La Veillée revient back pour une deuxième saison sur LPB
Chaque semaine, Télé-Louisiane met en avant différents aspects de la culture et le mode de vie louisianais dans la seule émission TV de nouvelles en français louisianais.
Chaque semaine, Télé-Louisiane met en avant différents aspects de la culture et le mode de vie louisianais dans la seule émission TV de nouvelles en français louisianais.
Drake LeBlanc/Télé-Louisiane
Par Jonathan Olivier
La deuxième saison de La Veillée a été diffusée pour la première fois le 5 octobre sur Louisiana Public Broadcasting (LPB). Ce premier épisode était consacré à l'ouverture de l'école Pointe-au-Chien et aux efforts déployés par l'école pour enseigner le dialecte français local de la région.
La série est diffusée tous les jeudis à 19h45 en français de Louisiane et sous-titrée en anglais. Elle fait partie de l'engagement continu de LPB à mettre en valeur la culture et l'héritage français unique de la Louisiane. « L'engouement des téléspectateurs pour cette série souligne le grand intérêt des Louisianais pour la langue et l'histoire françaises, a déclaré Jason Viso, directeur de la programmation de LPB. Mais l'intérêt pour La Veillée dépasse notre public louisianais. Grâce au streaming, la culture française de la Louisiane a été mise en lumière dans le monde francophone, en particulier en France et au Canada. »
La deuxième saison de La Veillée couvrira à nouveau des histoires uniques et passionnantes à travers la Louisiane. Après l’École Pointe-au-Chien dans la première, le deuxième épisode a focalisé sur la langue et la culture singulières des Créoles de la Paroisse Pointe Coupée.
Drake LeBlanc/Télé-Louisiane
Plus tard dans la saison, l'équipe explore l’impact du magasin Sid’s One Stop Shop dans le Nord de Lafayette, retourne à la Pointe-aux-Chênes pour parler aux pêcheurs des chevrettes à propos de la crise actuelle de l'industrie, visite les Festivals de l’Omelette Géante à Abbeville puis du Manger Français à Larose, fait une interview exclusive avec le nouveau Consul général de France en Louisiane Rodolphe Sambou et partage un portrait de la star de l’émission Swamp People Troy Landry.
Will McGrew, PDG et cofondateur de Télé-Louisiane, a déclaré que La Veillée était nécessaire dans le cadre des efforts déployés pour maintenir le français de Louisiane en vie. « Chaque épisode constitue une nouvelle ressource audiovisuelle attrayante pour les locuteurs et les apprenants du français en Louisiane, a-t-il déclaré. Mais La Veillée, c'est bien plus que du français : la série raconte aussi les histoires uniques des habitants de la Louisiane et nous rappelle que nous devons être fiers de notre culture incomparable. Nous sommes très heureux de nous associer à LPB dans cette entreprise pour une deuxième saison. »
Tous les épisodes de la Veillée sont disponibles en ligne sur Télé-Louisiane et LPB.
La légende de Pachafa
Dans la paroisse des Avoyelles, il existe un conte louisianais qui transcende le temps et la langue.
Dans la paroisse des Avoyelles, il existe un conte louisianais qui transcende le temps et la langue.
Il n'existe pas d'images historiques du Pachafa, c'est donc un rendu d'artiste donne un aperçu de la créature mythique. Illustration par Burt Durand
Par Natalie Roblin
Cet article a été publié en partenariat avec Country Roads Magazine. Lire l’article en anglais sur leur site web ici.
Si on prononce le mot « Pachafa » dans la paroisse des Avoyelles, on obtient probablement au moins la moitié d'une histoire. Depuis des générations, les enfants redoutent l'histoire de l'effroyable créature mi-homme qui vient les kidnapper. Quant à l'autre moitié de l'histoire . . . cela dépend à qui on la demande.
