’est pas apparu. Pourtant, au cours des dernières années, il y a eu une vague de progrès grâce, en grande partie, aux anciens étudiants en immersion française. Dispersés dans le sud de la Louisiane sont des signes d’une nouvelle vie qui nourrit le français au sein de la société d’État par l’infrastructure, la musique et l’art.
Bâtir un environnement français
Ortego entendait souvent le français quand il était enfant, passant du temps à Washington ou aux Opelousas avec ses grands-parents, ses voisins et sa famille. Mais il n’a pas été immergé dans une société ayoù le français est institutionnalisé avant d’avoir participé, à l’âge de 19 ans, au programme d’immersion de l’Université Sainte-Anne. C’est là qu’il a commencé à rêver en français, à penser en français, sans effort. Ça lui a fourni une base solide de la langue afin qu’il puisse retourner en Louisiane avec ses compétences linguistiques pour vivre en français.
« Après, je continuais à parler avec mes grands-parents, avec un voisin, avec des amis, il a déclaré. J'ai fait des amis qui étaient en immersion de mon âge. Donc, je refusais de parler en anglais avec des gens que je connaissais en Louisiane qui parlaient déjà français parce que je voulais apprendre. C'était la seule manière d'apprendre. »
Quelques années plus tard, Ortego a été représentant de l’État, de 2012 à 2016. Pendant ce temps, il s’est consacré à l’institutionnalisation du français en Louisiane. Le projet de loi no 998 d’Ortego en 2014 a permis aux paroisses, soit les jurys de police soit les conseils paroissiaux, de demander au Département des transports et du développement (DOTD) de l’État de fournir des panneaux bilingues le long des autoroutes étatiques et fédérales. Le projet de loi a finalement été signé par le gouverneur Bobby Jindal et il est devenu la Loi 263, qui a chargé le DOTD avec la responsabilité d’adopter des suppléments au « Manual on Uniform Traffic Control Devices » (MUTCD) pour y inclure une signalisation bilingue.
Des panneaux bilingues ont été installés à Lafayette en 2021 grâce à Makemade, SO Studio Architecture et Lafayette Consolidated Government. Photos des panneaux fournies par Makemade
« Donc, on avait déjà commencé à parler avec plusieurs présidents de paroisse ou présidents de jury police dans les 22 paroisses de l’Acadiana, a déclaré Ortego. On avait l'intention que dès que la politique était adoptée par le département de transport, on voulait passer dans chaque paroisse et parler avec les jurys de police ou bien les conseils. »
Selon Ortego, le DOTD n’a jamais pris de mesures pour adopter les changements au MUTCD. Ainsi, près de 10 ans plus tard, les paroisses n’ont toujours pas la possibilité d’adopter des panneaux bilingues. Pourtant, Ortego a fait des progrès sur ce front en 2021. Son entreprise SO Studio Architecture a pu travailler avec Makemade et Lafayette Consolidated Government pour installer des panneaux d’orientation et de signalisation bilingues dans tout le centre-ville, appelé le projet Route Lafayette.
Bien que ces panneaux n’existent qu’au centre-ville de Lafayette asteur, l’entreprise d’Ortego et Makemade ont également pris quelques mesures que DOTD n’a pas prises, apportant des changements au MUTCD qui comporte des panneaux bilingues qui vont au-delà de l’orientation, comme les panneaux d’arrêt. Si le gouvernement de la paroisse décidait d’adopter ces changements à l’échelle de la paroisse, Ortego a déclaré que le document décrivant les changements au MUTCD fournirait une voie pour le faire. Au niveau de l’État, Ortego a souligné que quant à la législation, tout est en place pour que DOTD puisse implémenter la signalisation bilingue.
