Un guide du courir de Mardi Gras en Louisiane

Des carnavaliers masqués parcourent la campagne, chassent les poulets, chantent, et dansent dans cette tradition de Mardi Gras qui a ses racines dans le Moyen Âge en France.

Deux personnes au courir de mardi gras en Louisiane.

Le courir de Mardi Gras de Louisiane trouve ses racines dans la fête de la quémande, un ancien rituel du Moyen Âge. Ethan Castille/Télé-Louisiane

Par Jonathan Olivier

Depuis le XIXe siècle, la tradition de Mardi Gras existait sous deux formes distinctes en Louisiane. La plus connue est, bien sûr, la célébration de la Nouvelle-Orléans qui comprend des boules ornées, des perles, et des parades qui ont été célébrées à l’origine par des élites créoles et anglo-américaines. Dans le sud et le sud-ouest de la Louisiane, nous trouvons l’autre variante, le courir de Mardi Gras qui était populaire parmi les familles de la campagne.

Alors que les traditions varient selon la ville, généralement un courir de Mardi Gras implique des carnavaliers costumés parcourant la campagne à pied, avec d’autres à cheval, comme bouffons et mendiants. Les costumes traditionnels comprennent un grand chapeau pointu appelé le capuchon, ainsi qu’un masque qui couvre complètement le visage, et un costume orné de tissu à froufrous. Le groupe, communément appelé le mardi gras, va de maison en maison afin de quémander des ingrédients, souvent un poulet, à ses voisins pour faire un gombo en fin de journée. Dans de nombreux événements, il y a un chant commun : Donnez quelque chose pour le mardi gras. Cette tradition trouve ses racines dans les anciens rituels de mendicité de la fête de la quémande de l’Europe médiévale. Le folkloriste Carl Lindahl l’a qualifié de « tension de l’ordre et du désordre », car les rôles sont inversés — les hommes s’habillent en femmes, les jeunes s’habillent en personnes âgées — au milieu de la mendicité, de la flagellation, de débauchage, et de la malice générale. Les carnavaliers qui courent dans des prairies de la Louisiane sont freinés par l’autorité du capitaine qui supervise l’événement.

Bien que l’événement soit souvent dépeint dans les médias nationaux comme seulement une grande fête, Lindahl a expliqué que ces traditions rurales ont historiquement eu des répercussions importantes pour la communauté : elles ont défini les frontières de sa communauté; c’était un rite de passage pour les hommes; elle définit la dépendance mutuelle; et elle favorise également la continuité du groupe.

Des carnavaliers au courir de Mardi Gras.

En respectant la tradition, les carnavaliers, appelés le « mardi gras », portent un costume, un masque et un chapeau appelé capuchon. Ethan Castille/Télé-Louisiane

Au XXe siècle, la Seconde Guerre mondiale a interrompu presque toutes les célébrations dans plusieurs communautés, car de nombreux jeunes hommes étaient allés outre-mer. Ryan Brasseaux écrit pour 64 Parishes : « À la fin de la guerre, de nombreuses communautés tardent à rétablir les festivals locaux. Des activistes communautaires comme Paul Tate ont toutefois ravivé la tradition à Mamou et dans d’autres communautés. » Parfois cette renaissance incorporait des femmes dans une tradition qui n’était réservée qu’aux hommes. Aujourd’hui, l’esprit de la tradition perdure dans des communautés comme Pointe-à-l’Église, Eunice, et Mamou.

Chaque célébration a ses propres coutumes et règles—certains événements ne permettent que les hommes tandis que d’autres sont mixtes. Ce guide comprend un aperçu de diverses célébrations du courir de Mardi Gras à travers le sud de la Louisiane.

Basile

Le Basile Mardi Gras Association organise un courir de Mardi Gras au Vermilionville à Lafayette la fin de semaine avant le jour de Mardi Gras comme une sorte de démonstration. La célébration principale est le mardi, ayoù des hommes et des femmes participent ensemble. La chanson de Mardi Gras de Basile est particulièrement unique et elle est chantée à différents moments pendant la journée alors que la procession visite quelques voisins dans la campagne.