« Quand t’étais un tit bougre, t’étais seul dans les bois, dans la cyprière, commence l'anthropologue Dustin Fuqua, originaire de la paroisse des Avoyelles. C'est très calme. T’entends un sifflement. » Il émet un sifflement aigu entre ses dents, puis marque une pause : « Et tu guettes en haut, en haut de l'arbre. Et voilà. Le Pachafa ! »
Fuqua raconte l'histoire, tel qu'il l'a entendu des membres de sa famille lorsqu'il était enfant. « Pachafa commence à descendre du cyprès, poursuit-il en levant les yeux. Il voit le tit bougre. D'une main, il offre des herbes ; de l'autre, il offre un couteau. Si le tit bougre choisit les herbes, il devient un homme-médecine. S'il choisit le couteau, il devient un guerrier. »
Si l'histoire de Pachafa est familière aux habitants de toute la paroisse, elle est très présente dans la communauté de Bayou Blanc, qui se trouve à quelques milles du siège de la paroisse à Marksville, près de la réserve de la Tribu Tunica-Biloxi. Pour Fuqua, Bayou Blanc est la mise en scène effrayante de Pachafa. « Mon premier souvenir de Pachafa est celui d'un drive dans notre char vers la Spring Bayou Wildlife Management Area », raconte Fuqua, à qui sa mère a toujours dit que Pachafa vivait dans un ancien bâtiment, près de la rampe de mise à l'eau de Boggy Bayou, à une vingtaine de minutes de chez eux. Fuqua et sa famille faisaient souvent le trajet, avec une sorte de peur et d’anticipation au fur et à mesure qu'ils avançaient sur la route de gravier, de plus en plus près de la maison de Pachafa.
La zone de gestion de la faune de Spring Bayou s'étend sur 12 000 acres à travers le marais de la rivière rouge. Une série de coulées, de lacs et de bayous traversent la région et ses communautés, et les habitants de cette région connaissent tous le conte de Pachafa. Dans les alentours de ce marais, au milieu de la réserve de la tribu Tunica-Biloxi, se trouve la Coulée de Greus, qui se coule dans la Old River, et puis dans la zone de gestion de la faune de Spring Bayou. La Coulée de Greus et la zone de Spring Bayou, ainsi que le cimetière de Fort DeRussy dans la communauté de Brouiliette, sont des endroits importants dans les récits des Tunicas et des Créoles. Comme le souligne Fuqua, la Coulée de Greus est un lieu sacré où se trouvaient autrefois des cimetières et, selon certains récits des Tunicas, où le Pachafa reste. Bien que Pachafa n'ait pas de port d'attache explicite, il plane près et autour de ces cours d'eau et des côteaux amérindiens qui les entourent. « Son histoire est assez localisée et, d’après moi, c'est à cause des côteaux », explique Fuqua.
Langue et transmission
La langue influe sur la nature malléable du conte et du nom de Pachafa. Les nombreuses versions du conte illustrent l'interaction complexe de la culture et de la langue qui constituent historiquement la paroisse des Avoyelles. Si le nom le plus largement reconnu pour la légende est « Pachafa », il existe plusieurs orthographes et interprétations. Pour les enfants qui ont entendu le conte en français ou créole louisianais, il est devenu « Johnny Pachafa ». Certains, comme Fuqua, pensent qu'il s'agit d'une version anglicisée du conte populaire français « Jean à patte de fer », qui fait référence à un personnage doté d'une prothèse de pied. Pour les membres de la tribu Tunica-Biloxi, c’était « Tanapachafa », ou simplement « Tanap », un mot choctaw associé à la guerre.
Pete Gregory, conservateur du Williamson Museum de la Université d’État du Nord-Ouest, et Donna Pierite, du Tunica-Biloxi Cultural and Educational Resource Center, ont traduit la légende tunica comme « Tanap apah achafa », décrivant vaguement un mi-homme, mi-guerrier n'ayant qu'une jambe. D'après les recherches de Fuqua, Gregory et Pierite, le mot « tanap » pourrait également dériver du mot tunica « tana », qui signifie « louse », un terme d'argot courant pour désigner une personne canaille. Le mot tunica « pachafa » est utilisé pour décrire quelqu'un qui marche en boitant : une idiosyncrasie notoire de Pachafa.
Dans presque toutes les versions du conte, le Pachafa est mi-homme, mais l'autre moitié peut aussi être mi-cocodrie ou mi-cheval. Parfois, il est simplement décrit comme la moitié d'un homme, longeant les voies ferrées ou rôdant dans les bois et les clos.
Fuqua et Pierite pensent que le conte de Pachafa pourrait avoir été repris du conte choctaw du « petit peuple ». Dans cette légende, un petit garçon se promène dans les bois et doit choisir entre un couteau et des herbes. La Tribu Tunica-Biloxi comprend de nombreux descendants de Choctaw qui, au fil des générations, ont pu réinterpréter ce conte et préserver l'histoire de « Tanapachafa ». Certaines versions tunica font référence aux herbes et au couteau, tandis que d'autres versions opposent Tanap au jeune garçon dans un combat de lutte.