« Mais peut-être il y a des gens qui peuvent demander aux représentants d'État de revenir à la question, et pousser plus pour même peut-être donner de l'argent au département pour adopter la politique qui est déjà écrite dans la loi, a déclaré Ortego. Donc, si c'est financé, ils ont plus d'excuses. »
Un pont vers la prochaine génération
Philippe Billeaudeaux a fait partie de la première classe d’immersion française à Lafayette au début des années 90 à S.J. Montgomery Elementary School, qui est asteur à Myrtle Place Elementary School. Billeaudeaux a également fait partie des classes à Prairie Elementary School, puis à Paul Breaux Middle School, alors qu’il entendait aussi du français chez lui de son père.
« Je continue d'utiliser le français dans mes projets créatifs, a déclaré Billeaudeaux, 37 ans de Lafayatte. Je joue de la musique cadienne et créole avec Feufollet, Steve Riley, et Cedric Watson. Aussi je fait un dessin animé en français louisianais avec un film maker qui s'appelle Marshall Woodworth. Lui, il habite à Nouvelle-Orléans. On a créé Les Aventures de Boudini et Ses Amis ensemble. C'est un cartoon en français pour les élèves d'immersion en Louisiane. »
Boudini est un projet de Creole Cartoon Company de Billeaudeaux et Woodworth, produit en partenariat avec Télé-Louisiane, qui a été diffusé en ligne pour la première fois en janvier 2021. Cette année, une nouvelle saison de la série sera diffusée sur Louisiana Public Broadcasting. Avec des personnages comme Kirby Jambon, maître d’école d’immersion et poète officiel de la Louisiane française, et les musiciens Cedric Watson et Louis Michot, des étudiants en immersion ont l’occasion d’entendre le français louisianais de la communauté francophone locale.
Philipe Billeaudeaux (à gauche) et Marshall Woodworth ont créé la bande dessinée « Les Aventures de Boudini et Ses Amis », qui offre aux élèves en immersion un moyen d’apprendre le français louisianais. Photo fournie par Philippe Billeaudeaux
Au cours des dernières années, il y a eu une hausse des projets dirigés par d’anciens étudiants en immersion. En 2018, un balado intitulé « Charrer-Veiller » a été fondé par Joseph Pons et Chase Cormier; Drake LeBlanc, chef de la création et co-fondateur de Télé-Louisiane, et Jo Vidrine, photographe de l’équipe, ont participé aux écoles d’immersion de Lafayette; et « Le Bourdon de la Louisiane », un journal virtuel, a été fondée en 2018 par l’ancienne étudiante de Sainte-Anne Sydney-Angelle Dupléchin Boudreaux et aussi Bennett Boyd Anderson III.
Dans les alentours de Lafayette, quelques organisations ciblent les étudiants en immersion afin de fournir des exemples de français existant en dehors de la salle de classe. À Vermilionville, le musée d’histoire vivante de Lafayette, le personnel organise de nouveau un camp d’été en juillet pour des étudiants en immersion française. Zach Fuselier, un ancien étudiant en immersion, travaille à Vermilionville comme jardinier patrimonial ayoù il s’occupe des animaux et du jardin du musée, offrant des présentations pratiquement tous les jours en français.
« Et souvent, on a des touristes du Canada et de la France et d'autres pays francophones, a déclaré Fuselier, 26 ans, de Lafayette. Ça fait je peux partager ma culture avec eux-autres et je peux faire ça en français. Ça fait c’est une langue qu'eusse, ils sont plus confortable dedans. Et je peux représenter la Louisiane, qu'il y a toujours du monde qui parle français. »
Malgré les projets récents de certains anciens élèves en immersion, Fuselier a déclaré que la majorité de ses anciens camarades de classe n’utilisent probablement pas la langue dans leur vie quotidienne. La vie en dehors de l’école n’existe souvent qu’en anglais : même pour lui, l’anglais est la langue qu’il utilise le plus dans sa vie. C’est pourquoi Fuselier a dit qu’il est encore plus important de favoriser un environnement francophone afin que les étudiants en immersion, actuels et anciens, continuent d’exister dans la langue après avoir quitté la classe.