Eunice

Le courir de Mardi Gras dans cette petite ville de la paroisse Saint-Landry a commencé à la fin du XIXe siècle et comme beaucoup dans la région il a été relancé après la Seconde Guerre mondiale. Bien que des masques et des costumes soient nécessaires, l’événement d’Eunice permet aux hommes et aux femmes de participer—quelques milliers de personnes courent chaque année. Eunice accueille le Cajun Mardi Gras Festival qui se déroule pendant cinq jours, avec de la musique et une boucherie traditionnelle le jour de Lundi Gras.

Le capitaine du courir de Mardi Gras avec un cheval.

Le groupe de participants doit suivre les règles établies par le capitaine qui dirige l’événement. Ethan Castille/Télé-Louisiane

Faquetaigue

En 2006, un groupe de podnas a fondé un courir de Mardi Gras qui était plus inclusif, ce qui signifie que les hommes et les femmes pouvaient participer ensemble. Pourtant, ils ne voulaient pas sacrifier la tradition. Les coureurs portent encore des masques et des costumes tout en parcourant des chemins de Faquetaigue, un lieu-dit près d’Eunice. En plus d’un capitaine monté à cheval et des vilains, plusieurs participants essayent d’attraper un poulet qui est dans une cage au sommet d’un poteau graissé. À la fin de la journée, tout le monde mange du gombo et du boudin.

L'Anse LeJeune

En 2002, des hommes masqués et costumés montent à cheval ou courent à pied, chantant la chanson du Mardi Gras de l’Anse LeJeune pour la première fois en près de 50 ans. Le samedi précédant le jour de Mardi Gras, cet événement comprend une chasse au poulet traditionnelle, des costumes, et de la musique cadienne.

L'Anse Mermentau

Animée par Cadien Toujours, cet événement se déroule généralement plus d’une semaine avant de nombreuses autres célébrations du Mardi Gras. Conformément à la tradition locale, seulement des hommes qui portent un masque et un costume sont autorisés à participer. Le groupe court à travers la campagne de l’Anse Mermentau, chasse des poulets et des cochons graissés, avant de se terminer par une célébration pleine de danse et de cuisine louisianaise.

Deux gars avec quelques poulets pendant le courir de Mardi Gras.

Une chasse au poulet découle de la tradition de quémander des ingrédients auprès des voisins pour nourrir la communauté. En Louisiane, ce repas était toujours un gombo. Ethan Castile/Télé-Louisiane

Mamou

Le courir de Mardi Gras à Mamou est l’une des plus grandes célébrations de ce genre en Louisiane, après sa renaissance dans les années 1960. Cet événement ne permet que des hommes costumés et masqués. De nombreux participants montent à cheval, tandis que d’autres choisissent de se faire transporter par une remorque à l’arrière du groupe. La procession se termine sur la 6e Rue pour un fais do-do et du gombo avant le début du Carême.

Pointe-à-l'Église

Le courir de Mardi Gras de la Pointe-à-l’Église adhère à la tradition—seulement les hommes sont autorisés à participer et ils doivent porter un masque et un costume. L’événement a été relancé en 1968, équand il a été établi qu’il se tiendrait le dimanche précédant le jour de Mardi Gras afin de ne pas interférer avec les autres courirs des alentours. La célébration à la Pointe-à-l’Église attire des milliers de personnes chaque année pour assister aux rituels, aux chants et aux chasses au poulet qui culminent avec une procession à travers la ville et un gombo le soir.

Soileau

Les traditions de cette communauté de la paroisse Allen sont profondément enracinées dans la culture créole louisianaise. Au XIXe siècle, le courir de mardi gras a eu lieu à L’Anse de ‘Prien Noir. Aujourd’hui, des hommes et des femmes participent à la chasse aux poulets et collectent des ingrédients pour faire un gombo.

Tee Mamou-Iota

Il y a un courir de Mardi Gras réservé aux femmes le samedi tandis que le courir des hommes se déroule le jour de Mardi Gras. Ces deux événements nécessitent des costumes traditionnels pour une journée ayoù il y a une chasse au poulet et beaucoup de possibilités de danser. Le jour de Mardi Gras, le courir des hommes se termine par une parade au Folklife Festival au centre-ville. 

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