Un rite de passage
Les membres de la Tribu Tunica-Biloxi considèrent l'écoute du conte de Tanapachafa comme un rite de passage. Pierite, qui est la gardienne des légendes et des chansons de la tribu Tunica-Biloxi, éprouve des sentiments complexes à l'égard de Tanap. « Il y avait de la peur, mais aussi du respect », explique-t-elle. Elle se souvient de la manière cérémoniale dont sa grand-mère partageait les contes : elle barrait la porte d'entrée, puis la porte de sa chambre, asseyait les enfants sur le côté du lit et, à voix basse, transmettait le savoir de Tanap à la génération suivante.
Pour Pierite, entendre ces contes était un événement privé et personnel. Dans son enfance, on lui a dit de ne raconter à personne les contes qu'elle entendait, ce qui a été une façon de se protéger d'éventuels jugements ou moqueries. Pierite décrit une telle difficulté qu'elle a eue au début à partager ces contes avec le public lors des Pow Wows des Tunica-Biloxi. Au fil des ans, cependant, sa fierté a vaincu ses craintes. « C'est notre héritage. C'est notre trésor », dit-elle.
La nature intime des contes populaires autochtones, ainsi que le départ d'un grand nombre de Tunicas de la région des Avoyelles au cours des cinquante dernières années, peuvent contribuer à la forte association de Pachafa avec la tradition de la communauté créole des Avoyelles. Cependant, comme la plupart des meilleures traditions louisianaises, ce conte est un amalgame des nombreuses cultures qui composent la région. Chacune de ses diverses versions est essentielle à sa préservation.
Un conte oral
Depuis près de dix ans qu'il effectue des recherches sur la légende de Pachafa, Fuqua n'a trouvé aucune référence historique ni aucun récit écrit sur cet esprit légendaire, à l'exception d'une brève description qu'il a contribué à créer pour la bière « Pachafa Pale Ale » de la Broken Wheel Brewery de Marksville. L'histoire est toujours changeante, toujours en évolution, préservée uniquement dans les archives de la mémoire individuelle. C'est peut-être ce qui rend ces traditions orales si sentimentales ; nous nous accrochons à nos variations subtiles des histoires comme un moyen de rester proches de nos identités et de nos ancêtres. C'est aussi ce qui fait du folklore un agent unificateur, qui nous permet de nous unir autour de points communs et d'expériences partagées. Comme l'explique Nathan Rabalais dans son livre « Folklore Figures of French and Creole Louisiana » : « Le paradoxe de la spécificité et de l'universalité est ce qui donne aux lecteurs et aux auditeurs du monde entier l'impression particulière d'être à la fois familiers et nouveaux. »
Le pachafa est régional et spécifique : il se cache toujours dans des endroits proches tels que les clos de maïs, les bayous ou sous les ponts des alentours. Selon Rabalais, ce processus de substitution d'éléments décoratifs ou superficiels d'une histoire—comme ce que pourrait être l'autre moitié de mi-homme—s'appelle la « localisation ». « La localisation est responsable de la relativité du récit et de la proximité affective avec l'auditeur. Les histoires changent et prennent des aspects contemporains afin de devenir plus pertinentes pour chaque communauté, chaque famille, chaque personne », explique-t-il.
Conclusion
Il est pratiquement impossible de démêler les différentes versions du conte de Pachafa, tant ils sont imbriqués les uns dans les autres : tous se prêtant, au fil du temps, les uns aux autres. Aujourd'hui, les créoles des Avoyelles se souviennent avoir entendu l'histoire de Johnny Pachafa en tant que « tit garçon », lors des promenades de fin de semaine au camp avec les frères et les oncles ou les pères et les grands-pères, sans nécessairement se rendre compte de que ce conte était lui-même une adaptation des contes folkloriques de la tribu de Tunica-Biloxi.
La façon dont Pachafa, dans toutes les versions, est devenu un mi-homme n'est pas claire. Cette partie du conte semble changer à chaque fois, mais elle est toujours horriblement créative : une tronçonneuse, un train, une machine à couper le bois, le diable. Les contes de Pachafa n'existent pas en lignes droites parallèles les uns aux autres, mais plutôt en courbes et torsions, s'entrelacent comme des étendues d'eau, s'écoulant parfois en harmonie. Et parfois se coupant les uns les autres.