« Il faut donner quelque chose, un incentive pour les enfants, premièrement, apprendre la langue et puis, deuxièmement, l'user dans leur vie de tous les jours, il a déclaré. Si on veut ramener le français, il faut avoir de plus en plus de ressources, juste pour vivre en français. »
Développer des nouveaux francophones dans les écoles d’immersion française
Plus de 5 000 enfants apprennent le français grâce à l’immersion en Louisiane, ce qui crée une petite mais croissante population de nouveaux francophones dans l’État.
Plus de 5 000 enfants apprennent le français grâce à l’immersion en Louisiane, ce qui crée une petite mais croissante population de nouveaux francophones dans l’État.
Cet article est la première partie d’une série sur le français en Louisiane. La deuxième partie, qui explore comment les anciens élèves en immersion utilisent leurs compétences linguistiques pour soutenir le français dans l’État, sera publiée le 9 mai.
Reportage par Jonathan Olivier | Photos par Jo Vidrine
Au milieu du XXe siècle, la transmission du français à la maison a commencé à diminuer rapidement en Louisiane, ce que les linguistes classent comme une « conversion linguistique ». L’anglais est devenu la langue dominante parlée à la maison et à travers toutes les communautés de l’État.
Selon Shane K. Bernard, dans son livre « The Cajuns : Americanization of a People », plus de 80 pour cent des gens du sud de la Louisiane parlaient le français comme langue maternelle au début du XXe siècle. Ce chiffre est tombé à 21 pour cent pour les personnes nées entre 1956 et 1960, et encore moins à 8 pour cent pour celles nées entre 1971 et 1975.
Cette tendance s’est poursuivie pendant des décennies et ces jours-ci, le français a essentiellement disparu comme première langue apprise à la maison ou parlée à travers la plupart des communautés. Au lieu de cela, le français est asteur généralement appris par des enfants unilingues anglophones comme deuxième langue dans les écoles d’immersion française. Ils apprennent une variante scolarisée et standardisée de la langue. L’immersion est donc devenue l’un des moyens les plus importants et les plus viables d’augmenter une population de nouveaux francophones en Louisiane.
« On a des élèves à la maternelle qui nous disent des phrases complètes en français d’ici Noël. Ils nous disent leurs besoins, a déclaré Lindsay Smythe, cheffe d’école à l’École Saint-Landry, une école d’immersion à charte à Sunset. Et ils peuvent participer en français toute la journée. »
À l’École Saint-Landry, les enfants qui sont typiquement unilingues anglophones commencent à la maternelle ayoù ils passent la majorité de leur journée à apprendre le français par des cours comme les mathématiques et les sciences. Habituellement, ils ne sont enseignés en anglais que pendant les cours d’anglais.
Fondée en 2021 comme un campus d’immersion complet avec la maternelle et le premier livre, l’École Saint-Landry accueille actuellement de la maternelle au deuxième livre. Smythe a dit que son équipe continuera d’ajouter des grades à mesure que leur groupe actuel d’élèves progresse chaque année, offrant des cours finalement jusqu’au huitième livre.
En 2010, le nombre d’étudiants en immersion a atteint 3 416 à l’échelle de l’État. Aujourd’hui, les 103 élèves actuellement inscrits à l’École Saint-Landry comptent parmi plus de 5 100 enfants qui participent à des programmes d’immersion française dans plus de 35 écoles en Louisiane. Ils ont rejoint les milliers d’autres qui ont participé à l’immersion au cours des trois dernières décennies. Plusieurs milliers d’autres ont participé à des programmes d’immersion comme adultes, notamment à l’Université Sainte-Anne dans la province acadienne de Nouvelle-Écosse au Canada.
