La proposition d’inclure des cours de l’informatique dans les crédits requis par TOPS pour une langue seconde menacera la survie des cours de français dans les lycées louisianais, selon l’étudiante Annie Bates.
Annie Bates, Écrivaine collaboratrice - Lafayette, Louisiane
Après son approbation par le Sénat et le Comité d’éducation de la Chambre des députés, le projet de loi SB191 proposé par la sénatrice Sharon Hewitt de Slidell avance asteur à toute la Chambre des députés. Cette proposition changera des critères d’éligibilité pour le programme étatique de bourses TOPS, spécifiquement les critères requis quant aux langues secondes. En particulier, il permettra que les deux ans d’apprentissage d’une langue seconde requis par TOPS puissent être remplacés par deux ans d’apprentissage en informatique.
Le programme TOPS (Taylor Opportunity Program for Students) est la principale manière qui permet aux étudiants louisianais de financer leurs études universitaires dans les institutions d’éducation supérieure de l’État. TOPS représente également un atout important du système éducatif de l’État qui encourage les jeunes à rester en Louisiane. Au contraire de l’aide financière fédérale, ce programme donne de l’argent aux étudiants en fonction de leurs qualifications scolaires, non pas en fonction du revenu de leurs familles—une reconnaissance de l’État que les études universitaires coûtent trop cher même pour des familles de classe moyenne.
Donnée l’importance du programme, des réformes des matières requises pour TOPS impliquent aussitte des changements dans les critères d’éligibilité pour obtenir un diplôme dans une école secondaire louisianaise, parce que la grande majorité des élèves dépendent de cet argent pour pouvoir aller à l’université à l’avenir. Les écoles et districts scolaires choisissent et financent des programmes scolaires principalement en fonction des cours requis par TOPS.
Même si elle semble mineure, chaque modification à TOPS—comme celle proposée dans SB191—est donc très importante parce qu’elle influence ce que chaque étudiant apprend à l’école secondaire. Pour cette raison, il faut que les modifications proposées par SB191 soient examinées très soigneusement comme ses effets seront vraiment néfastes.
Ces modifications sont destructrices non pas à cause de leur encouragement de l’apprentissage en informatique, mais à cause de leur encouragement de cette matière au détriment de l’apprentissage de nos langues d’héritage, en particulier le français et l’espagnol. L’objectif d’exiger l’apprentissage des langues secondes, c’est d’enseigner des compétences communicatives et aussi d’exposer les élèves aux cultures différentes et à la diversité. Connaître une autre langue est une compétence essentielle qui s’applique dans toutes les professions.
Cette compétence - et tous les avantages qui l’accompagnent – ne peut jamais être remplacée par des cours d’informatique. Il est vrai que l’informatique offre ses propres avantages, ainsi que des compétences analytiques, mathématiques et technologiques. Par contre, ces compétences sont entièrement différentes de celles acquises en apprenant une autre langue.
L’un ne peut pas remplacer l’autre. Cependant, l’un remplacera l’autre si ce projet de loi est voté positivement par la Chambre des Représentants et signé par le Gouverneur.
Cet effet inévitable de SB191 révèle un autre élément négatif de ce projet de loi : il donne aux élèves l’illusion de choix, tandis qu’en réalité, il n’y aura pas de choix. C’est un fait bien connu que les écoles de Louisiane sont honteusement sous-financées. Si certaines écoles sont permises de choisir entre enseigner des cours de langues secondes et des cours d’informatique, elles choisiront l’option la moins chère. Dans la plupart des cas, l’option la moins chère sera l’informatique parce que cette matière peut être enseignée plus facilement que les langues.
De nos jours, les écoles sont mieux équipées des ordinateurs que des enseignants de langues secondes. Beaucoup de cours d’informatique peuvent être enseignés entièrement sur Internet et sur un ordinateur, contrairement aux cours de langues étrangères qui obligent une vraie participation et interaction directe pour un enseignement efficace. Beaucoup d’élèves seront donc forcés à étudier l’informatique, même s’ils souhaitaient étudier une autre langue parce que la plupart des écoles n’ont pas les moyens d’enseigner les deux.
La Louisiane a toujours eu une identité culturelle propre héritée de diverses cultures et elle profite de cette identité unique et plurielle régulièrement à travers des festivals et dans le secteur du tourisme. C’est donc inconcevable qu’un projet de loi comme SB191 qui incite l’abandon de l’enseignement des langues d’héritage par nos écoles soit bientôt en vigueur.
Si SB191 devient loi, cela n’impliquera que plus de répression de nos langues, surtout le français, et plus de répression de l’histoire culturelle de Louisiane. Les cours de français sont déjà absents dans la plupart des écoles, souvent remplacés par des cours d’espagnol, malgré l’importance culturelle historique et actuelle de notre fait français. Ce projet de loi n’aidera qu’à effacer encore plus notre patrimoine culturel.
Annie Bates est étudiante à l’Université de la Louisiane à Lafayette. Elle est née au Port Allen dans la Paroisse du Batôn-Rouge de l’Ouest et elle a gradué du lycée étatique LSMSA au Natichotches.