Les habitants de Pierre Part travaillent pour maintenir leur français
Grâce aux efforts des anciens et des enfants inscrits dans un programme d'immersion, cette petite ville de Louisiane possède l'un des pourcentages les plus élevés de locuteurs du français aux États-Unis.
Grâce aux efforts des anciens et des enfants inscrits dans un programme d'immersion, cette petite ville de Louisiane possède l'un des pourcentages les plus élevés de locuteurs du français aux États-Unis.
Par Sara Guillot
« Je t'aime grand comme ça », me disait mon grand-père, les bras les plus tendus que possible. J'étais jeune, avant l'âge scolaire, et ces mots m'étaient étrangers. Mon grand-père, qui n'est pas d'ici, n'a pas grandi en parlant français. Cependant, chez nous-autres, à Pierre Part, il est pratiquement impossible d’y vivre sans apprendre quelques expressions familières.
Pierre Part est un petit village situé dans la paroisse de l'Assomption, où les Acadiens sont arrivés à la fin du XVIIe siècle. Aujourd'hui, près de 40 % des habitants de Pierre Part parlent encore au moins un peu de français, selon le Bureau du recensement des États-Unis, ce qui représente l'un des pourcentages les plus élevés de tout le pays. Bien que le nombre de locuteurs de langue maternelle française ait diminué au fil des ans, la langue et la culture occupent une place particulière dans le cœur de la communauté.
J'ai commencé à apprendre la langue quelques années plus tard grâce au programme d'immersion française de l'école primaire de Pierre Part. À ce moment-là, j'ai pu comprendre ce que mon grand-père me disait.
J'ai considéré le français comme un nouveau superpouvoir. Je pouvais écouter des adultes qui bavardaient en ville et comprendre ce qu'ils disaient sans attirer l’attention. Lorsque ma petite sœur a commencé à apprendre le français, nous avons traité la langue comme un code secret, étranger à nos parents anglophones. Ce n'est que bien plus tard que j'ai pu apprécier ce que l'apprentissage du français signifiait pour moi et pour ma communauté.
La langue française à Pierre Part a commencé à décliner lentement lorsque les enfants ont commencé à fréquenter les écoles publiques au milieu du XXe siècle, après que la Constitution louisianaise de 1921 a déclaré que la langue d'enseignement dans les écoles publiques de l'État devait être l'anglais, malgré la présence de majorités francophones dans de nombreuses communautés. Ray Crochet, qui a grandi à Pierre Part, m'a raconté que même si ses enseignants décourageaient les enfants de parler français en classe, ils tenaient en compte des difficultés qu'ils rencontraient au début.
Ray Crochet a grandi en parlant le français louisianais à Pierre Part. Ethan Castille/Télé-Louisiane
« Ils sympathisaient avec nous-autres. Ils pouvaient pas bien enseigner s'ils comprenaient pas. Nous-autres, on était aussi étrangers pour eux-autres qu'ils l'étaient pour nous-autres, et puis ils voyaient bien qu’on faisait le mieux possible. » Il a expliqué qu'il était enthousiaste à l'idée de répondre à une question en classe, mais que les mots sortaient à moitié en anglais et à moitié en français.
En grandissant, Crochet a enduré la stigmatisation que les américains, ou les anglophones, associaient à sa langue maternelle. La barrière linguistique le sépare, lui et les autres habitants de Pierre Part, du reste de la paroisse qui a adopté l'anglais à plus grande échelle.
« Comme tu pouvais pas t’exprimer en anglais aussi bien que l’autre, il y avait du monde qui pensait que toi, t’as manqué d'intelligence, a-t-il déclaré en faisant référence au fait de travailler aux côtés d'anglophones. Mais on mesure pas notre intelligence par rapport à la langue qu’on parle, ou même à la maîtrise de cette langue. »
Crochet a dit qu'il revient encore souvent au français lorsqu'il parle avec sa femme, Bessie, ou lorsqu'il rencontre ses anciens amis. Il a mentionné à quel point le français leur est apparu plus naturellement et qu'ils sont plus à l'aise pour le parler que l'anglais.