Pourtant, l’immersion demeure un effort niche dans le système d’éducation anglophone. Les élèves en immersion représentent moins de 1 pour cent de la population d’âge scolaire de la Louisiane : il y a environ 1 million d’enfants de moins de 18 ans dans l’État. Ainsi, l’augmentation du nombre d’écoles qui offrent un programme est une priorité pour les activistes et les éducateurs depuis des années.
Selon Michèle Braud, spécialiste des langues du monde au ministère de l’Éducation de la Louisiane, les fonctionnaires de l’État impliqués dans l’immersion voudraient continuer à augmenter les inscriptions de 5 pour cent chaque année. Bien que le département de Braud compile encore des chiffres de l’année académique 2022-2023, elle a noté que les inscriptions sont en hausse.
En août 2023, trois autres programmes ouvriront leurs portes : l’École Pointe-au-Chien à la Pointe-aux-Chênes deviendra le premier programme majoritairement franco-indien; l’Evangeline Reimagine Academy ouvrira ses portes à la Ville Platte grâce à la subvention Reimagine School Systems de la Louisiane; et Fairfield Elementary Magnet School sera le premier programme à Shreveport.
Le début des écoles d’immersion française en Louisiane
James Domengeaux, qui en 1968 a joué un rôle central dans la création du Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), a souvent dit que « l’école a détruit le français ; l’école doit le restaurer. » Bien sûr, Domengeaux faisait référence au fait que le français en Louisiane a connu un déclin si rapide au XXe siècle, en grande partie, en raison de la constitution de l’État de 1921. Par conséquent, le français a été essentiellement interdit à l’école : des châtiments corporels ont souvent été infligés aux enfants qui parlaient la seule langue qu’ils connaissaient afin de les forcer à apprendre l’anglais.
La vision de Domengeaux était de rétablir la langue dans toutes les communautés de la Louisiane par l’éducation. Dans les années 1970, le CODOFIL a d’abord mis en place un plan d’enseigner le français à travers des cours courts pendant la journée : les résultats se sont avérés peu encourageants. Domengeaux s’est ensuite tourné vers le Canada ayoù il existait plusieurs écoles d’immersion française. Les profs enseignaient la plupart des cours dans la langue elle-même au lieu d’enseigner le français aux élèves dans des cours de langue. L’intérêt de Domengeaux a mené à un programme d’immersion pilote au Bâton-Rouge en 1981, mais les programmes n’ont pas vraiment commencé à décoller avant les années 1990.
Au début de 2010, la mission de CODOFIL a été modifiée par une série de lois. En 2010, l’ancien sénateur Eric Lafleur, D-Ville Platte, a présenté l’Act 679, qui a été adoptée pour redéfinir l’objectif de CODOFIL. L’organisme était spécifiquement chargé d’améliorer les écoles d’immersion française de la Louisiane en coordination avec le ministère de l’Éducation de la Louisiane et le Louisiana State Board of Elementary and Secondary Education à travers le « International Associate Teacher Program ».
L’établissement d’un programme d’immersion dans un district scolaire de la Louisiane est possible grâce à une loi adoptée en 2013. L’Act 361 stipule que les parents ou les tuteurs légaux d’au moins 25 enfants d’âge préscolaire qui restent dans un district scolaire donné doivent signer une pétition. La loi de l’État exige qu’un conseil scolaire crée un programme d’immersion. Cependant, cette loi n’a pas des mécanismes de mise en vigueur et les districts scolaires ont ignoré au moins 4 pétitions dans les dernières années: 2 en Terrebonne et 2 en St. Tammany. Braud a déclaré que la voie la plus efficace pour ouvrir un programme est pour les parents de simplement commencer une conversation avec le district scolaire, le CODOFIL et son bureau.
Habituellement, un programme est offert dans une école anglaise qui ajoute un programme d’immersion en français. D’autres écoles offrent seulement l’immersion française, comme le cas de l’École Saint-Landry. Il n’existe que quelques options pour les étudiants qui veulent continuer en immersion au high school, comme le Lycée Français à la Nouvelle-Orléans et Lafayette High School à Lafayette.