Malgré la trajectoire descendante du nombre de francophones en Louisiane au cours des décennies, de nombreux gens du Pierre Part ont insisté pour transmettre la langue. Carol Ann Aucoin, ancienne directrice de l'école primaire de Pierre Part, a transmis la langue à ses filles parce que leurs grands-parents et arrière-grands-parents parlaient français.
« Mes filles parlent le français non pas parce qu'elles l'ont appris à l'école, mais parce qu’on pensait que c’était important qu’elles avaient la possibilité de communiquer avec leurs grands-parents », elle a déclaré.
En 1990, Aucoin a été contactée par Ed Cancienne, l’ancien surintendant des écoles, pour discuter des améliorations à apporter au système éducatif de Pierre Part. Aucoin a exprimé son désir de mettre en place un programme d'immersion française. Cancienne lui a donné le feu vert et elle a obtenu le soutien enthousiaste des habitants et de certains enseignants de l'école.
Il existe encore de nombreuses gens qui parlent français comme langue maternelle à Pierre Part. Ethan Castille/Télé-Louisiane
En 1991, le programme d'immersion française de Pierre Part a officiellement démarré avec deux classes, la maternelle et le premier livre, ce qui en fait l'un des programmes les plus anciens de l'État.
« Nous-autres, on a pensé que c’était mieux de commencer avec ces deux classes, puis d'ajouter une autre classe chaque année, jusqu'à la huitième livre, a expliqué Ruth Blanchard, ancienne enseignante de français à l'école primaire de Pierre Part et à l'Assumption High School. Comme ça, les enfants étaient d'abord exposés à la langue à un moment où ils pouvaient apprendre le français en même temps que leur langue maternelle, puis développer sur cette base tandis qu'ils progressaient à l'école. »
Chaque jour, Blanchard a enseigné une demi-heure de français à des élèves de la maternelle au quatrième livre qui n'étaient pas inscrits au programme d'immersion. Cela a permis à tous les élèves d'être exposés au français, même s’ils ne faisaient pas partie du programme.
Il était important pour les enseignants et le corps professoral d'impliquer la communauté. Les élèves ont participé à divers événements dans le village, notamment en chantant pour l'illumination de l'arbre de Noël et en servant la messe en français à l'église catholique Saint-Joseph le travailleur.
« C'était très important pour la communauté de voir ces jeunes gens parler français, a déclaré Blanchard. Beaucoup de personnes âgées sont venues à la messe parce qu’ils se rappellent de l'avoir entendue en français. Ils ont jamais pensé qu'ils auraient la chance de l'entendre une autre fois. »
Les étudiants ont également participé au « Fais-Do-Do », un événement musical et culinaire organisé par Les Amis du Français de Pierre Part, une organisation à but non lucratif qui vise à protéger le programme d'immersion, afin de mettre en valeur le patrimoine du village pour les jeunes générations.
Christopher Templet a suivi le programme d'immersion française de 2006 à 2015, notamment parce que les membres de sa famille, en particulier du côté de son père, parlent français. À la fin du programme, il a eu le sentiment d'être véritablement bilingue. Aujourd'hui, il parle français avec sa famille et s'est fait des amis francophones à l'école.
« Le français est quelque chose que je vais garder avec moi pour toujours. Cette langue m'a permis de me sentir vraiment en contact avec les racines de mon pays d'origine. Je comprends mieux la vie au Pierre Part, la vie en général, en sachant que c'est ce que faisaient mes ancêtres. Ça m'a vraiment aidé à construire mon identité. »
Si certains étudiants en immersion ont mis fin à leur aventure avec le français après avoir terminé le programme, d'autres ont pleinement adopté la langue et l'ont intégrée à leur vie quotidienne, comme Erin Barbier, qui a fait partie de la première classe en 1991. Bien que le français ait disparu de sa vie pendant un certain nombre d'années au cours de ses études secondaires, elle a été attirée à nouveau par cette langue en dernière année du lycée. Après avoir obtenu son diplôme, elle a continué à étudier le français à l'université.
Aujourd'hui, elle est coordinatrice de l'enseignement des langues du monde au sein de l'Austin Texas Independent School District et présidente sortante de l'Association des langues étrangères du Texas. Elle a ouvert deux programmes de français au Texas, qui sont toujours actifs. Son poste actuel dans l'administration lui permet de jouer un rôle plus important en aidant les étudiants qui cherchent à apprendre une deuxième langue.