Le français dans un curriculum anglophone
Reconstruire le français après plusieurs générations de conversion linguistique n’a pas été une tâche facile. Le manque de transmission à la maison signifie que la Louisiane n’a pas assez de maîtres d’école francophones certifiés. Ainsi, CODOFIL et ses agences partenaires coordonnent avec les gouvernements étrangers pour fournir des visas J-1 du département d’État américain aux maîtres d’école qui enseignent en Louisiane pour une période de trois ans, qui peut être prolongée de deux ans. Il y a des accords officiels entre l’État et des pays comme la France, le Canada et la Belgique et les maîtres d’école viennent d’ailleurs itou, notamment de l’Afrique francophone.
Puisqu’il y a majoritairement des maîtres d’école étrangers dans ces écoles, les élèves n’entendent souvent pas le français louisianais en classe parce que ces enseignants ne connaissent pas souvent les différences régionales. Le « Minimum Foundation Program » (MFP) de l’État limite également le nombre de maîtres d’école étrangers qui peuvent enseigner en immersion en Louisiane à 300. Par conséquent, la priorité est accordée aux programmes élémentaires. La limite d'enseignants par MFP, ainsi que les taux élevés d’attrition chez les élèves en immersion après l’école secondaire, ont mené à la création d’une poignée de programmes d’immersion au high school.
Afin d’agrandir son école, Smythe de l’École Saint-Landry aimerait que la loi de l’État soit modifiée pour supprimer le plafond dans le nombre de professeurs étrangers. Parce que, à partir d’asteur, l’expansion de son école au-delà du huitième livre serait un défi : elle devrait trouver des enseignants locaux francophones et certifiés pour enseigner, ce qui, selon elle, peut être difficile dans les petits villages comme le sien.
Les maîtres d’école étrangers sont également chargés de naviguer dans les normes du curriculum de la Louisiane. Chaque école doit suivre des règles de son district scolaire, qui est souvent rédigé en anglais. « Donc, si un district adopte un programme de mathématiques, si ce programme de mathématiques existe pas en français, c’est aux professeurs d’immersion de traduire tout le programme en français », Smythe a déclaré.
Smythe a dit qu’elle aimerait voir la création d’un curriculum en français à l’échelle de l’État qui pourrait être appliqué à toutes les écoles d’immersion française. Cependant, certaines écoles, comme l’Audubon Charter School à la Nouvelle-Orléans, suivent les normes académiques de la Louisiane mais aussitte de la France, établies par le ministère français de l’Éducation qui fait partie de l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger (AEFE).
Selon Sophie Capmartin, directrice du programme français à Audubon, ses élèves apprennent à l’aide de livres et de matériaux achetés en France. « Le travail sur un curriculum français permet une plus grande ouverture sur le monde et apporte une perspective interculturelle sur certains thèmes ou dans la façon d'aborder certaines disciplines, elle a déclaré. Les textes en littérature française sont des œuvres intégrales d'auteurs francophones que les élèves étudient dès le troisième grade. »
Capmartin a noté que les élèves d’Audubon obtiennent généralement un résultat supérieur ou égal à la moyenne nationale française au Diplôme d'études en langue française, qui certifie les compétences linguistiques d’une personne. En général, les étudiants en immersion ont tendance à mieux réussir les tests normalisés louisianais que leurs pairs monolingues.
Malgré les défis que pose le rétablissement du français dans un système d’éducation anglophone, Smythe dit reconnaître les nombreux avantages que ses élèves reçoivent. De plus, elle sent qu’elle fait sa part pour reconnecter ses élèves à un patrimoine linguistique unique.