« Pierre Part est un très petit village, mais le programme d'immersion en français m'a ouvert les yeux sur l'histoire de ce que cela signifiait d'être Cadien, de ce que cela signifiait d'être issu d'une famille de francophones », a déclaré Barbier.
Saint-Luc met fin à son projet d’un campus immersif, mais la fierté demeure
Le conseil d'administration de l’organisation à but non lucratif a acheté l'hôpital à Arnaudville, ce qui est des années 1960, en 2019. Après des problèmes de financement et de rénovation, il vendra le bâtiment.
Le conseil d'administration de l’organisation à but non lucratif a acheté l'hôpital à Arnaudville, ce qui est des années 1960, en 2019. Après des problèmes de financement et de rénovation, il vendra le bâtiment.
Mavis Arnaud Frugé sur le campus de Saint-Luc à Arnaudville. Will McGrew/Télé-Louisiane
Par Jonathan Olivier
Le conseil d'administration de Saint-Luc, un centre d’immersion linguistique et culturelle basé à Arnaudville, a annoncé le 17 septembre la fin du projet et la vente du bâtiment.
Saint-Luc, une organisation à but non lucratif, a acheté le bâtiment de l'hôpital général St. Luke à Arnaudville en novembre 2019 dans l'espoir de le rénover pour accueillir des cours d'immersion française. Après avoir obtenu le bâtiment, qui a été construit en 1967 et est resté inoccupé depuis 1990, les responsables de Saint-Luc ont collecté des fonds et remplacé le toit, et ont commencé à nettoyer l'intérieur du bâtiment. Au fil des ans, Mavis Arnaud Frugé, fondatrice du projet, a fait appel à des bénévoles pour organiser des ateliers et des cours.
Malgré des progrès, il est devenu de plus en plus évident que les coûts d'investissement importants pour mettre le bâtiment aux normes seraient insurmontables pour la petite organisation communautaire. Le conseil d'administration va faire évaluer le bâtiment et, après la vente, il remboursera les investisseurs.
Frugé, l’ancienne présidente du conseil d'administration de Saint-Luc, a travaillé sans relâche pour donner vie au projet dans sa petite ville natale. Son idée de créer le programme Saint-Luc a commencé par une session d'immersion française de cinq jours en 2005, organisée au NUNU Art and Culture Collective à Arnaudville par Amanda LaFleur, ancienne professeure de français à l'université d'État de Louisiane. Avec LaFleur, Frugé a aidé à coordonner des sorties immersives avec les francophones d’Arnaudville, des activités comme la pêche à l'écrevisse ou le kayak. Le programme a été appelé Sur Les Deux Bayous, en hommage à Arnaudville qui se trouve au confluent des bayous têche et fuselier.
Le conseil d'administration de Saint-Luc a annoncé le 17 septembre la fin du projet et la vente du bâtiment. Jonathan Olivier/Télé-Louisiane
« J'ai rencontré du vaillant monde à travers les années avec ce projet, a déclaré Frugé. Avec notre programme pilote, on avait beaucoup d’étudiants et d’écoles qui sont venus apprendre le français et découvrir notre culture. »
En 2008, Frugé et le fondateur de NUNU, George Marks, avaient élaboré un plan pour acheter le bâtiment vacant de l'hôpital et le transformer en un programme d'immersion française, le premier du genre dans le pays, en s'appuyant sur ce qu'ils avaient déjà établi et en s'inspirant de la structure du programme de l'Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse.
LaFleur, qui a récemment occupé le poste de présidente du conseil d'administration de Saint-Luc, a déclaré que le projet Saint-Luc n'a jamais été un bâtiment, mais plutôt une communauté avec Frugé en son centre.
« Ceux qui ont participé aux activités organisées par Mavis et son armée de bénévoles— les tables françaises, les programmes d’immersion, les ateliers, les cours de langue et d’artisanat, des rencontres interculturelles, des soirées de cartes et des soirées de poésie—constituent une communauté dévouée à cette cause. Mavis, avec son enthousiasme et sa générosité, nous a invités tous à voir d’une nouvelle perspective le bijou qui est la Louisiane française. Et on constate définitivement par le grand nombre de monde qui revient encore et encore vers Arnaudville que ce projet réussit. »