« Je me sens personnellement très honorée de faire partie de ce qu’on fait, a déclaré Smythe. Ces élèves qui sont bilingues auront plus de possibilités, plus de portes ouvertes. Je suis très heureuse qu’on soit capable d’offrir tout ça à nos étudiants, parce qu’ils avaient pas cette possibilité avant. »
Tu vis ta culture ou tu tues ta culture
Avec son nouvel album, Jourdan Thibodeaux implore les Louisianais de garder leur patrimoine culturel.
Avec son nouvel album, Jourdan Thibodeaux implore les Louisianais de garder leur patrimoine culturel.
La Prière, le nouvel album de Jourdan Thibodeaux, est sorti en mars 2023. Drake LeBlanc/Télé-Louisiane
Cet article a été publié en partenariat avec Country Roads Magazine. Il est disponible en version papier et en ligne icitte.
Par Jonathan Olivier
En octobre passé, Jourdan Thibodeaux et son band Les Rôdailleurs ont joué le dernier concert du soir aux Festivals Acadiens et Créoles à Lafayette. Thibodeaux a chanté des chansons de son premier album en 2018, qui lui a donné un public en Louisiane et tout partout, ainsi qu’un mélange de nouvelles mélodies ancrées par ses paroles en français louisianais.
La dernière chanson du soir, aussitte le titre de son deuxième album qui est sorti ce printemps, La Prière, ne correspondait pas à la norme. Elle était doucement, rythmée, solennelle. La foule, qui avait passé les deux jours précédents à danser le deux-pas, le Jitterbug et la valse, s’est tournée vers la scène en révérence. Parmi ceux qui pouvaient comprendre les paroles en français de Thibodeaux, il y en avait qui ont braillé.
Dans les premières lignes, doublées d’une interview avec le défunt grand-père de Thibodeaux, Charles Herbert, il chante : « Tu vis ta culture ou tu tues ta culture, il n’y a pas de milieu. »
Dans la chanson, Thibodeaux reconnaît les jeunes Louisianais qui ne comprennent pas ses paroles, les gens qui ont oublié les traditions de la Louisiane et de sa langue, et tout quelqu’un qui ne parle que, comme il l’a chanté, « la langue de les conquis » : anglais.
Au cœur de La Prière, Thibodeaux invoque que la langue française, et la culture qui l’a soutenue, ne disparaîtront pas. Il prie pour que les Louisianais continuent à participer au riche patrimoine culturel de la Louisiane. Et il prie pour que sa génération ne soit pas la dernière à faire partie de cette culture.
Alors que La Prière est un sombre rappel de la manière dont l’américanisation a changé la culture louisianaise, c’est aussitte un cri de ralliement pour rassembler toutes les affaires culturelles que les générations précédentes nous ont laissées, afin de préserver et de continuer les qualités qui rendent la Louisiane si unique. C’est aussitte en grande partie le but de Thibodeaux.
« Y a du monde qu’est tout le temps après dire, « Je suis Cadien, moi je suis Créole ». Ils sont fiers de ça, Thibodeaux a déclaré. Mais tu peux pas avoir seulement le titre. Si tu veux le titre, t’as besoin de garder tout que tu as. T’as besoin de garder la langue, garder la culture, garder la religion, parce que c’est tout ensemble. »
Thibodeaux a appris le français de sa grand-mère, Lucille « Hazel » Blanchard. Afin de transmettre la langue à ses deux filles, il leur parle français à la maison, s’assurant que, dans sa famille, le lien culturel de plus de trois cents ans en Amérique du Nord demeure intact. Il s’en tient aux traditions avec lesquelles il a grandi : comme le catholicisme, la chasse et le jardinage, et des coutumes locales comme le jeu pâquage des œufs, qui consiste à frapper des œufs, ou pâquer, pendant le Jour de Pâques.
« C'est pas juste nous-autres, il a déclaré. On a pris quelque chose de quelqu'un d'autre et on a besoin de passer toutes les choses qu'on a pris à la prochaine génération. »
Jourdan Thibodeaux et Les Rôdailleurs aux Festivals Acadiens et Créoles en octobre 2022. Photo fournie par David Simpson
La date de sortie de La Prière a été retardée en raison de la Covid-19 en 2020. Thibodeaux, qui joue du violon et chante, a lancé l’album avec Valcour Records d’Eunice avec son band Jourdan Thibodeaux et Les Rôdailleurs, qu’il a fondé en 2018. Ces jours-là, le groupe est composé des musiciens Cedric Watson, Joel Savoy, Alan Lafleur et Adam Cormier.
Alors qu’un tas d’artistes locaux qui chantent en français aujourd’hui enregistrent des remakes de chansons plus anciennes, ou s’en tiennent aux notions traditionnelles de la musique cadienne ou zydeco, Thibodeaux écrit sa propre musique, selon ses propres termes. Ses chansons comprennent un tas de violon et mettent en évidence ses paroles en français. Pour La Prière, Thibodeaux et son band ont fait des chansons d’une liste d’environ 40 qu’il a écrit au cours des dernières années. « J'ai fait juste les chansons que je sens le plus asteur, Thibodeaux a déclaré. Parce que toutes mes chansons, c'est les vraies histoires de ma vie. »
L’album représente des extraits de la vie de Thibodeaux à l’île Cyprès, dans la paroisse de Saint-Martin. Quand quelqu’un lui demande quel genre de musique il joue, Thibodeaux répond habituellement : « Louisiana French music. »
« Quand j'étais petit, c'est ça que ma grand-mère a dit, il a déclaré. C'était French music et c'était la musique de la campagne. C'était jamais le cadien ou créole et tout ça. Parce que tout le monde ici était le même monde. On était une culture. »
Beaucoup de Louisianais ont été américanisés il y a seulement quelques décennies. Les affaires qui restent de la culture régionale du sud de la Louisiane sont après diminuer, mais elles survivent quand-même. Thibodeaux croit que le maintien de ces vieilles traditions qui comprennent la langue, le manger, la musique et les pratiques culturelles sert comme guide pour aborder l’avenir.
Et c’est peut-être le message durable de La Prière : respectez les traditions patrimoniales et continuez-les autant que possible.
« Comment tu vas connaître éyoù tu vas, Thibodeaux a déclaré, si tu connais pas d'éyoù tu viens ? »
Les musiciennes acadiennes Lisa LeBlanc, Les Hay Babies trouvent de l’inspiration en Louisiane
Ces artistes du Nouveau-Brunswick retournent en Louisiane ce mois-ci pour jouer au Festival International de Louisiane. Malgré que l’État est séparé par des milliers de milles et des centaines d’années d’histoire culturelle, elles se sentent à la maison dans la région.
Ces artistes du Nouveau-Brunswick retournent en Louisiane ce mois-ci pour jouer au Festival International de Louisiane. Malgré que l’État est séparé par des milliers de milles et des centaines d’années d’histoire culturelle, elles se sentent à la maison dans la région.
Lisa LeBlanc au Festival International de Louisiane en 2018. Photo fournie par David Simpson
Par Jonathan Olivier
La musicienne acadienne Lisa LeBlanc a visité la Louisiane pour la première fois en 2015 pour jouer au Festival International de Louisiane, l’un des plus grands festivals de musique de l’État. Plus tard cette année-là, elle est revenue back pour le Festival de la Chaudière Noire ayoù elle a passé la semaine au Blackpot Camp à Eunice avec d’autres musiciens louisianais et d’ailleurs.
La musique, le manger, la culture et le français louisianais ont laissé une marque indélébile sur la musicienne primée du Nouveau-Brunswick, à tel point que la Louisiane est devenue un lieu d’inspiration.
« J'adore Lafayette. Ça me fait beaucoup penser à Moncton, LeBlanc a déclaré. Dès la première fois que je suis débarquée en Louisiane, pour moi, c'était comme si j'étais à la maison, dans les similarités, puis aussi la musique. Il y a plein de similarités entre nous-autres, les Acadiens du nord, puis les Acadiens du sud, vous-autres. »
LeBlanc retourne en Louisiane ce mois-ci pour jouer au Festival International de Louisiane pour la cinquième fois. Bien qu’aux concerts du passé elle a joué ce qu’elle s’appelle du « trash rock », cette fois-là elle jouera plutôt des chansons de son dernier album « Chiac Disco » qui est sorti en 2022. Sa nouvelle musique utilise moins de banjo tandis qu’elle rappelle les genres funk des années 60 ou 70.
LeBlanc retourne en Louisiane cette année afin de jouer au festival en avril. Photo fournie par David Simpson
« Honestly, je suis pas mal flabbergasted de la réaction de cet album, LeBlanc a déclaré. On savait vraiment pas à quoi m'attendre. Parce que honestly, comme cet album a kind of sorti de nulle part. C'est super différent de ce que j'ai fait dans le passé. »
Bien que les mélodies de LeBlanc aient changé avec Chiac Disco, l’ambiance de l’album n’est pas très différente de ses chansons passées comme « Aujourd’hui ma vie c’est d’la marde ». La nouvelle musique de LeBlanc met encore en valeur le ton unique de sa voix, ainsi que sa personnalité vibrante. Chiac Disco a été un succès à travers la francophonie, permettant que LeBlanc soit allée en Europe plusieurs fois afin de jouer des concerts depuis la sortie de son album. « All of a sudden, je me trouve avec une magnifique réception. Je pourrais pas être plus happy avec tout ça. On est vraiment chanceux. »
Le groupe acadien Les Hay Babies, qui comprend Vivianne Roy, Julie Aubé et Katrine Noël, itou du Nouveau-Brunswick, sera de retour au Festival International cette année pour la deuxième fois. Comme Leblanc, lors des précédents voyages du groupe à l’État, c’était aisé pour eux-autres de trouver des similitudes entre leur culture et la culture louisianaise.
« Moi, je trouve qu’en Louisiane, il y a tellement de familiarités. C'est comme si on pouvait rentrer dans un monde totalement parallèle », Roy a déclaré.
Noël a ajouté : « Nous-autres, on le dit tout le temps, on se fait des amis à Lafayette, on est comme « C'est la Louisiana version de quelqu’un de par chez nous. » On dirait que tout le monde a comme un counterpart louisianais ou acadien. »
Les Hay Babies retournent en Louisiane cette année pour jouer au Festival International de Louisiane. Photo fournie par Marc-Étienne Mongrain
Le groupe a loué un espace pour une semaine à Henry, près d’Erath, en Louisiane, afin d’enregistrer leur prochain album. Elles vont utiliser la région comme source d’inspiration. Le band, qui joue normalement du rock, n’a aucun plan pour le son de leur nouvel album : elles attendent la motivation de la campagne louisianaise pour faire des chansons, peut-être quelques-unes avec des musiciens locaux.
« S'il y a des gens qui veulent venir nous parler en français après notre show, si qu'ils nous voient au festival, si qu'ils veulent nous raconter des histoires, on prendra any inspiration qu'on peut avoir pour notre album », Noël a déclaré.
Le Festival International de Louisiane commencera le 26 avril et se terminera le 30 avril. L’événement est gratuit et se déroule dans le centre-ville de Lafayette. Lisa LeBlanc jouera le 28 avril à 8h30 du soir à la Scène Laborde Earles Fais Do Do, et le 29 avril à 6h du soir à la Scène LUS Internationale. Les Hay Babies joueront le 29 avril à 4h30 de l’après-midi à la Scène Tito’s Handmade Vodka, et le 30 avril à 3h30 de l’après-midi à la Scène Laborde Earles Fais Do.
Pour plus d’informations sur le Festival International de Louisiane, retrouvez la liste complète icitte.